Nouvelle petite lecture partagée, bonne découverte !
Cher Eugène
Vous avez débarqué « au milieu du peuple le plus étrange » et vous ne savez où donner de la tête. Le temps vous a semblé étroit, insuffisant pour tout voir, tout sentir, tout comprendre. Vous avez été étourdi par l’air, le ciel, les pierres, les êtres. Sur vos yeux, longtemps un voile avait été posé, une sorte de retenue dans le regard, une habitude que rien ne venait déranger (…) Ce fut en sortant de vos habitudes, en suivant votre instinct de curiosité, en voyageant, que vous vous êtes rendu à vous-même, et que vous nous avez donné le meilleur de votre œuvre. (…)
Je vous imagine en ce début d’année 1832, jeune homme élégant et réservé, quitter votre atelier de la rue des Fossés-Saint-Germain, laissant derrière vous une lumière retenue, empêchée par un ciel gris et bas d’éclater, une lumière brève et faible à laquelle les Parisiens finissent par s’habituer. Vous sortez de ce quartier et vous vous trouvez, quelques jours après, inondé par une lumière si vive, si pleine et même brutale que vous subissez un choc. Il n’y a pas que cette clarté envahissante, il y a la nature, les couleurs et les parfums de l’herbe, des arbres, des fleurs, de la mer. Vous êtes à la fois en Méditerranée et face à l’océan Atlantique. Le ciel est haut. L’azur passe par plusieurs bleus. L’horizon est net, la population est vivante, je veux dire tumultueuse, gaie, différente de celle de votre pays. Vous êtes ailleurs, vous avez franchi la frontière de l’imaginaire. Tout cela vous étonne et va vous habiter. Ce qui se révèle à vous, ce n’est pas uniquement un pays étranger à votre culture, c’est un monde neuf et en même temps proche de ce que vous aimez dans l’Antiquité. Vous avez tout de suite écrit, noté, dessiné ce que vous voyez. Vous avez eu la prudence et l’intelligence de ne pas poser votre chevalet dans la rue, à la campagne, face à des paysans qui n’ont jamais vu de leur vie un peintre. Vous avez pris des notes et ce qui est remarquable, c’est que la pudeur vous a imposé une grande rapidité. Rien ne devait vous échapper, pas seulement les détails de ce que vous peindrez plus tard, mais aussi l’état d’esprit, l’état d’âme de ce peuple que vous découvrez.
Tahar BEN JELLOUN, Lettre à Delacroix
Tahar Ben Jelloun, immense écrivain, également peintre (toiles et vitraux)…
À demain, les amis!
La Lumière est la vie , elle donne du sens à l’homme , et est primordiale pour la faune et la flore .
De tous les temps , les hommes se sont tournées vers elle suivant les saisons et les époques . Déjà en Egypte antique , le peuple attendait le lever héliaque de Sirius ( l’étoile la plus brillante après le soleil) annonciateur des crues du Nil ( en été vers 20 juillet ) , indispensable à la vie….
Voir le soleil pointer son nez , voir les ombres s’estomper progressivement , sentir la température monter , c’est s’ouvrir au jour naissant pour se baigner dans sa lumière bienfaitrice et s’y imprégner totalement .
Les peintres nous ont offert de sublimes tableaux avec de magnifiques jeux de lumière tout comme les photographes composant avec les différentes nuances entre le blanc et le noir .
Il y a tant à dire sur ce sujet mais je voudrais tout simplement rendre hommage ici à » La Lumière » : une Œuvre Royale pour Aveugles et Malvoyants qui leur offre une multitude de services..
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