Non, vous ne rêvez pas, il y en a qui vont vivre tout cela en une seule soirée!!!!
Première étape : le Metropolitan Museum of New York à Central Park, chouette !
Deuxième étape : l’aile des antiquités égyptiennes, ooooohhh!
troisième étape : le Grace Rainey Rogers auditorium, salle de concert au sein du musée, aile égyptienne…
Elles se posent, elles s’asseyent, elles écoutent, elles viennent du Québec pour ça…
Ce post, juste pour leur dire que toutes mes pensées les plus douces les accompagnent.
Chère Dominique, que l’amatrice d’art émérite que tu es se régale de ce concert dans un tel lieu. Et toi, Aline l’éternelle voyageuse, que ce voyage en symbiose mère-fille te comble. Profitez bien, comme on dit à Liège!
Pour ses 20 ans, la Folle Journée de Nantes a consacré tout son festival à la musique américaine. D’Olivier Messiaen dont une oeuvre donna le titre du festival jusqu’à Leonard Bernstein et John Adams en passant par tous les musiciens européens qui trouvèrent refuge et fortune au Nouveau Monde.
À cette occasion, lors d’une interview à l’émission Entrée Libre, la soprano américaine Barbara Hendricks a confié sa joie de chanter pour l’occasion du blues.
Mais elle s’est aussi laissé aller à un hommage aux chanteuses d’opéra noires. Elle a ainsi mis en exergue la première d’entre elles, Leontyne Price. La déesse noire qui quitta très vite « le rôle » de Porgy and Bess pour aborder tout le répertoire de l’opéra avec son exceptionnelle voix de soprano dramatique.
Je vous avoue avoir été surprise et ravie de cet hommage. La roue tourne, et tant mieux, dans le monde de l’opéra, ce qui prouve sa vitalité mais il y a des voix d’hier qui méritent d’être connues par les jeunes générations. D’autant que l’histoire de Leontyne n’est pas banale, ce qui amena d’ailleurs Barbara Hendrickx à la rappeler à notre souvenir.
Leontyne Price est sans aucun doute la diva que j’ai adorée dans ma jeunesse (avec Monserrat Caballé). Mon adoration est intacte alors qu’elle vient de fêter son 87ème anniversaire ce 10 février. Elle fut une incroyable interprète qui aborda absolument tous les répertoires : de Haëndel à Samuel Barber, avec une prédilection pour Verdi et Puccini. Elle débuta sa carrière aux États-Unis alors que l’apartheid était encore très virulent. Voici ce que raconte Rudolf Bing lors d’une des tournées d’été du Metropolitan Opera :
« La question raciale, les premières années de la tournée, n’était pas une plaisanterie ; et autant j’aimais le charme d’Atlanta, autant je détestais les préjugés du Sud. Un des pires moments de ma vie fut, alors que je descendais dans ma première gare du Sud, de voir les toilettes séparées, l’une pour les « blancs » l’autre pour « les gens de couleur ». Lorsque nous introduisîmes un opéra avec Leontyne Price comme vedette dans notre saison d’Atlanta, je mis un point d’honneur à inviter Melle Price à dîner avec moi à mon hôtel le soir de notre arrivée et quand nous pénétrâmes dans le restaurant, il y eut un brusque silence qui me fit grand plaisir. »
Sir Rudolf Bing, 5000 nuits à l’opéra, Robert Laffont
(un superbe témoignage également sur la fondation de Glyndebourne, un livre passionnant!)
Elle connut des générations de chefs et des générations de ténors et de barytons: Richard Tucker, Franco Corelli, Plácido Domingo, Luciano Pavarotti, Leonard Warren, Sherrill Milnes. Vous pourrez trouver sur Internet bien des interprétations de Leontyne Price. Lesquelles choisir?
Je vous propose un extrait du Requiem de Verdi, enregistré en 1967 à la Scala de Milan et dirigé par Herbert von Karajan. Bouleversant.
Et ensuite un bis d’un concert en 1976, Puccini cette fois, un document amateur … Vous serez conquis (enfin, je l’espère).
Pour ma part, je chéris deux intégrales des années 70 (celles de ma jeunesse…) : Il Trovatore et Tosca dirigées par Zubin Mehta.
Et puis ce disque dans lequel Domingo et Price interprètent quelques grands duos électrifiants, et notamment celui d’Otello où Otello est blanc et Desdemona est noire… (la pochette du disque et une photo d’aujourd’hui)
Oh que je suis frustrée ! j’aurais voulu vous présenter encore tant de témoignages de l’art de cette cantatrice (il y a notamment des Mozart à tomber par terre et quelques Wagner étonnants, des Richard Strauss somptueux – les quatre derniers lieder notamment bien loin de la voix pointue et précieuse de Schwarzkopf). Mon plus grand plaisir serait que vous partiez à la découverte de toutes les merveilles qu’elle nous laisse en témoignage.
Et puisque l’actualité de l’Opéra de Wallonie va être Aida, je vous propose d’entendre la déesse noire dans son rôle fétiche.
Leontyne Price ouvrit ainsi la voie (et la voix) à Grace Bumbry, Shirley Verrett, Jessye Norman, ou encore Kathleen Battle, et bien évidemment Barbara Hendrickx. C’est ainsi que le noir nous enchante à jamais!
Un grand soir ce samedi, je vais découvrir un opéra : Rusalka de Dvorak, en direct du Metropolitan de New York. Jamais vu, jamais entendu sauf évidemment l’air à la lune immortalisé par la grande cantatrice d’origine tchèque Renée Fleming.
Ce n’est pas faute d’aimer ce compositeur! Je nous revois encore il y a plus de vingt ans sur le pont Charles à Prague, au dessus de la Moldau, savourant le paysage avec une pensée émue pour Smetana, Mozart et Dvorak…
Que je découvre Rusalka depuis l’Amérique est tout un symbole puisque Dvorak fut un de ces compositeurs qui firent fortune au Nouveau Monde. Il y fut le directeur du conservatoire de New York, mais surtout pour nous, il fut inspiré par ce pays et nous légua ainsi le merveilleux quatuor américain et la symphonie du Nouveau Monde, sa composition sans doute la plus populaire.
Oeuvre rutilante pour l’orchestre, il en existe des centaines de versions enregistrées mais j’ai toujours gardé en mémoire une interprétation entendue il y a bien des années à l’émission Notturno de la RTBF3 (à l’époque) drigée par Vaclav Neumann.
Petite diversion dans ce post mais vous allez comprendre pourquoi.
J’ai été le témoin par deux fois de la grande peine de mon amie, directrice du festival de Wallonie de Stavelot, lors de l’annonce de la disparition de musiciens. La première fois, ce fut lors d’une pause de midi à l’école quand on lui annonça la mort de son grand ami Arthur Grumiaux ; la seconde fois, ce fut quelques semaines avant l’ouverture du festival de 1994 où ils devaient se produire : le suicide des deux pianistes du duo Crommelynck. Plaie encore mal refermée car il suffit d’évoquer leur nom lors d’un concert à l’Abbaye pour que tout le monde se sente toujours bouleversé.
Bien que ne les ayant jamais entendus en concert, j’apprécie beaucoup le travail de ce couple spécialisé dans le piano à quatre mains, notamment dans les transcriptions pour piano de symphonies et autres oeuvres orchestrales. J’adore les transcriptions, et les leurs tout particulièrement, puisque ce sont celles de La mer de Debussy, de Brahms, de Tchaikovsky et… la symphonie du Nouveau Monde de Dvorak. Nous y revoilà !
Je vous en propose le 3ème mouvement.
Richesse des harmoniques (on a l’impression d’entendre l’orchestre), virtuosité, passion complice qui n’empêchent en rien la poésie. Vous avez aimé? Voici la symphonie complète.
Si vous ne connaissiez pas ces deux pianistes, voici des liens pour partir à la découverte de leur testament musical et je suis sûre que vous allez les adorer.
Et dans cet état, chers lecteurs, je n’ai plus trop d’inspiration. Pas une classe récalcitrante mais quatre qui ont du yaourt à la place du cerveau. Prise de tête totale pour eux et pour moi, surtout! Besoin d’une pause, calmos… Mais je vais renaître de mes cendres ! Attendez-moi ! Nouveautempolibero, le retour dès ce week-end !
« En avril 1956, je pris part à un concours de piano à Naples. J’y avais été envoyé par Carlo Zecchi, j’avais obtenu un diplôme après avoir suivi ses cours de piano à l’Académie Sainte-Cécile de Rome. L’été suivant, je m’inscrivis à ses cours de direction à Sienne. Je l’avais rencontré à Salzbourg, où j’avais joué pour lui. Il s’était montré extrêmement aimable, et m’avait encouragé à poursuivre mes études de direction d’orchestre. Ses cours marquèrent le début de mon amitié avec deux de ses élèves: Claudio Abbado et Zubin Mehta, qui étaient dans la même classe que moi. il y a une affiche dans le foyer des musiciens de la Philharmonie de Berlin. c’est moi qui en ai fait cadeau à l’orchestre. je l’ai trouvée dans l’ancienne maison de mes parents. il s’agit de l’affiche du premier concert de cet été 1956, où nous dirigions tous les trois! Claudio et Zubin ont, respectivement dix et six ans de plus que moi ; pourtant nous nous entendions à merveille pour nous adonner ensemble à toutes sortes de gamineries. »
Daniel Barenboim, Une vie en musique
(Claudio avait 24 ans, Zubin 20 ans et Dany 14 ans… quelle brochette! )
C’est lorsqu’un de ses musiciens disparaît que l’on mesure l’attachement d’un peuple à la musique et on peut dire que Milan n’a pas failli à sa réputation. Lundi dernier dans la nuit froide, une foule immense a rendu hommage à Claudio Abbado sur la place Giuseppe Verdi, face au Teatro alla Scala, toutes portes ouvertes et salle vide avec sur la scène, l’orchestre et Daniel Barenboim jouant la marche funèbre de la 3ème symphonie de Beethoven.
Témoignage enregistré par la RAI dans des conditions un rien étonnantes ! Le son sur la place est inexistant, celui de l’intérieur du théâtre ne nous parvient distinctement qu’à partir de 3m50 environ. Mais l’émotion est palpable… jugez par vous-mêmes.
Sans aucun doute un hommage populaire et fervent qui aurait plu au maestro qui, dans ses années milanaises notamment, s’est tellement battu pour l’accès à la culture. Glorieuses années de combat avec Giorgio Strehler sur fond de Brigades rouges, d’attentats et d’assassinats.