Viva Verdi!

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C’était hier, l’exact bicentenaire. J’ai fait le tour des sites et autres blogs musicaux que je fréquente régulièrement, tous rendent hommage au grand homme. Pourtant dans certains commentaires sur Facebook notamment, j’ai lu un certain mépris de la part de mélomanes plus enclins à aimer la musique de chambre, baroque, contemporaine. Et j’avoue que cela m’attriste. Oui, notre cher « Peppino » comme aimait l’appeler affectueusement son épouse est encore bien souvent considéré comme « populaire ». Pire, dans leur bouche, « vulgaire »…

Vulgaire, dites-vous? Sachant que le mot vulgaire vient du latin « vulgus » ayant notamment comme signification le peuple ou encore le public, j’en arrive à me dire que ce commentaire volontairement désobligeant dans la bouche de nos contemporains aurait drôlement bien plu au maître de Busseto ! 

J’ai souvent dit ici combien le peuple italien d’hier et d’aujourd’hui s’identifie à Verdi. Lors de mes voyages en Italie, il y eut plusieurs fois des catastrophes nationales, attentats ou tremblements de terre. La foule rassemblée ne chantait pas Fratelli d’Italia mais d’une seule voix, d’une seule âme « Va, pensiero« .

J’ai aussi dit souvent ici mon amour pour Verdi et son oeuvre. Un artiste toujours en évolution, ancré dans la tradition italienne mais à l’écoute de la modernité, la devançant parfois (ce magique Fastaff!). Un homme qui n’a jamais renié ses convictions, qui a combattu la censure, qui a mis en exergue l’intolérance de la religion catholique. Un homme libre qui a vécu sa vie intime en bravant tous les interdits, à la campagne de sucroît. Un homme politiquement engagé.  Un notable ayant mis son aisance pécuniaire au service des humbles et des faibles, la Casa  Verdi en est toujours un exemple remarquable.

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Statue de Verdi – Piazza Buonarotti, Casa di riposo per musicisti – Milano

 

Verdi, un musicien à « flonflons » comme on me l’a dit l’autre jour ?

De son oeuvre immense, faudrait-il choisir un seul exemple pour mettre à mal cet avis, que je proposerais l’incroyable duo de basses dans Don Carlo. Un duo de basses, déjà ça, c’est révolutionnaire! Et puis  nous voyons Philippe II, roi d’Espagne, se confrontant au Grand Inquisiteur sur la mise à mort de son fils pour raison d’état…et puis surgit la question de l’hérésie. Frissons garantis, les amis, et dites-moi si vous entendez les relents d’un bal musette dans cette partition sublime !  

 

Il ne faut pas non plus oublier que Verdi a créé une typologie de voix, le baryton qui porte son nom, un  emploi moderne, riche vocalement et théâtralement. Que feraient les barytons d’aujourd’hui sans Verdi? Pour les fans et pour les autres, voici le beau Dmitri Hvorostovsky, baryton sibérien dont j’ai découvert la voix en achetant par hasard son premier CD consacré à Verdi au marché de Vaison-la Romaine il y a 20 ans… Passions modernes d’Un Ballo in maschera !

 

Que dire encore? Voyez Otello ! Le sublime duo d’amour du 1er acte, Plácido Domingo et Kiri te Kanawa en direct du Covent Garden de Londres, sous la direction de Sir Georg Solti en 1992.            

 

Le plus bel hommage à Verdi, citoyen italien, homme du peuple, VULGUS donc pour certains. C’était le 20 mars 2011 à Rome, le maestro Riccardo Muti sonnait le début de l’hallali de Berlusconi… Va pensiero !

 

N’oublions pas Rigoletto, né sous la plume du grand « Totor » Hugo, qui se dresse contre les privilèges des grands. Et la Traviata, la Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils, femme libre victime du bon plaisir puis des préjugés des bourgeois. Personne ne peut résister à cette musique déchirante d’humanité.

Grazie a Lei, Signor Verdi !  

 

Petit quizz sympa… http://www.lamonnaie.be/fr/130/

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Superbes reportages et photos sur http://operachic.typepad.com/