Un petit livre blanc

Comment ce petit livre, best-seller mondial, est-il entré dans ma vie?

Je ne le sais plus très bien si ce n’est qu’il était question de te faire un cadeau, chère Micheline fidèle lectrice et contributrice de ce blog… Authentique connaisseuse de la littérature anglo-saxonne et parfaite bilingue bien que professeur de français, sans doute est-ce toi qui m’as conduite vers lui… 34021943.jpegJ’avais acquis la première édition traduite en français chez Autrement, couverture blanche, d’où le titre de mon post Embarrassé  Un pour toi, un pour moi. J’attends impatiemment ton commentaire si tu as plus de souvenirs que moi!

Mais ce dont je me souviens, ce sont nos commentaires enthousiastes. Et lorsque je l’ai retrouvé, ce petit livre blanc, lors d’un rangement il y a peu, j’ai voulu savoir si la magie allait encore opérer. Affirmatif!

Pourtant sur Internet, j’ai lu bien des comptes-rendus déçus de lecteurs francophones. Sans doute y cherchaient-ils des avis sur certains chefs-d’oeuvres indiscutables et connus des francophones : Shakespeare, Dickens, Jane Austen… Et que non, ils se coltinent des listes de livres et d’auteurs inconnus et rébarbatifs !

Alors ?

Ce n’est pas ça qu’il faut aller chercher dans le livre épistolaire d’Hélène Hanff. Ce qui le rend jouissif, c’est tout d’abord la personnalité de son auteur : une New Yorkaise originale et rigide qui fait son shopping par correspondance dans une petite librairie londonienne au 84, Charing Cross Road. Son envie de posséder des ouvrages rares dans des éditions improbables, ses difficultés de paiement – elle envoie les dollars dans ses courriers , les mandats, elle ne connaît pas. Mais insensiblement les rapports épistolaires très secs, presqu’autoritaires et puritains glissent vers l’empathie, l’amitié et même l’amitié amoureuse. Les Londoniens meurent de faim en ces années d’immédiate après-guerre, Hélène déniche alors un catalogue américain qui peut envoyer des denrées alimentaires et ses colis d’oeuf en poudre et de jambon par exemple font la joie de ses amis libraires du bord de la Tamise. Comme elle se met en rage devant les crédits américains grassement allongés pour la reconstruction de l’Allemagne et du Japon, ennemis d’hier, et l’abandon financier de l’Angleterre, alliée fidèle ! On plonge dans cette époque pas si lointaine pourtant où des opérations banales sont encore bien risquées et souvent mortelles, où l’approvisionnement de la boutique en livres intéressants oblige à des voyages incessants et périlleux dans l’arrière-arrière-arrière pays de la campagne anglaise et du Royaume-Uni. Oui,  tout cela est bien savoureux et émouvant d’humanité.

Bien évidemment, tout cela n’aurait pas existé sans l’amour de la littérature et des livres ! 

Mais ce qu’il faut  aller chercher dans ce petit livre, ce n’est pas vraiment ce qui est écrit mais ce qui y est sous-entendu par la transformation des formules de politesse, des signatures, le croisement des interlocuteurs… C’est pudique, discret, imperceptible.

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L’équipe des libraires correspondants d’Hélène

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La boutique fermera en 1968, sans qu’Hélène puisse jamais s’y rendre, faute d’argent, elle était en effet scénariste de séries pour la télévision américaine au travail bien aléatoire.  Elle finira tout de même par enfin découvrir Londres et racontera ce voyage tant de fois rêvé dans La Duchesse de Bloomsbury Street. 

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D’autres infos

kevs-presents-001.jpgCharing Cross Road est une rue du centre de Londres, pas loin de St Martin-in-th-Fields. Ell est réputée pour le nombre de librairies que l’on y trouve. (C’est aussi là que se trouve un des plus vieux pubs « Au Chaudron baveur » célèbre aujourd’hui grâce à Harry Potter et où nous sommes allés de temps en temps boire des coups, mon homme et moi !)

Hélène Hanff, née le 15 avril 1916 et morte le 9 avril 1997, est une écrivaine américaine. Auteur de pièces de théâtre, elle a également écrit de nombreux livres et des scénarios pour la télévision. Son livre a fait l’objet notamment d’une adaptation cinématographique en 1987 avec Anne Bancroft et Anthony Hopkins dans les rôles principaux.

 

 

Voic un site où vous trouverez toute la production littéraire d’Hélène Hanff (notamment de nombreux livres pour enfants)   

http://www.helenehanff.com/index.html

Et le site du Livre de poche où il est possible de lire quelques pages…

http://www.livredepoche.com/84-charing-cross-road-helene-hanff-9782253155751

Une lecture insolite que je vous recommande, un de ces livres dont le souvenir et le charme vous  accompagneront longtemps!

 

6 commentaires sur “Un petit livre blanc

  1. Quand, il y a trois ans, j’ai quitté ma maison pour un appartement, je n’ai gardé qu’une petite centaine de livres…des coups de coeur ( Soie, de Baricco), des amours fidèles (romans d’Armel Job…sur lesquels tu pourrais nous faire une chronique un de ces jours après ta retraite) ou des amours anciennes (Saint-Simon)… Et bien sûr, parmi ces cent livres, il y notre petit livre blanc, que je n’ai pas voulu éloigner de La duchesse de Bloomsbury (un peu moins aimé). Quel beau souvenir que ce jour où tu me l’as offert… Ne l’avions-nous pas vu présenté à une émission littéraire? Nous avions partagé un enthousiasme à l’idée de le lire…et comme c’était mon anniv…Et après lecture, on a dû soûler les gens dans le salle des profs à ne pas tarir d’éloges. Entièrement d’accord avec ton analyse, ce qui est beau dans ce livre, c’est la lente évolution du texte, la retenue…c’est si fin qu’il est difficile d’expliquer (mais tu l’as très bien fait). Je ne l’ai jamais relu depuis
    bien plus de 10 ans mais ne l’ai jamais oublié…Et ceux à qui je l’ai conseillé autrefois n’ont pas été déçus. Merci pour le bouquet de compliments que tu m’offres au début de ton texte (en fait c’était à nouveau mon anniversaire ce 2 février) mais j’aimerais que tes lecteurs sachent que c’est très très exagéré… Tu as souvent une vue claire des choses et des gens, mais pas ici…je crois en connaître la raison : n’attendrais-tu pas prochainement un petit texte? Coquine ,va!

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  2. Un petit oubli dans mon commentaire précédent : ayant pour points communs avec 84, Charing Cross Road, le fait d’avoir aussi une couverture blanche et de rendre hommage aux libraires, « Jolie libraire dans la lumière » de Frank Andriat » mérite d’être lu… et j’aimerais avoir ton avis sur ce petit roman. Il est malheureusement épuisé pour l’instant, mais en réédition et facile à trouver en bibliothèque.

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  3. Hihihi! Tu me prêtes des pensées bien intéressées… Je pense toujours tout ce que j’écris! Andriat, j’aime bien en général. L’échéance arrive à grands pas et mon cœur balance, aujourd’hui c’était sympa avec mes premières et mes 2C. Mais hier avec mes troisièmes… J’ai l’impression d’avoir une bande d’autistes ignares devant moi. Elles arrivent, se posent et sont déjà contentes d’avoir effectué cet exploit. Après, elles attendent que ça se passe sans aucune étincelle d’intelligence primaire. Ça me met en rogne, tu ne peux pas savoir. Tu les secoues, elles bougent du cerveau comme des gommes molles. Grrrr… N’empêche, j’ai parfois un peu de tristesse quand un chapitre est terminé pour toujours. Mais Marga et la bande me disent que je ne regretterai rien. J’ai tant de projets… Bisous

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  4. He bien, ces jeunes limaces mollassonnes devraient beaucoup se préoccuper deDarwin et Wallace, et leurl théorie, ma fois prouvée, de la lutte mortelle pour la survie de l’espèce, les meilleurs, plus forts et intelligents gagnent, non!?
    Remarquez bien que de nos jours on peut se demander……même les idiots se reproduisent avec succès, alors……
    Je n’ai lu aucun de vos livres, et ni entendu parler de cela. Mais ça me tente fort. Les antres d’une librairie sont toujours une curiosité, en ce qui me concerne.
    Pour ma part j’ai la chance d’avoir une petite librairie familiale. Ce n’est ni un super marché, ni un monstre croulant sous des milliers de livres, et les vendeuses, bien plus occupées par leur vernis, sont incapables de répondre a une question simple et bien tournée.
    Au contraire, dans ma petite librairie je rencontre les mêmes personnes, qui me connaissent, me disent bonjour( si!) et me disent, madame, nous avons reçu un tel livre qui serait. Susceptible de vous intéresser…c’est y pas beau, Ca?
    Alors je m’en vais leur commander le petit livre blanc!
    Ca m’a fait drôle de lire Huy, berceau de ma famille maternelle, mais bon les films n’y arrivent pas bien a ce que je vois!
    Merci encore pour tout Ca cousine, ça fait du bien par les temps qui courent.

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  5. Mais Micheline habite au centre de Huy et adore sa ville… Que de points communs entre vous! tiens, j’y pense, jusqu’à la couleur des cheveux et leur coupe,

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  6. Tiens tiens « une aînée cheveux blancs » elle aussi?
    Miam! Que j’aimerais retrouver ma bonne ville de Huy, mais bon, les planètes ne s’alignent pas, alors n’y pensons plus!
    Bonne semaine les filles, bon courage cousine…….

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