Notre verte colline

Comme celle de Bayreuth, elle pourrait être sacrée puisque pas moins de quatre ordres monastiques l’ont occupée : les Oblats, les Prémontrés, les Chartreux et les Carmélites qui y séjournent toujours. Elle porte également le nom féminisé de l’un d’eux : la Chartreuse. Comme celle de Bayreuth, elle est aussi verte, c’est un des poumons écologiques de la ville. La voici visible depuis la passerelle panoramique de la Citadelle, la colline d’en face. 

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Ceinturée par l’Ourthe et la Dérivation de la Meuse à la base, et par le cimetière de Robermont et la commune de Fléron au sommet, elle correspond aujourd’hui aux quartiers de Basse-Wez et de Grivegnée. Si l’histoire de Liège est faite de milliers d’événements et de rebondissements en tous genres qui font perdre la tête aux plus érudits des historiens de la principauté, la Chartreuse en a vécu bon nombre!

Tout commence par un oratoire administré par l’ordre des Prémontrés qui y vénèrent Saint-Corneille, d’où le premier nom de cette colline : le Mont-Cornillon. Ils y installent un hospice puis une léproserie, quatre bâtiments dont deux sont réservés aux hommes et deux aux femmes, ceux-ci étant gérés par des Soeurs (dont la célèbre Sainte-Julienne à l’origine de la Fête-Dieu qui devint prieure en 1230 et voulant  y remettre de l’ordre et de la discipline, dut d’enfuir et fut poursuivie pendant de nombreuses années par ses détracteurs à Huy, Antheit, Namur jusqu’à Fosses-la-Ville). Mais cette colline stratégique est l’objet d’attaques incessantes et les Prémontrés abandonnent les lieux pour l’Abbaye de Beaurepart-en-Île, aujourd’hui le Grand Séminaire de Liège. La situation sanitaire s’améliorant, la léproserie est fermée, fait place à une foire aux bestiaux et le couvent déserté devient une forteresse, détruite en 1336 par les Liégeois eux-mêmes en révolte contre leur Prince-Evêque.

Ah! Y avait de l’ambiance en ce temps-là et encore, je vous résume les péripéties…

Le lieu déserté est octroyé ensuite aux Chartreux qui y érigent un nouveau couvent, y vénèrent Saint-Bruno et y restent jusqu’à la Révolution liégeoise en 1794. 

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Ci-dessus, Saint-Remacle à gauche, les bâtiments de la léproserie et le couvent des Chartreux à flanc de coteaux.

Le couvent est détruit en grande partie et les ruines sont cédées aux Petites Soeurs des Pauvres qui s’y installent et y accueillent les plus démunis.  Ces dernières années, le bâtiment devint un Park-hôtel et aujourd’hui, est en complète réhabilitation pour y installer une résidence de luxe pour seniors.

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P1050914.JPGLa léproserie, quant à elle, devint le Carmel de Cornillon qui abrite toujours aujourd’hui des soeurs Carmélites. Il est possible d’assister à des offices.

Tout cela sur la face mosane de la colline.

 

Vers l’Ourthe, c’est l’ordre missionnaire des Oblats qui rachète à la fin du 19ème siècle l’ancien casino de la rue du Beau-Mur et y fait construire une église néo-gothique durement touchée pendant la deuxième Guerre mondiale et qui est désormais fermée au public.

 

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T_II_F_3_53.gifVoyons maintenant le sommet de la colline. La forteresse construite puis détruite en 1336 est remplacée plus tard par un fort hollandais à la Vauban qui devait compléter la Citadelle érigée en face sur l’autre rive de la Meuse. 

Malheureusement, l’urbanisation de la région de Péville rend ce rôle très périlleux avec l’avènement des canons longue portée ; la forteresse devient alors simplement une caserne de 1891 à 1981, une garnison ennemie, une prison et un hôpital au gré des différentes guerres et des occupants français, belges, allemands, américains… 

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La Chartreuse aujourd’hui est un but de promenades et de découvertes en pleine nature.

On y monte par le Thier de la Chartreuse, puis une ruelle et l’ancienne route d’Aix-la-Chapelle surplombée par l’Arvô, ancien pont fortifié entre la ferme des Chartreux et leurs terres.

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Les bâtiments militaires abandonnés ont été la proie de promoteurs immobiliers qui ont laissé tout aller à l’abandon. Ce patrimoine inestimable ne peut plus être que démoli, il n’y a rien à sauver malheureusement. Visite surréaliste au pays du tag, du paint ball et des milices para-militaires hollandaises!

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Si c’est bien peine perdue pour le sauvetage des bâtiments, la Ville de Liège et des associations écologistes ont acquis une grande partie du parc. Des chemins de promenade montant notamment du parc des Oblats, la merveilleuse lande des aubépines, les dalles minérales (zones ouvertes), une partie en gestion raisonnée (les îlots forestiers de sénescence ) pour la sauvegarde de la biodiversité de la faune et de la flore, des lieux romantiques au gré des fortifications… On n’est pas loin de Brocéliande!

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Nous avons découvert ce lieu au départ du Thier de la Chartreuse mais il est aussi possible de l’atteindre par le parc des Oblats (Grivegnée-bas) et Péville (Grivegnée-haut). Nous y reviendrons en automne car le parc de 19 hectares ne contenant que des feuillus, si l’automne n’est ni trop pluvieux ni trop venteux, on pourra y faire de superbes photos et y vivre comme un été indien!

Que de choses trouvées sur le net ! Ce lieu est devenu emblématique pou les écologistes mais aussi pour les historiens, les photographes en quête d’ambiances particulières!  Elle, aussi, a bien des mystères, notre verte colline liégeoise!

Petit album avec quelques clichés à droite!