Mon mari, mon compagnon de 35 ans de vie, s’est éteint il y a dix jours d’une longue et pénible maladie, comme on dit pudiquement.
Longue : pas vraiment puisque le crabe a fait son oeuvre en moins de six mois. Pénible : bien sûr car très vite il devint évident qu’il n’y avait aucune guérison possible.
Alors nous avons décidé de vivre ces dernières semaines, ces derniers mois heureux, solidaires et apaisés. Ce n’était pas gagné. Malgré l’amour et la tendresse, il a fallu face à la maladie faire du chemin l’un vers l’autre.
Moi tout d’abord. Mon homme s’inquiétait de ma réaction face à cette épreuve, il me l’a avoué quelques jours avant de mourir. Il savait que je détestais viscéralement et intellectuellement l’état de maladie et ses contraintes et conséquences. Être malade et se plaindre m’avait toujours semblé inélégant et irrespectueux vis-à-vis des autres, un sentiment qui me venait sans aucun doute d’un père hypocondriaque et adepte de l’auto-médication abusive, mais surtout du fait que je ne suis personnellement jamais malade et n’ai jamais été hospitalisée (grande chance, je sais, qu’elle dure encore longtemps!). Les circonstances, l’amour et l’admiration pour lui m’ont permis de trouver des ressources insoupçonnées, je me suis petit à petit métamorphosée en garde-malade 24h/24h pendant ses soins palliatifs à la maison. Quand on veut, on peut…
Lui ensuite. C’était un homme aux réactions passionnées, souvent excessives, parfois inattendues… Comme tout cancéreux, il est passé par les trois stades émotionnels habituels. Quand il en est arrivé à l’acceptation, lui aussi s’est métamorphosé en un homme lucide, serein et apaisé, ne pleurant jamais sur le sort injuste qui le condamnait mais seulement sur la peine de quitter ceux qu’il aimait. Cette « soupe au lait » a ainsi forcé le respect de tous ses proches. Tout qui lui téléphonait était accueilli d’une voix joviale et enjouée, jusqu’au bout.
Aussi aujourd’hui malgré la peine, je me sens heureuse et légère car nous avons réalisé, lui et moi, ce que nous nous étions promis.
Quels soutiens avons-nous reçus !
Son fils Thierry, mon beau-fils bien aimé. En vrai Delfosse, les relations avec son père furent souvent rugueuses mais l’amour, l’immense amour partagé n’était jamais loin, toujours prompt à déferler et réchauffer leurs coeurs. Quel réconfort !
Facétieux François qui l’accompagna philosophiquement et fit un éloge funèbre tellement émouvant avec le clin d’oeil au bord des yeux, comme il sait si bien le faire.
Bouleversant Stéphane qui, si j’ai bien compris, lui avait proposé de le soulager à jamais.
Tous les voisins, amis et connaissances virtuelles qui nous ont entourés de leur affection. Un petit bonjour en passant devant la fenêtre près de laquelle se trouvait son lit, une visite à la maison, un coup de téléphone, un courriel, chacune de ces marques d’amitié nous réjouissait le coeur.
Et puis toute ma gratitude personnelle à Dominique, notre cousine du lointain Québec dont la voix enjouée et le rire au téléphone ont ensoleillé mes jours, et à Barbara, « sa Louloutte chérie », qui l’a bichonné jusqu’aux derniers instants, toutes deux nous ont soutenus à bout de bras et d’amour.
Pour lui : Mozart dont il partageait les convictions philosophiques, le violon dont l’amour lui venait de sa grand-mère italienne, un adagio réconfortant comme un verre de Châteauneuf-du-Pape qu’il appréciait tant.
À toi, mon homme!
Cet éloge magnifique, bien rond, plein de tout ce qu’il faut, me fait sourire de contentement. Car bien sur je perds quelqu’un de spécial, mais en somme je ne suis pas triste, et pour cause: Comme j’ai dit à mon homme, à mes filles,à nos amis, ce fut une malade sans plaintes vinaigrées. J’ai eu avec lui des rires francs et magnifiques jusqu’à la veille de sa mort exemplaire, ce qui n’est quand même pas commun! Je n’ai rencontré personne d’autre dans ce cas C’est le plus bel hommage que je puisse faire à celui qui m’appelait sa petite soeur.
À toi, Rita ma chère cousine, chapeau bas pour ta volonté jamais défaillante de faire toujours au mieux, pour lui, pour vous deux. Courage et obstination t’ont vraiment soutenu tout du long.
Et maintenant, nous avons déja bu plusieurs fois à la santé de Christian, le tien, et à ta santé aussi, car effectivement tu vas devoir être en pleine forme pour enterprendre tout ce que tu prévois! oh la la, ton été va être bien rempli!
Bonne chance en tout, cousine, et surtout profite bien, car CARPE DIEM était quand même une de ses ( très nombreuses!) phrases préférées. Bises chaleureuses à toi.
J’aimeJ’aime
je me joins à tes lignes Rita pour souligner ton courage, le courage de Thierry. Pour moi la vie continue en dépit des départs, car il ne s’agit que d’un départ matériel,car tout le reste , ce qui fait l’homme ne nous quitte jamais.
Christian restera avec toi, participera à tes projets .
Si par un heureux moment il habite ta pensée, alors là » montre au fils à quel point tu chérissais le père » Racine, Andromaque.
J’aimeJ’aime
–Nous étions 4 ce 4 /04/2013 et depuis,je suis orpheline d’un Ami….
Christian s’en est allé doucement et en toute dignité pour un autre monde;mais si sa mort a mis fin à sa vie,elle n’a pas mis fin à notre relation.Un esprit ne meurt jamais.Il est toujours là,present en nous et en toutes choses car il est tout amour ,d’une fidelité sans faille et en confiance absolue.
–Nous nous étions connus il y a bien des années,au cours d’oenologie (bon debut !)Les aleas de la vie nous ont quelquefois séparés mais jamais bien longtemps.La musique nous a rapprochés et nous ne nous sommes plus quittés jusqu’a l’apparition de cette terrible maladie et de tous ses ravages.
–Sa merveilleuse épouse a pris soin de lui avec un devouement exemplaire,une patience infinie et sans jamais se plaindre de fatigue ou de lassitude.Son fils Thierry venait rechauffer son coeur de papa et de grand-père.J’y étais en tant qu’amie et infirmière.
Des liens tres forts se sont noués dans cette maison où tous les ions étaient chargés d’amour ,de rires et de joie de vivre.Nous avons échangé plein de bons moments ,savouré de delicieux petits plats et goûté des vins millésimés ensemble.
–Malgré sa grande tristesse d’abandonner tous les siens,Christian a choisi de vivre sa fin de vie à son image :un épicurien,bon vivant et ouvert à tous.
J’ai vécu des moments exeptionnels à travers lui ,sa maladie et ses souffrances.
–Des lectures d’Elisabeth Kûbler-Ross et Marie de Hennezel m’ont ouvert et forgé l’esprit à une autre approche et vision de la mort.Merci à elles.
–Ce geant au grand coeur (merci pour mon anniversaire) et au HP-tout en humilité-(merci pour toutes les longues explications…)n’a pas fini de me parler…..
–Ce n’est qu’un Au Revoir Christian…..
–Specialement pour toi Rita ,ma Gente Dame….
–Bisous
–BARBARA
J’aimeJ’aime