Premier été sans Provence depuis près de 35 ans et même si l’été en Belgique est exceptionnel, l’odeur du romarin, le chant des cigales et les fureurs du mistral me manquent. Alors Pagnol est venu à mon secours. J’ai d’abord relu les souvenirs de jeunesse du petit Marcel, un régal qui commence bien grâce aux dessins de Sempé.
Et puis, ce furent les deux films réalisés par Daniel Auteuil : Marius et Fanny. Films « à l’ancienne », pleins de charme, d’émotion, de bel accent et de pudeur. Merveilleuses performances d’acteurs de Marie-Anne Chazel, de Jean-Pierre Darroussin et de Daniel Auteuil lui-même. Ils ne surjouent jamais, ne cherchent pas à faire sonner « l’assent de Marseille » plus qu’il ne faut, ne « singent » pas leurs glorieux ancêtres. Ils sont tout simplement parfaits. Et les « pitchouns »? Marius me fait penser à Alain Delon jeune, et Fanny négocie parfaitement l’évolution de son personnage.
J’adore ce prénom, Fanny. Tellement féminin dans sa consonance, un rien coquin aussi avec un petit relent belle époque…
Coquin? me direz-vous. Oui, oui ! Allez, que je vous explique…
Il fut donc un bienheureux temps où nous étions un groupe d’amis à passer tous nos congés en Provence, nous en étions devenus les heureux résidents. Étant d’habiles cuisiniers et cuisinières, nous nous invitions les uns chez les autres. Un tour au marché, chez le boucher et le boulanger du village et hop à la bonne franquette, nous rivalisions de recettes simples mais goûteuses mijotées au barbecue ou au four à pizza du jardin en bordure de piscine. On n’était pas riches mais on savait profiter de la vie, bien nous en a pris car beaucoup d’entre nous nous ont quittés à tout jamais.
Ca commençait toujours par un pastis, les plus doués savaient reconnaître le 51 du Ricard, on passait ensuite au vin du pays, le Seigneur Côte-du-Rhône, dans le triangle Gigondas-Vacqueyras-Chateauneuf du Pape, que boire d’autre, dites-moi… Le repas terminé, à l’ombre, la peau du ventre bien tendue, on laissait passer la cagnâ en dégustant une bière belge à la mousse bien fraîche qui faisait se pâmer nos amis provençaux. À 17 heures, c’était immanquablement la partie de boules sur le terrain d’en face. Jeu très masculin (sans mauvais jeu de mots) et très macho, les équipes se formaient exclusivement entre hommes mais plutôt habile, j’avais fini par être intégrée à l’une d’elles. Les règles étaient subtiles et changeantes selon l’état de lucidité des participants, je me fiais à mon coéquipier qui me conseillait de tirer ou de pointer.
Et puis parfois pour une équipe, se levait le spectre de « la Fanny »… Notre ami Lambert était le spécialiste du coup d’oeil coquin qui accompagnait la menace : « Attention, les amis, la Fanny vous attend… »
Cette Fanny-là, quelle infâmie !
Tiens, il y a longtemps que je ne vous ai plus proposé une devinette. Alors, cette Fanny tant redoutée, qui peut nous dire ce que c’est ? J’attends vos propositions, chers amis lecteurs, disons jusqu’au 14 août minuit.
Après, pour tout Liégeois qui se respecte, ce sera le règne du pekêt de Dju d’la Mouse !