Maria, fringante septuagénaire un peu désargentée, tient une jolie boutique de mode à Los Angeles. Venant de perdre sa soeur et entreposant toutes les affaires de celle-ci dans une petite pièce de sa propre maison, elle découvre tout à coup une carte postale représentant le célèbre tableau d’Adele Bloch-Bauer par Gustav Klimt.
Le passé lui revient alors en mémoire car Adele, c’était leur tante chérie morte très jeune d’une méningite. Elle se souvient parfaitement de ce superbe collier qu’elle l’aidait à fixer autour de son cou lors de ces soirées viennoises où leurs familles juives côtoyaient la plus belle société intellectuelle. La guerre arriva, Maria dut fuir tout cela soixante ans auparavant…
Mais nous sommes en 1998 et une loi permet dorénavant aux familles spoliées par le régime nazi de faire valoir leurs droits sur leurs biens familiaux volés. Maria Altmann va dès lors s’allier à Randol Schoenberg, un jeune avocat petit-fils du grand compositeur viennois Arnold Schoenberg, pour tenter de récupérer les tableaux de Klimt, possession de l’état autrichien et notamment cette Dame en Or considérée comme la Joconde autrichienne, icône du musée du Belvédère.
On retrouve ici le même cheminement des jeunes générations face au drame du nazisme que dans le film Labyrinthe. Là, un jeune Allemand tente de comprendre pourquoi un de ses amis s’auto-détruit. Par son histoire, il va découvrir le mot « Auschwitz », l’horreur qui se cache derrière et la dissimulation organisée par la génération des survivants, bourreaux comme victimes. En tant que jeune Allemand, il en sortira meurtri mais victorieux.
Dans La femme au tableau, c’est un jeune avocat juif américain, petit-fils d’Arnold Schoenberg qui décide d’aider une amie dans sa quête pour récupérer des tableaux. Il agit tout d’abord par intérêt, on est en 1998 aux débuts d’internet et il comprend tout de suite, par quelques recherches sur le web naissant, des sommes colossales en jeu. Il est dans une passe difficile et décide de son action uniquement par intérêt pécuniaire. Mais un voyage à Vienne avec sa cliente, sur les traces de leurs ancêtres et de leur passé tragique, va changer sa vision des choses. La seule restitution des tableaux volés et indûment considérés comme patrimoine de l’état autrichien devient sa priorité au-delà des sommes astronomiques en jeu.
http://www.aufeminin.com/embed/n267002/v1/20150704/v510006_28287_2
C’est aussi un peu la suite de Monuments Men.
Maria Altmann est très présente sur Internet. Vous trouverez énormément de documents antérieurs à ce film. Je vous propose celui-ci, datant de 2006, où l’on voit la vraie Maria nous parlant d’une époque incroyable, d’une Vienne carrefour de civilisation. Et l’on est pris de vertige en voyant de nos propres yeux ce qui va passer peu de temps après. Comment un peuple va anéantir ses intellectuels de la plus horrible des façons.
Il est vrai que pas mal d’amis me disent souvent que les Autrichiens d’aujourd’hui vous soutiendraient en toute mauvaise foi qu’Hitler était allemand et Beethoven Autrichien… N’oublions pas la mésaventure Kurt Waldheim et plus près de nous, Jörg Haider dont l’irrésistible ascension ne fut stoppée que par sa mort accidentelle.
Si vous avez vu le film (ou pas), ceci ne peut que vous intéresser, vous bouleverser. Quel document!
(Je ne l’ai malheureusement pas trouvé sous-titré en français – je cherche toujours, il doit exister puisqu’il est produit notamment par France Télévisions – mais l’anglais n’est pas très difficile à comprendre dans son essentiel…)
Fritz Altmann, chanteur d’opéra et mari de Maria, connut bien des mésaventures qu’on ne relate pas dans le film mais dont parle Maria dans le document. Voici son témoignage: http://schoenblog.com/?p=656
Un conseil: allez voir ce film!
Très beau document présenté par Maria Altmann , avec d’authentiques photos de famille et reportages d’une vie glorieuse et magnifique dans le Vienne bourgeois d’autrefois . (avec aide d’autres articles en français car anglais un peu défaillant ).
Cette histoire se termine bien pour Maria et les siens après une âpre bataille judiciaire avec l’Etat Autrichien. Mais d’autres tableaux sont toujours en attente d’une restitution…….à ..d’éventuels héritiers.
Et que dire de tous ceux qui ont spoliés les Juifs et dont les descendants ont » hérité » de ces biens sans trop se poser de questions ????
Parmi les nombreux reportages vus à la TV sur la guerre 40-45 , celui qui m’a le plus interpellé est celui d’un homme polonais qui s’est volontairement fait arrêter et enfermer à Auschwitz . Il a réussi à s’évader et il a transmis aux Alliés un document explicitant l’Horreur des Camps ! Et personne n’a bougé……
J’aimeJ’aime