C’est une langue belle…

Oui, vous connaissez tous cette superbe chanson d’Yves Duteil qui parle si bien du merveilleux métissage de notre langue française.

« Et de l’île d’Orléans jusqu’à la contrescarpe… »

De l’île d’Orléans, je découvre chaque jour les beautés linguistiques grâce à ma cousine Dominique de Saint-Lazare dont vous pouvez lire sur ce blog les commentaires savoureux. J’aime quand elle me parle d’une terrible poudrerie (de neige), quand elle se déclare bien niaiseuse, puis qu’elle compte s’épivarder à Québec avec son homme…

La contrescarpe !  Rien de tel que le beau Mômo Chevalier, éternel Parigot au canotier, pour nous faire une vraie leçon d’argot…

Vous voulez vous délecter des paroles?

Appelez ça comme vous voulez  (Jean Boyer, Georges  Van Parys)

Ah, plaignez les vrais Parigots
Ceux de Belleville et d’ la Villette
Ils sont victimes des gens honnêtes
Les gens honnêtes sont des salauds

Ils nous avaient pris déjà
Notre belote et notre java
Avouez qu’ nous n’ sommes pas verjots
V’là maintenant qu’ils nous chipent notre argot
Dans toutes les classes de la société
La langue verte est adoptée
Chacun en douce fait à sa manière
Son petit vocabulaire

Vous gênez pas, y a du choix dans les mots
Un lit, un plume, un pucier, un pajot
Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous
Pourvu qu’ dedans j’y trouve ma poule
Ma régulière, ma gonzesse, ma houri
Ma musaraigne, ma ménesse, ma souris
Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous
Pourvu qu’ le p’tit homme ait d’ gros sous-sous

Du blé, du fric, de l’aubert, de la braise
Des picaillons, du flouze ou bien du pèze
Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous
Pourvu qu’ j’en aie toujours plein les poches
Plein les profondes, les fouilles et le morlingue
Pour que mézigue ait d’ badours petites fringues
Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous
Tout c’ que j’ veux, c’est d’avoir malgré tout

Des chouettes tatanes et d’ bath petits costards
Pour jouer au marle, au dur, au malabar
Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous
Pourvu qu’au bistrot je prenne un verre
Un glass, un drink, un godet ou un pot
Avec les mecs, les aminches, les poteaux
Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous
Tout c’ que j’ veux, c’est d’ pas sucer des clous

Briffer, becqueter, s’empiffrer le cornet
Se cogner l’ tronc, s’en mettre plein les trous d’ nez
Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous
Je m’ débine car c’est l’heure de la croûte
Trisser, calter, se barrer en lousdoc
Carguer la voile et hisser le grand foc
Appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous
Tout c’ que j’ veux, c’est d’ bien me taper l’ chou

Gueuler, piauler, discuter le bout d’ gras
Ramener sa fraise, en vendre un remettre ça
Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous
Tout c’ que j’ veux, c’est d’ pas m’esquinter l’ chose
Le vase, le prose, le figne, le coquillard
À faire le schnock, le cave, le zigomar
Et appelez ça comme vous voulez, moi j’ m’en fous
J’ suis pompé, groggy et tout et tout.

 
Chanson redécouverte lors de la soirée sur France 2 consacrée à Aznavour samedi dernier. Le code embed est bloqué, donc cliquez sur ce lien pour admirer Charles dans ses oeuvres !  
Faites dérouler un peu la page pour atteindre les images – d’autres extraits de l’émission à droite. Bon amusement !  
 
 
(Pour les fans de Patrick Bruel, il l’a aussi interprétée dans la version live à l’Olympia de son album Entre deux.)