C’est l’été?

Enfin une journée agréable, il est plus de 20 heures ce 30 juin, et pas encore une goutte de pluie! Alors, on pense irrésistiblement au sud et on a soif…

672x476_52.jpeg

Soif de soleil, con qualche parola d’Italia pochoir-mot-italien-1.jpeg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et Milos, un beau gosse du Montenegro qui, à la guitare, nous parle de l’Espagne mais pas seulement, de musique méditerranéenne, donc métissée, latino, un trésor… Milos, une odyssée à lui tout seul et qui, ce matin, a fait le buzz au festival Musiq3 à Flagey avec des variations de Bach!

 Libertango de Piazzolla, que du bonheur, mucho caliente !

 

 

Sursauts d’orthographe

Le hasard (non, pas le footballeur) tout de même! Il y a quelques jours, nous conversions par courriel, ma cousine québécoise et moi, de l’orthographe française.  Longtemps barrière de classe sociale, aujourd’hui système de sélection à l’emploi bien injuste quand on voit le peu de temps consacré durant les études secondaires notamment à cette matière. Les enfants en demandent, conscients de leurs lacunes ; les profs voudraient les aider, les inspecteurs dans leur tour d’ivoire les sanctionnent s’ils osent prononcer le mot « dictée ». Tabou de tabou!

Professeur de français, je vais paraître iconoclaste aux yeux de certains en disant que l’orthographe n’est pas ma priorité essentielle. Que l’on sache faire les accords basiques, que l’on connaisse les principaux homophones grammaticaux, que l’on ait assez de vocabulaire pour ne pas confondre les mots homonymes les plus fréquents, et basta :une orthographe honnête avec le réflexe du dico en cas de gros pépin!

Mais j’avoue que les commentaires laissés sur certains blogs m’énervent. Cette façon d’écrire n’importe comment, à peine phonétiquement, m’apparaît comme un manque de respect à votre lecteur potentiel. Il fait l’effort de vous lire, faites donc l’effort de vous exprimer le mieux possible!

Comme je le disais à ma cousine, l’orthographe ne fait pas le style ; la grammaire, oui. Les grands auteurs d’aujourd’hui ont des relecteurs et des correcteurs pour traquer la bêbête qui fâche!

Mais oui, l’orthographe française est aussi un merveilleux jeu de l’esprit que l’on peut pratiquer avec plaisir comme un bon sudoku ou des mots-croisés.

La preuve : Jean-Marc Onkelinx et Jean-Pierre Rousseau se sont passé le mot pour nous créditer de dictées gratinées.

Le texte de Jean-Marc Onkelinx:

 « Monsieur Lamère a épousé Mademoiselle Lepère. De ce mariage, est né un fils aux yeux pers. Monsieur est le père, Madame est la mère. Les deux font la paire.

Le père, quoique père, est resté Lamère, mais la mère, avant d’être Lamère était Lepère. Le père est donc le père sans être Lepère, puisqu’il est Lamère et la mère est Lamère, bien que née Lepère.

Aucun d’eux n’est maire. N’étant ni le maire ni la mère, le père ne commet donc pas d’impair en signant Lamère.

Le fils aux yeux pers de Lepère deviendra maire. Il sera le maire Lamère, aux yeux pers, fils de Monsieur Lamère, son père, et de Madame Lepère, sa mère.

La mère du maire meurt et Lamère, père du maire, la perd. Aux obsèques, le père de la mère du maire, le grand-père Lepère, vient du bord de mer, et marche de pair avec le maire Lamère, son petit-fils.

Les amis du maire, venus pour la mère, cherchent les Lamère, ne trouvent que le maire et Lepère, père de la mère du maire, venu de la mer, … et chacun s’y perd ! »

 Celui de Jean-Pierre Rousseau, en réponse: 

“Camille Saint-Saëns ne m’aurait pas reproché d’évoquer ses cinq cents visites recensées sur l’île de Sein. Toujours ceint d’un épais cachemire, le compositeur, qui n’était pas un saint, aimait y admirer ce tableau de Zurbaran, acquis sous seing privé,  représentant Sainte-Agathe et ses deux seins coupés. L’essaim d’abeilles qui laissait les saints seins à l’abri des usures du temps produisait un miel sain comme le lait du sein maternel. Et Saint-Saëns de s’écrier : je ne sais si ces cinq seins sont saints, mais je sais que mes cinq sens sont sains.”

Ah, arrachons-nous les cheveux à de telles lectures ! Ou alors bénissons notre langue d’être si belle dans sa complexité.

Mais grand dieu, ne culpabilisons pas les « mauvais en orthographe ». Leurs difficultés résultent souvent de vrais handicaps et deviennent vite une souffrance, une tare lourde à porter. Rien à voir avec ces paresseux du clavier, ces grossiers du Net qui se glorifient d’écrire n’importe comment… et n’importe quoi, souvent rien que des c…!

Le blog de Jean-Marc Onkelinx: http://jmomusique.skynetblogs.be

Le blog de Jean-Pierre Rousseau: http://rousseaumusique.blog.com

 

 

Le pouvoir des mots et autres gourmandises

Trafic d’idées entre Montréal et Liège, un commentaire sur le blog au post « tics de langage horripilants » et deux courriels entre cousines pour partager nos idées à propos de l’orthographe et du pouvoir de certains mots sur notre imaginaire. 

Oui, nous avons tous de ces mots qui nous embarquent pour le rêve, un rêve intime, qui n’appartient qu’à nous.

Je tairai les siens, secret de courriel.

Pour ma part, celui qui me vient tout de suite à l’esprit, vous allez rire, c’est un mot d’une banalité…: « vraiment ». Oui, vraiment. Rien de bien poétique, me direz-vous. Un mot qui ne paie pas de mine. D’accord, mais tout dépend de l’intonation, du timbre de la voix et des souvenirs à fleur d’inconscient. Ce mot, que je l’entende ou que je le prononce, me fait fondre à chaque fois… Je ne vous en dirai pas plus! 

Il y a de ces noms d’épices, de fleurs, de villes qui sont déjà tout un voyage: Samarkande, Zanzibar, Syracuse…

 

Mélodie du mot, mystère de ses syllabes, tout est bon pour faire rêver. Voici la grande Colette qui livre une bien belle confidence enfantine.

À huit ans, j’étais curé sur un mur.(…)
Le mot « presbytère » venait de tomber, cette année-là, dans mon oreille sensible, et d’y faire des ravages.
 » C’est certainement le presbytère le plus gai que je connaisse…  » avait dit quelqu’un.
Loin de moi l’idée de demander à l’un de mes parents :  » Qu’est-ce que c’est, un presbytère ? »
J’avais recueilli en moi le mot mystérieux, comme brodé d’un relief rêche en son commencement, achevé en une longue et rêveuse syllabe… Enrichie d’un secret et d’un doute, je dormais avec le mot et je l’emportais sur mon mur. « Presbytère !  » Je le jetais, par-dessus le toit du poulailler et le jardin de Miton, vers l’horizon toujours brumeux de Moutiers. Du haut de mon mur, le mot sonnait en anathème :  » Allez ! vous êtes tous des presbytères !  » criais-je à des bannis invisibles.
Un peu plus tard, le mot perdit de son venin, et je m’avisai que  » presbytère » pouvait bien être le nom scientifique du petit escargot rayé jaune et noir… Une imprudence perdit tout, pendant une de ces minutes où une enfant, si grave, si chimérique qu’elle soit, ressemble passagèrement à l’idée que s’en font les grandes personnes…
– Maman ! regarde le joli petit presbytère que j’ai trouvé !
– Le joli petit… quoi ?
– Le joli petit presb…
Je me tus, trop tard. Il me fallut apprendre –  » Je me demande si cette enfant a tout son bon sens…  » – ce que je tenais tant à ignorer, et appeler  » les choses par leur nom… « 
– Un presbytère, voyons, c’est la maison du curé.
– La maison du curé… Alors, M. le curé Millot habite dans un presbytère ?
– Naturellement. Ferme ta bouche, respire par le nez… Naturellement, voyons…
J’essayai encore de réagir… Je luttai contre l’effraction, je serrai contre moi les lambeaux de mon extravagance, je voulus obliger M. Millot à habiter, le temps qu’il me plairait, dans la coquille vide du petit escargot nommé  » presbytère… « 
– Veux-tu prendre l’habitude de fermer la bouche quand tu ne parles pas ? A quoi penses-tu ?
– À rien, maman…

…Et puis je cédai. Je fus lâche, et je composai avec ma déception. Rejetant le débris du petit escargot écrasé, je ramassai le beau mot, je remontai jusqu’à mon étroite terrasse ombragée de vieux lilas, décorée de cailloux polis et de verroteries comme le nid d’une pie voleuse, je la baptisai  » Presbytère « , et je me fis curé sur le mur.

COLETTE,  » Le curé sur le mur « , La Maison de Claudine, 1922.

 

Et c’est au tour de Norge, l’immense poète de chez nous:

Sucre candide

Maman, l’hiver, m’en donnait un petit morceau pour la gorge, quand je partais à l’école.

L’instituteur m’apprit un jour qu’on ne dit pas le sucre candide mais sucre candi. Quelle déception! Le lendemain, je doutais du Père Noël et un peu plus tard, je réfléchis à l’existence de Dieu.

(Norge, Le sac à malices)

 

Et puisque nous avons abordé le rivage des gourmandises, voici un joli texte trouvé sur Internet. L’énoncé des douceurs et autres biscuits vous ravira l’oreille et vous mettra l’eau à la bouche. Et la chute, jolie!

 
Tante Babette prit une profonde inspiration et, d’un ton exaspéré, me dit :

 – Ma petite fille, il va quand même falloir que tu apprennes à faire des choix dans la vie et à les assumer. Alors, pour la huitième et dernière fois, lequel veux-tu ?

– Un cannelé, s’il te plaît Tata.

– Un cannelé, s’il vous plait, monsieur, demanda Tante Babette au marchand.

– Euh, non ! Une amandine, plutôt…

Ma tante me regarda de biais, je sentais sa patience atteindre les confins de la limite autorisée. Je sentis mes sourcils former l’accent circonflexe de la mine désolée.

 – Cannelé ou amandine ? s’écria-t-elle.

– Lunettes à la framboise, osai-je à peine chuchoter.

– Ah non ! Cette gamine me rendra complètement jobarde ! Lunettes à la framboise !

 Elle s’agenouilla face à moi, me prit les mains dans les siennes et, me fixant d’un air sévère, articula :

 – Ca-nneu-lé, a-man-di-neu ou lu-ne-tta-la-fram-boi-seu ?

 – Je ne sais pas, prononçai-je avec peine, mes yeux se noyant de larmes. Je voudrais aussi des madeleines et des langues de chat, des florentins et des financiers, des brownies et des calissons, des navettes et des biscuits aux pignons, des…

– STOP !!! Tu as tout gagné, on s’en va !

Je lançai au marchand un regard désespéré et contrit. Nous nous dirigeâmes vers la sortie de la petite biscuiterie, lorsqu’il héla ma tante :

 – Attendez, madame ! Elle est bien mignonne, cette pitchounette ! Tiens, je ne supporte pas de voir une jolie petite fille pleurer comme cela.

Il me tendit un sachet dans lequel se trouvait un bon échantillon de tout ce que l’on pouvait trouver dans sa boutique. Ma tante commença par refuser mais l’homme, jovial, insista en lui offrant un macaron.

Nous sortîmes et je me retournais vers le marchand, lui décochant mon plus beau sourire du haut de mes cinq ans. Nous nous éloignâmes et tante Babette me serra un peu plus fort la main. Elle me regarda en souriant et me dit :

– Tu as été parfaite, ma chérie. Je suis toujours sidérée de te voir pleurer sur commande. Même ta mère n’était pas aussi douée à ton âge…

© 2007 Plum’

Ah, Manon!

Manon, celle de Massenet.

Dernier spectacle au Palais Opéra de Liège, dans moins de 100 jours le Théâtre Royal rouvrira ses portes! Cette production connut la « fuite » de sa prestigieuse vieille diva et son heureux remplacement par une jeune chanteuse espagnole. 

Car c’est ce qui nous a enchantés, la jeunesse de Manon et de son beau chevalier Des Grieux. On y croit à ces deux-là, adolescents exaltés finalement broyés par la société bourgeoise décadente mais bien pensante. Production très classique avec utilisation judicieuse du flash-back au début et de ce livre dont on tourne les pages au fil de l’histoire. Cela évite de longs changements de tableaux et occupe bien l’espace restreint de la scène.

Quelques extraits :

 

Le livret de l’opéra de Massenet est tiré de l’oeuvre de l’Abbé Prévost. (1697-1763) qui fit scandale et fut plusieurs fois interdit. Littérairement, l’histoire de Manon Lescaut se déroule sur deux ans et avec de nombreux rebondissements. Voici un schéma vous permettant d’y voir plus clair (tableau fiction et narration)… : http://www.site-magister.com/manon.htm

Le compositeur Massenet et son librettiste, dans la tradition de l’opéra français du 19ème siècle,  en ont gardé les épisodes les plus romantiques, créant une sorte de délicieux bonbon rose fondant. Grâce soit rendue à Monsieur Mazzonis qui a misé sur la jeunesse des protagonistes, sur leur immaturité dans un monde dévergondé qui causera leur perte finale. Le drame était ainsi plus consistant.

115006647.jpegMais pour les amateurs d’opéra italien (dont je suis), rien ne vaut le choix des épisodes opéré par Giacomo Puccini. Manon y apparaît beaucoup plus cynique, elle est déportée en Amérique et elle y meurt. Version donc plus conforme à l’oeuvre littéraire initiale. 

J’ai découvert cette oeuvre, qui est parmi celles que je chéris – comme tout Puccini d’ailleurs -, grâce à une intégrale en 33T sortie en 1971, je crois. Un monstre sacré de l’époque : Montserrat Caballé, et un jeune latino prometteur: Plácido Domingo. Les voici à la même époque, en 1972, au gala d’adieu de Rudolf Bing, le patron du Met.

   

Ceux qui me connaissent savent ma dévotion à Plácido. Je suis une inconditionnelle, j’avoue et je le revendique!

Voyez dix ans plus tard, la métamorphose d’un artiste. D’un ténor au physique un rien rondouillard, il est devenu un véritable acteur, ce qui le mènera à tourner plusieurs films.

Je ne me lasse pas de regarder cette version prise sur le vif à Covent Garden le 17 mai 1983. Plácido a cette fois comme partenaire Kiri te Kanawa. Elle raconte dans un livre de mémoires combien cette prise de rôle la stressait. Puccini, l’opéra italien, elle, la suprême interprète de Richard Strauss. Les répétitions frôlèrent le mélodrame, le chef Giuseppe Sinopoli étant d’une exigence extrême, il y eut un monsieur « bons offices » pour calmer ce petit monde. devinez qui?

Oui, on pouvait avoir les nerfs à vif avec ce direct intégral planétaire il y a 30 ans ! Et le résultat est sublime de tension dramatique. Certes imparfait, mais qu’importe, c’est le témoignage d’un moment inoubliable, d’autant que le maestro nous a quittés trop tôt, hélas. 

Nous sommes au deuxième acte, Manon se vautre dans le luxe de son souteneur et Des Grieux arrive…

 

 Quelques minutes de making of! 

 

Contrairement à la version de Massenet, la fin de celle de Puccini se situe dans le désert américain avec une dernière scène hautement dramantique. Kiri te Kanawa est à bout de souffle, mais ses faiblesses vocales renforcent le drame et elle réussit enfin à se laisser aller. Scène poignante qui reste un must pour tout qui l’a vue… Si vous avez la chance de regarder toute l’oeuvre sur cassette ou DVD (version très bien remasterisée au niveau de l’image notamment), n’hésitez pas. Vous pouvez aussi la trouver sur You Tube en 14 morceaux HD. Et si les acteurs/chanteurs sont sublimes, Giuseppe Sinopoli rend justice à toute la modernité de Puccini. À voir et revoir, à entendre et réentendre sans modération!    

Une clinique déjantée

La dernière semaine de l’année scolaire approche. Restent le stress des délibés, la rédaction des bulletins et les réunions de parents… Tout un programme!

Mais c’est l’été (!), le début du week-end et les vacances sont en vue. Une envie de se divertir sans prise de tête? J’ai ce qu’il vous faut : « La clinique de l’amour »!

Film « hallucinant » dirait Fabrice Lucchini qui sort le 27 juin en France et dont tout le monde parle en bien. Bande-annonce à Télématin et nous étions, mon homme et moi, en larmes…de rire entre le kawa et le croissant!

Allez, je partage la bande annonce, vous allez tout de suite comprendre…

Une critique journalistique :

http://www.varmatin.com/actualites/la-clinique-de-lamour-une-comedie-a-mourir-de-rire.890929.html

Les avis à la fin de l’avant-première : 

 

Précédent galop d’essai en guise de préparation : un court-métrage commis par le même en 1998… bref, tout l’esprit Canal! ça déride, j’adoooorrrre…

 

 

Tics de langage horripilants

104bb1f6259661e4d61d821c93dc43b169227ac9a5ee5c5514e7bbaf64dbce157ff4e6c8d44c663c61_1.jpegJean d’Ormesson est un de ces auteurs dont je conserve les livres au chevet de mon lit. Au détour d’une humeur chagrine, j’y mets le nez et j’y trouve du réconfort, déjà celui d’une langue belle. « Jean d’O » n’a pas son pareil pour magnifier des mots simples par le style, la musique et la vivacité iconoclaste de sa pensée… À son âge, on peut tout dire, surtout avec une telle étincelle spirituelle sous la plume. Et, ceci en dehors de toute considération littéraire, j’avoue qu’en tant que femme, je ne puis résister au bleu de ses yeux et à la mélodie cabotine de sa voix! Et quelle auto-dérision!  * voyez la vidéo à la fin de mon post!

Ce qui me chiffonne en ces temps de journalisme politique effréné, c’est la pauvreté de vocabulaire de ces intervenants audio-visuels. Alors je suis allée piocher dans « Odeur du temps – Chroniques du temps qui passe ».

Dans l’édition Pocket page 299 (dirait François Busnel dans La Grande Librairie!):

Je suis laxiste en matière de langue et j’accepte avec joie néologisme et argot, mots étrangers et drôleries de toutes sortes, fantaisies et calembours à la Queneau ou à la Tardieu. Mais je voudrais que la langue reste claire pour qu’on puisse s’en servir, élégante et légère pour qu’on y prenne du plaisir, univoque et rigoureuse pour que l’esprit ne s’y égare pas. L’imparfait du subjonctif m’est assez indifférent, mais l’usage des « dans ce but » ou des « par contre », l’utilisation de « quiconque » à la place de de « qui que ce soit », la confusion impardonnable entre « rien moins que  » et « rien de moins que » ‘qui signifient exactement le contraire l’un de l’autre), la création en gigogne de mots nouveaux dérivés les uns des autres avec une lourdeur croissante (poser, position, positionner, positionnement…) me paraissent non seulement exaspérants, mais dangereux. Les tics de langage, la mode, la répétition chic des mêmes âneries et des mêmes borborygmes (« disons… », « mettons… » et même « dialectique » ou « existentialisme » et peut-être même « philosophique » ) bercent mollement l’esprit et l’endorment. La langue, pour tout dire d’un mot, n’est pas une fin en soi : c’est la pensée qui en est une. La langue est un instrument. Conservons-le en bon état et faisons-le aussi tranchant et efficace que possible.(…) Une langue claire, maîtrisée, sans fioritures de routine ou d’idéologie, sans traces de graisse ou de paresse, sans ambiguïté et sans flou, ouverte à l’extérieur parce qu’elle serait solide à l’intérieur, voilà le but qu’il faut se fixer…

Ah! ça me calme un peu de la rage qui me prend quand j’entends à longueur de journée des journalistes, que j’apprécie au demeurant, se répandre en « hein? » à chaque fin de phrase pour qu’elle devienne une question… (au lieu de « n’est-ce pas? » Moi, on m’a toujours appris que ce mot était impoli…) ou encore ce « qu’est-ce que… » au lieu de « ce que » (Je voudrais savoir qu’est-ce que vous pensez de …) Ce n’est même plus du style indirect libre, c’est du style direct relâché ! Et que dire de cet horrible « initier » auquel on attribue la signification de « commencer, entreprendre », pur anglicisme, et ce fameux « cela m’insupporte » alors que le verbe « insupporter » n’existe pas!… Grrr!!!!

Ces tics de langage bon chic bon genre, je les hais! Preuves d’un relâchement de l’esprit plus encore que de la langue en tant qu’organe.

D’autres me diront qu’il y a encore bien pire : ces liaisons dangereuses avec notamment les verbes terminés en -a, du style « cela sera -t-un grand succès! » Ouiche… Y a pas à dire, y a du boulot!

Et puis, voilà que je découvre aujourd’hui aux Quatre Vérités de Télématin de France 2, l’interview d’Aurélie Filipetti, la nouvelle ministre de la culture. Du charme, de la rigueur dans la connaissance de ses dossiers mais surtout une façon de s’exprimer simple, sans redondance, sans langue de bois et sans ces horribles tics… « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » disait Boileau.

FILIPETTI001.jpeg 614051ec-a024-11e1-9456-9e21a1af4100-493x328.jpeg

Oui, elle est écrivaine et sa compétence fut tout de suite saluée par Frédéric Mitterrand, un orfèvre du français élégant et châtié.   

Ainsi tout ne serait pas perdu… 

* Auto-dérision suprême : Jean d’O imite Laurent Gerra qui l’imite… et vous remarquerez au passage dans le début de l’interview, ces fameux « hein » prononcés à la pelle par Vincent Parisot, journaliste tout à fait respectable et que j’apprécie, un tic disais-je…

    

« Cahos d’Élémens » – Rebel

Ce lundi après-midi, je me morfondais :  correction des copies d’examens. Musiq’3 en fond sonore plutôt soft : musique baroque assez convenue. Rien de bien excitant. Et SOUDAIN un CHOC : une musique d’une puissance renversante de force et de modernité, avec des dissonnances et des chocs rythmiques dignes de l’orage de la Pastorale de Beethoven et du Sacre du Printemps de Strawinsky. Je sais, la comparaison est osée mais écoutez ! (et remarquez la date…1737!) 

On désannonce: « Le cahos, extrait des Élemens de Jean-Féry Rebel » (ou le Chaos des Éléments). 

Jamais entendu parler de ce musicien, je vous l’avoue, mes connaissances en musique baroque n’étant pas très étendues.

Un paquet d’examens corrigés plus tard et une pause dans ce chemin de croix, je vais aux nouvelles sur Internet. Et je trouve son pédigrée que je vous livre:

Jean-Féry Rebel, ou Jean-Ferry Rebel, (Paris, 18 avril 1666- Paris, 2 janvier 1747) est un violoniste et compositeur français de l’époque baroque. Il était fils d’un chanteur, et fut remarqué pour ses dons, dès huit ans, par Lully, auquel il doit sa formation. Sa sœur, une chanteuse, épousa le compositeur Michel-Richard Delalande.
En 1705, il fut recruté parmi les Vingt-quatre Violons du Roi ; il devint plus tard maître de musique à l’Académie royale de Musique en 1716, puis compositeur de la Chambre du roi en 1726, enfin maître de musique de l’Académie Française en 1742, évinçant de ce poste Louis-Antoine Dornel.

Chaos.jpegŒuvres
Rebel a été l’un des premiers musiciens français à composer des sonates à l’italienne, souvent marquées d’une grande originalité et d’une audace harmonique certaine.

Recueil de douze sonates à 2 ou 3 parties op 1 (composées en 1695 et imprimées à Paris en 1712)
12 Sonates à violon seul mellées de plusieurs récits pour la viole op 2 (Paris 1713)

Les Caractères de la danse (1715),
Les Élémens (1737), composition originale qui décrit la création du monde.
le Tombeau de M. de Lully en hommage à son maître
une tragédie lyrique : Ulysse (1703)
« Fantaisies » (1729)
« Les plaisirs Champêtres » (1734)

J’apprends ailleurs qu’il fut le premier à écrire des ballets seuls, non inclus dans des tragédies lyriques, et qu’il fut un adepte de la révolution voulue par Rameau.

D’autres informations sur la page de la médiathèque de la Cité de la Musique à Paris:

http://mediatheque.cite-musique.fr/masc/?INSTANCE=CITEMUSIQUE&URL=/mediacomposite/CMDP/CMDP000000900/02-3.htm

La version proposée dans le clip : Les Elemens 1. Le cahos – Reinhard Goebel /Musica antiqua Köln 41MGY37PKVL__SL500_AA300_.jpeg

Autre version conseillée (Minkowski): 

s3660591.jpeg

Voilà, je pense, un compositeur vraiment digne d’intérêt et dont je vais m’empresser de découvrir l’oeuvre. Et vous? Bonne musique, mes amis! 

Place aux livres au coeur de Liège

untitled.jpgUne heureuse initiative de la Ville de Liège: « La Place aux livres », place Saint-Étienne juste derrière les désormais célèbres Galeries Saint-Lambert. Sous les tonnelles, des tas de livres, intéressants, classés avec professionnalisme, très propres, presque neufs parfois, prix très honnêtes.

3236901113_4.jpeg

Des romans de toutes sortes et en tous formats, des livres pour enfants et ados, des BD, des mangas, des livres documentaires sur l’histoire de la Belgique, de la Cité ardente et de la Wallonie. Un fonds liégeois et wallon historique pas du tout négligeable, en français et en wallon, avec Noir Dessin Productions en prime. Et pour les amateurs de Simenon, des perles, joli…

Placeauxlivres_4.jpegL’ambiance est bon enfant, il faudrait juste peut-être un marchand « de bouche » avec des produits simples et régionaux, qui permettrait de se sustenter et de créer une belle ambiance liégeoise : une enseigne des produits wallons par exemple… ou un stand avec

– une « crapuleuse » Jup’ (Jupiler) – on s’en fout si soi-disant rien que les hommes savent pourquoi, les femmes aussi aiment boire un cadet! 

– un p’tit boulet à la moutarde coupé en morceaux…

–  une p’tite croûte avec une « noquette » de chèvre d’Ozo et de sirop de Liège…

Et puis une terrasse avec une p’tite touche parisienne dans les sièges et italienne dans les parasols. Alors, là, ce serait le bonheur intégral, le combiné littéraire et gastronomique qui tue, le paradis en Principauté, vous pouvez même pas savoir comme ce serait bon ! On glette déjà, oufti, slurp! 

rwsydg.gif

Une fin de matinée un rien pluvieuse mais très chouette. Les badauds sont là pour fureter, traquer les ouvrages et ils discutent avec les bouquinistes dans un cadre décontracté…  Juste et surtout le pur plaisir convivial liégeois et au bout de la matinée, quelques belles acquisitions qui nous ravissent.

Amoureux des livres, donnez-vous ce beau rendez-vous convivial, Cré vin d’ju! 

Lire, c’est que du plaisir et du rêve, envolons-nous !

IMG%20PAGE%20prets%20de%20livres.jpeg