2013 va s’achever dans quelques heures. Millésime au cours duquel on fêta bon nombre de personnalités musicales : Britten né en 1913; Verdi et Wagner cent ans plus tôt, l’année où s’éteignit Grétry. On se balada donc toute cette année avec délice entre les notes.
Mais l’on se promena également dans de somptueux jardins puisqu’André Le Nôtre, le génie de la perspective, naquit en 1613. Au fil des nombreux documentaires proposés, on a redécouvert Les Tuileries, Vaux-le Vicomte, Versailles… Tout comme Grétry, Le Nôtre eut le flair pour esquiver les dangers de son temps et de la Cour, il ne ne fut notamment jamais inquiété pour sa participation à la création de Vaux-le Vicomte alors que son commanditaire croupissait dans les prisons royales.
Quoi qu’on en pense, la vie d’un créateur de jardins n’est pas un long fleuve tranquille ni même une pluie légère de fontaine. Elle a ses aléas, ses coups du sort, ses succès comme celle de tout être humain. N’empêche en tant qu’artiste, le jardinier est enclin sans aucun doute à la beauté, à la passion, à l’amour.
Les nombreux documentaires retransmis sur les chaînes de télévision pour saluer le Créateur des jardins à la française m’ont incitée à relire Longtemps d’Érik Orsenna, un de mes livres préférés de cet auteur.
Je me suis redélectée des aventures de Gabriel, un homme à la lourde hérédité amoureuse puisque son père avait deux maîtresses, deux soeurs… Ces deux soeurs lui ayant survécu, elles vont prendre en main la destinée de Gabriel, tombé raide amoureux d’une belle inconnue aperçue dans la galerie de l’Évolution du Jardin des Plantes un soir de 1er janvier… En parfaites expertes, elles vont lui enseigner les joies de l’adultère, le piment amoureux, les délices sexuels, tout ce qui est nécessaire pour qu’une relation dure longtemps et devienne un sentiment… Elles lui prodigueront ces conseils sans complexe, à voix haute dans le salon de thé de la rue de Rivoli qui leur sert de Q.G… Ainsi Gabriel et sa belle entretiendront leur amour avec flamme et humour dans les plus beaux jardins du monde. Ah oui, car j’ai oublié de vous dire que Gabriel est créateur de jardins, qu’il a une agence à Versailles, « La Quintinie ».
La Quintinie, l’autre grand homme des jardins de Versailles (et auparavant de Vaux-le Vicomte!) est le le créateur du Potager du Roi. Vont y croître les plus beaux fruits et légumes de l’époque, ceux notamment « exotiques » ramenés lors des Grandes Découvertes du siècle précédent.
La Quintinie est mis en scène dans un autre livre que je vous recommande. On n’est pas au même degré d’écriture qu’avec Orsenna. Le propos ici, à l’occasion d’une petite intrigue policière autour de crimes perpétrés à propos de melons, fruits adorés de Louis XIV, est de nous faire découvrir les coutumes gastronomiques de cette époque. La Quintinie apparaît donc ici avec tout son génie, alors que Le Nôtre reste dans l’ombre. On y apprend les mystères de l’Orangerie et du Jardin des Plantes, les échanges entre la France, la Hollande et l’Angleterre, les grandes nations horticoles de l’époque.
Ce livre est le quatrième tome des aventures de la famille Savoisy. Il est complété par un carnet de recettes de l’époque tout comme celui que je vous avais présenté précédemment (Meurtres à la Pomme d’Or, une histoire au temps de la découverte de la tomate).
http://www.potager-du-roi.fr/site/pot_histoire/index.htm
Pour en revenir à Érik Orsenna, il est Président de l’École du Paysage de Versailles sise au Potager du Roi et a également écrit une très belle biographie d’ André Le Nôtre.
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Avec ce facétieux Érik, la boucle est bouclée, comme cette année 2013 qui me valut bien des peines mais aussi quelques joies renaissantes que je me plais à cultiver dans mon petit jardin à moi.
Bonne année 2014 à vous tous, mes chers lecteurs!