C’était vendredi soir lors d’une très belle représentation de La Forza del Destino à l’Opéra Royal de Wallonie. Début du deuxième acte et ce merveilleux solo de clarinette symbolisant la rêverie d’Alvaro, l’orchestre sous la direction de Paolo Arrivabeni fait des merveilles, j’ai en face de moi le clarinettiste qui joue avec grand talent et belle expressivité et puis… une symphonie de toussements, de râclements de gorge, de toux véritables et autres bruits incongrus de papiers de bonbons qu’on déballe du rez-de-chaussée jusqu’à l’amphithéâtre. Comme une traînée de poudre, une chaîne sans fin, un relais des uns et des autres. Row di dju comme on dit en wallon, toute la poésie si bien exprimée envolée au son de ces catarrhes irrévérencieux… mais quand le chanteur arrive, enchantement : plus un bruit… Cher public, quel irrespect pour l’instrumentiste, j’en ai eu honte. Heureusement que le maestro au moment des applaudissements l’a distingué en le faisant se lever, l’a longuement félicité… Ce n’était que justice mais ne rachetait pas à mes yeux et à mes oreilles l’odieuse attitude de certains.
Alors voici ce merveilleux solo que je vous propose d’écouter en ayant quelque gratitude envers ce talentueux instrumentiste maltraité par des malotrus liégeois!
Deux jours de soleil et de chaleur et hop, plus belle la vie !
Sans vouloir plomber l’ambiance, l’ennui c’est que dans nos contrées du nord, ça ne dure jamais longtemps avant la mi-mai et ses saints de glace, et même après…
Quand bien même, on a au bord des yeux les ocres de Roussillon, les éclats de Burano, les merveilles de Montréal. Il y a environ un an (encore le temps de l’insouciance), je vous avais proposé un petit quizz sur le sujet.
Même si 11 mois après le coeur et le corps ont pris bien des coups et subi bien des peines, l’appel de la couleur est là avec dans les oreilles la chanson éternelle de Nino Ferrer, mes 20 ans….
Alors dites-moi les amis, ces trois photos (qui ne sont pas de mon fait), vous les situeriez où??? Trois vues pour un même endroit ! Lequel? Les enchères sont ouvertes, faisons-nous voyager!
29/04: la réponse est dans le dernier commentaire!
Merci, Julie! Dans une émission de « Fourchettes et sac à dos » que je viens de voir sur PLUGRTL ce mardi après-midi (coincidence?), Julie Andrieu nous fait découvrir deux fermiers norvégiens. Loin des invectives et des outrances de la politique française, un cadeau pour tous mes amis qui se sentent concernés par le simple bonheur des autres.
P.S. (sic): en plus quel endroit de rêve, quelles images!
Une matinée dominicale paisible comme je n’en ai plus connue depuis longtemps, les mains dans la mousse de la vaisselle et ma petite radio calée sur Musiq3 avec un charmant compagnon: Alexandre Tharaud.
Alexandre, j’ai fait sa connaissance avec ce fabuleux disque de Rameau.
Il est l’invité dans ce week-end parisien de Musiq3 et me ravit puisqu’il commence sa balade dans son quartier de naissance, un quartier que j’adore, coincé entre la rue Lafayette et le boulevard des Italiens. La cité Bergère, quand je vais à Garnier, je loge volontiers dans un joli petit hôtel situé juste devant chez Chartier. Et quand je loge ailleurs dans Paris ou que je suis juste de passage pour une journée, il m’arrive de remonter vers la gare du Nord à pied pour le seul plaisir de traverser ce quartier. Les passages, les Folies-Bergère, la rue Bleue, la rue Cadet, quelles merveilles! Alexandre fait mention d’une librairie où j’ai fini par dénicher la biographie de Franco Zeffirelli (Portrait d’un homme du siècle), l’hôtel Chopin, le musée Grévin, l’hôtel Drouot… et au détour de l’émission, il me fait découvrir une merveilleuse chanson de Barbara. Vous l’entendrez interprétée par Barbara elle-même dans le podcast, la voici par Marie-Paule Belle, émotion…
Alexandre nous parle aussi de l’aventure du Boeuf sur le toit. Ces années 20, la vie retrouvée après l’atroce 1ère guerre, le tourbillon culturel, le jazz…
Un merveilleux moment, le temps suspendu, un musicien simple et subtil tout à la fois, érudit sans pédanterie, que j’ai envie de redécouvrir ! L’adresse du podcast, n’hésitez pas à l’écouter, vous allez passer un moment divin, délectable !
Je ne suis pas une wagnérienne de la première heure, convaincue pure et dure, malgré une famille acquise à la cause. J’ai apprivoisé Wagner, ou peut-être m’a-t-il apprivoisée, par des voix étonnantes qui l’interprétaient. Des barytons comme Theo Adam et Thomas Stewart, et des ténors comme Jon Vickers, son Siegmund m’a ralliée à Die Walküre. Plácido Domingo ensuite dans la même oeuvre et dans Parsifal, deux rôles où je le trouve admirable par l’alliance du bel canto et de l’expressivité dramatique propre à Wagner, l’avoir vu sur scène dans ces deux rôles, quels moments!
La nouvelle coqueluche s’appelle Jonas Kaufmann et franchement, je n’y trouve rien à redire sauf qu’il cancelled un peu trop souvent. Quand on a fait l’effort financier d’aller l’écouter et qu’il fait faux bon plus que de raison, ça fait mal et ça sent un peu le roussi comme du temps de la Caballé, ceux de ma génération comprendront.
Mais pour ce qui nous occupe aujourd’hui, pas de souci, il est là et bien là sur un CD somptueux. Je l’ai découvert sur Musiq3 avec éblouissement. Dommage qu’il n’y ait pas un peu de Parsifal mais bon, Parsifal on sait quand ça commence et pas toujours quand ça finit… L’intégrale ou le DVD du Met nous ravira.
Le plus étonnant dans ce CD et qui me l’a fait acheter, ce sont les Wesendonck Lieder. Andrea Bocelli(!) et Plácido Domingo avaient déjà enregistré Der Engel avec succès, ici nous avons le cycle complet interprété par une voix d’homme. Étonnant comme d’ailleurs en son temps Las sietes canciones populares espanolas de De Falla interprétées par José Carreras (sublime mais introuvable aujourd’hui).
Kaufmann est fascinant. Il a tout. Il est beau, joue bien, a une voix au timbre reconnaissable (un must pour moi qui déteste les voix parfaites et impersonnelles), des répertoires français (Werther!), italien (Tosca!), allemand qui ne lui résistent pas. À quand un Hermann de la Dame de Pique?
Écoutez, laissez-vous aller, c’est du Wagner, c’est beau et c’est étrange ! Bonne écoute à tous!
Mon mari, mon compagnon de 35 ans de vie, s’est éteint il y a dix jours d’une longue et pénible maladie, comme on dit pudiquement.
Longue : pas vraiment puisque le crabe a fait son oeuvre en moins de six mois. Pénible : bien sûr car très vite il devint évident qu’il n’y avait aucune guérison possible.
Alors nous avons décidé de vivre ces dernières semaines, ces derniers mois heureux, solidaires et apaisés. Ce n’était pas gagné. Malgré l’amour et la tendresse, il a fallu face à la maladie faire du chemin l’un vers l’autre.
Moi tout d’abord. Mon homme s’inquiétait de ma réaction face à cette épreuve, il me l’a avoué quelques jours avant de mourir. Il savait que je détestais viscéralement et intellectuellement l’état de maladie et ses contraintes et conséquences. Être malade et se plaindre m’avait toujours semblé inélégant et irrespectueux vis-à-vis des autres, un sentiment qui me venait sans aucun doute d’un père hypocondriaque et adepte de l’auto-médication abusive, mais surtout du fait que je ne suis personnellement jamais malade et n’ai jamais été hospitalisée (grande chance, je sais, qu’elle dure encore longtemps!). Les circonstances, l’amour et l’admiration pour lui m’ont permis de trouver des ressources insoupçonnées, je me suis petit à petit métamorphosée en garde-malade 24h/24h pendant ses soins palliatifs à la maison. Quand on veut, on peut…
Lui ensuite. C’était un homme aux réactions passionnées, souvent excessives, parfois inattendues… Comme tout cancéreux, il est passé par les trois stades émotionnels habituels. Quand il en est arrivé à l’acceptation, lui aussi s’est métamorphosé en un homme lucide, serein et apaisé, ne pleurant jamais sur le sort injuste qui le condamnait mais seulement sur la peine de quitter ceux qu’il aimait. Cette « soupe au lait » a ainsi forcé le respect de tous ses proches. Tout qui lui téléphonait était accueilli d’une voix joviale et enjouée, jusqu’au bout.
Aussi aujourd’hui malgré la peine, je me sens heureuse et légère car nous avons réalisé, lui et moi, ce que nous nous étions promis.
Quels soutiens avons-nous reçus !
Son fils Thierry, mon beau-fils bien aimé. En vrai Delfosse, les relations avec son père furent souvent rugueuses mais l’amour, l’immense amour partagé n’était jamais loin, toujours prompt à déferler et réchauffer leurs coeurs. Quel réconfort !
Facétieux François qui l’accompagna philosophiquement et fit un éloge funèbre tellement émouvant avec le clin d’oeil au bord des yeux, comme il sait si bien le faire.
Bouleversant Stéphane qui, si j’ai bien compris, lui avait proposé de le soulager à jamais.
Tous les voisins, amis et connaissances virtuelles qui nous ont entourés de leur affection. Un petit bonjour en passant devant la fenêtre près de laquelle se trouvait son lit, une visite à la maison, un coup de téléphone, un courriel, chacune de ces marques d’amitié nous réjouissait le coeur.
Et puis toute ma gratitude personnelle à Dominique, notre cousine du lointain Québec dont la voix enjouée et le rire au téléphone ont ensoleillé mes jours, et à Barbara, « sa Louloutte chérie », qui l’a bichonné jusqu’aux derniers instants, toutes deux nous ont soutenus à bout de bras et d’amour.
Pour lui : Mozart dont il partageait les convictions philosophiques, le violon dont l’amour lui venait de sa grand-mère italienne, un adagio réconfortant comme un verre de Châteauneuf-du-Pape qu’il appréciait tant.