Pour vous, tous mes lecteurs et amis qui ne fréquentez pas Facebook, une merveille (parmi mille autres) offerte par Nathalie Stuzmann et son orchestre Orfeo 55. Dimanche de Pâques, les rues sont désertes et ceux qui ont la chance d’être en famille courent après les oeufs. En fin de journée quand les petits seront au lit ou repartis, avec un bon rhum, un bon cognac ou un bon Macvin à la main et un morceau de chocolat, savourez ce moment de grâce dû au génie du grand Jean-Sébastien !
Comme on se sent bien en écoutant cette musique sublime et cette voix unique de contralto de Nathalie, chef d’orchestre également… Ô temps, suspends ton vol !
Même si l’on n’est pas croyant, le Vendredi Saint est un de ces jours qui incitent à écouter une musique inspirée. Puisque nous célébrons l’année Verdi (200ème anniversaire de sa naissance), je vous propose un extrait de son Requiem. Composé à l’occasion de la mort du poète Manzoni, c’est une oeuvre d’une puissance émotionnelle renversante. Passez les préjugés des snobs qui du bout des lèvres vous affirment que « c’est grandiloquent comme de l’opéra » et laissez-vous émouvoir par la grandeur humaine déployée ici par le compositeur. Tous les grands chefs ont enregistré cette oeuvre sublime et souvent très bien, avec des distributions hors-pair.
Ma préférence va à une version de Claudio Abbado avec l’orchestre et les choeurs de la Scala de Milan et Katia Ricciarelli, Shirley Verrett, Plácido Domingo et Nicolaï Ghiaurov (DG – éditée en CD mais jamais remasterisée hélas). Très italienne dans sa profondeur, sans expressivité déplacée avec des interprètes de rêve.
Celle que je vous propose n’est pas moins impressionnante. Karajan adorait cette oeuvre (il l’a enregistrée au disque au moins cinq fois) et l’interprète ici en concert avec les Wiener Philharmoniker, Anna Tomowa-Sintow, Agnès Baltsa, José Carreras et José Van Dam. Moment intense: le Lacrymosa.
On trouve sans difficulté sur YouTube la version complète. Et si vous désirez acheter ou emprunter les CD (ou DVD), il n’y a que l’embarras du choix: en plus de Karajan et Abbado déja cités, vous trouverez Bernstein, Solti, Muti (venu le diriger à Liège il n’y a pas si longtemps), Pappano et bien d’autres.
L’an dernier à la même époque, je vous avais proposé Wagner et Brahms !
Faire petit-déjeuner ses filles sur le tombeau de leur père au fond d’une crypte lugubre et permettre à Toinette et à Marie-Caroline de jouer à la marelle entre les tombes, quelle éducation, chère Marie-Thérèse ! D’autant que ces deux demoiselles vont devenir reines: l’une en France, l’autre à Naples.
Elles resteront très liées : Marie-Antoinette trouvant en Marie-Caroline la seule confidente de ses déboires conjugaux et Marie-Caroline appelant à l’aide sa soeur dans une grande opération de reconquête industrielle. Un homme les lie : Anselme Masson, porcelainier de la manufacture de Sèvres.
En effet, nous sommes dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, époque où la porcelaine à pâte dure ou tendre est un produit stratégique. Le roi Charles III rentrant en Espagne a délocalisé les manufactures de porcelaine napolitaines à Buen Retiro, en Espagne. Devenue reine du royaume de Naples et des Deux Siciles, Marie-Caroline veut relancer, malgré l’embargo du roi d’Espagne, cette production. Chargé de cette mission par la dauphine de France, Anselme va tenter de l’aider au péril de sa vie et de celles de ses compagnons car les ennemis européens de cette initiative ne reculeront devant rien. Les deux reines n’y tiendront pas non plus leurs promesses… Cette première partie du livre nous plonge dans une Naples bouillonnante mais aussi dans l’éblouissement des premières fouilles à Herculanum et Pompéi.
Plus tard, Anselme trouve refuge à Rome alors qu’un conclave s’organise. On vit alors ce moment de l’intérieur, à l’ancienne. Et il y est aussi question de poison…
De retour en France, Anselme, homme des Lumières et franc-maçon, redécouvre Marie-Antoinette en reine. Il avait quitté une jeune femme intelligente et à l’esprit très ouvert, maintenant il la retrouve sombrant petit à petit dans des frivolités somptuaires dictées par ses courtisans et inspirées par son malheur matrimonial. La colère du peuple enfle de plus en plus devant ces dépenses et ce train de vie délirants. C’est l’époque des Philosophes : Anselme côtoie l’ami Diderot, nous parle de Voltaire l’exilé et de Rousseau déjà en retraite à Ermenonville. Dans ce contexte, les femmes se découvrent aussi bien des talents et des envies d’exister intellectuellement. Et puis on croise également Benjamin Franklin incitant Louis XVI à envoyer un corps expéditionnaire en Amérique…
Comme ce très beau roman de Jean-Pierre Desprat entre en résonance avec notre époque : époque charnière dramatique, bouillonnante, inspirante, presque déjà romantique. Ce livre fait partie d’une trilogie : Bleu de Sèvres, Jaune de Naples et Rouge de Paris (non encore édité) mais il peut se lire « seul », ce que j’ai fait, étant attirée par son titre. Récit très intelligent, très instructif aussi – parfois un peu ralenti par les explications techniques à la manière de Jules Verne – mais comme le dit si bien Daniel Pennac, on a la liberté de les passer… et ainsi de poursuivre un récit « à la Dumas »!
Le style est élégant mais sans pédanterie, la langue contemporaine, sans difficulté aucune. Alors bonne lecture à tous !
Ces deux-là me font beaucoup rire, et je ne dois pas être la seule ! Jamais méchants ni grinçants vis-à-vis des autres, ils fêtent leur vingt ans de carrière avec une tournée francophone. En plus, ils initient ce week-end nos petits à la musique classique dans la série « L’Orchestre à la portée des enfants ». Tout pour me plaire…
Un petit entraînement pour vos zygomatiques en ce week-end grisouille !
Oui, vous connaissez tous cette superbe chanson d’Yves Duteil qui parle si bien du merveilleux métissage de notre langue française.
« Et de l’île d’Orléans jusqu’à la contrescarpe… »
De l’île d’Orléans, je découvre chaque jour les beautés linguistiques grâce à ma cousine Dominique de Saint-Lazare dont vous pouvez lire sur ce blog les commentaires savoureux. J’aime quand elle me parle d’une terrible poudrerie (de neige), quand elle se déclare bien niaiseuse, puis qu’elle compte s’épivarder à Québec avec son homme…
La contrescarpe ! Rien de tel que le beau Mômo Chevalier, éternel Parigot au canotier, pour nous faire une vraie leçon d’argot…
Vous voulez vous délecter des paroles?
Appelez ça comme vous voulez (Jean Boyer, Georges Van Parys)
Ah, plaignez les vrais Parigots Ceux de Belleville et d’ la Villette Ils sont victimes des gens honnêtes Les gens honnêtes sont des salauds
Ils nous avaient pris déjà Notre belote et notre java Avouez qu’ nous n’ sommes pas verjots V’là maintenant qu’ils nous chipent notre argot Dans toutes les classes de la société La langue verte est adoptée Chacun en douce fait à sa manière Son petit vocabulaire
Vous gênez pas, y a du choix dans les mots Un lit, un plume, un pucier, un pajot Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous Pourvu qu’ dedans j’y trouve ma poule Ma régulière, ma gonzesse, ma houri Ma musaraigne, ma ménesse, ma souris Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous Pourvu qu’ le p’tit homme ait d’ gros sous-sous
Du blé, du fric, de l’aubert, de la braise Des picaillons, du flouze ou bien du pèze Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous Pourvu qu’ j’en aie toujours plein les poches Plein les profondes, les fouilles et le morlingue Pour que mézigue ait d’ badours petites fringues Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous Tout c’ que j’ veux, c’est d’avoir malgré tout
Des chouettes tatanes et d’ bath petits costards Pour jouer au marle, au dur, au malabar Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous Pourvu qu’au bistrot je prenne un verre Un glass, un drink, un godet ou un pot Avec les mecs, les aminches, les poteaux Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous Tout c’ que j’ veux, c’est d’ pas sucer des clous
Briffer, becqueter, s’empiffrer le cornet Se cogner l’ tronc, s’en mettre plein les trous d’ nez Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous Je m’ débine car c’est l’heure de la croûte Trisser, calter, se barrer en lousdoc Carguer la voile et hisser le grand foc Appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous Tout c’ que j’ veux, c’est d’ bien me taper l’ chou
Gueuler, piauler, discuter le bout d’ gras Ramener sa fraise, en vendre un remettre ça Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous Tout c’ que j’ veux, c’est d’ pas m’esquinter l’ chose Le vase, le prose, le figne, le coquillard À faire le schnock, le cave, le zigomar Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous J’ suis pompé, groggy et tout et tout.
Chanson redécouverte lors de la soirée sur France 2 consacrée à Aznavour samedi dernier. Le code embed est bloqué, donc cliquez sur ce lien pour admirer Charles dans ses oeuvres !
Faites dérouler un peu la page pour atteindre les images – d’autres extraits de l’émission à droite. Bon amusement !