Ô sainte B…

Sainte B… au pif, dans la foulée, on pense à : 

– Sainte-Barbe, la patronne martyre des mineurs et des carriers, si familière en nos régions (une potale la représentant avait été installée dans le tunnel de Cointe pour protéger les ouvriers chargés du percement) 

– Sainte-Bernadette (Soubirous) qui veille à la prospérité de Lourdes

– Sainte-Beuve, c’est un homme ! l’écrivain et critique du XIXème siècle

– la Sainte-Baume, le gros caillou entre Toulon et Marseille qui approvisionna notamment ces deux grandes villes en glace naturelle  

La Sainte Bible ? En ces temps de Noël… Mais non, ce n’est pas dans mes idées, comme on dit pudiquement ici!

Alors, cette B… que je révère aujourd’hui, qui peut-elle être? Oh, un objet au départ pas tellement glamour qui glougloute et fait immanquablement penser aux papys et aux mamys frileux, un peu comme le Damart… Sauf que, comme le Damart justement, elle a pris un sacré coup de jeune, LA BOUILLOTTE! On en voit de toutes les formes et de toutes les couleurs, écolo et bio qui carburent à toutes sortes d’énergies.

Par ces temps de grand froid, je vous offre donc une parenthèse calorifère !

Mais attention! Si vous tapez « Bouillotte » dans votre moteur de recherche, vous trouverez des tables et des lampes Louis XVI et Empire. On se souvient que Marie-Antoinette avait la passion du jeu et qu’elle contracta des dettes qui mirent en péril plus d’une fois le règne de son mari. À l’époque apparut le jeu de cartes « Bouillotte » et avec lui le mobilier adéquat…

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Mais revenons à nos confortables calories.   

C’est que la bouillotte a toujours existé et bon nombre de ses antiques déclinaisons se trouvent encore sans problèmes sur les brocantes ou chez les antiquaires. En cuivre, en laiton, en grès, en fonte  

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Fonctionnant avec des braises, de l’eau chaude ou à mettre au four

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Portative pour le voyage… de toutes les sortes, souvent de très beaux objets!

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La bouillotte ringarde et démobilisée par la modernité, c’est ce que je croyais jusqu’à ce mois de mars de l’an dernier où une douleur vraiment atroce me coinça plusieurs jours durant l’épaule droite. Rien de la pharmacopée moderne n’en vint à bout, j’en pleurais à chaudes larmes à chaque petit centimètre de déplacement de mon bras. Jusqu’à ce que mon amie Barbara m’apportât une bouillotte à eau sous fourrure polaire. Cette frileuse à 200% me persuada que c’était le remède miracle, je confirme! La douce chaleur irradia dans mon articulation endolorie et m’apporta enfin un vrai soulagement!

Un premier miracle.

Qui me fit voir la bouillotte à papa sous un autre oeil et franchement, je suis entrée dans une modernité du produit que je ne soupçonnais pas. Alors si vous avez froid, voilà de quoi vous réconforter, il y en a pour tous les goûts, je vous fais le catalogue ?

Les plus modernes: aux noyaux de cerise ou aux graines de blé enveloppés d’huiles essentielles relaxantes de lavande provençale, au gel chauffant. De toutes les formes, doudous pour petits et grands. On les passe au micro-ondes et hop! 

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 Les bouillottes pour les mains, pour les pieds, pour le dos, pour le cou…

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Et toujours à l’eau chaude, aux céréales, au gel et le chauffe-lit antique reconverti à l’éléctricité. Quelles que soient les parties du corps, le confort est là! Et on peut même se la jouer petit renard tour de cou sans sacrifier le moindre goupil…

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Mais vous aimez l’eau chaude ; le plaisir de sentir le liquide se déplacer, gouglouter, ronronner, c’est déjà bien relaxant. Pour ne pas gâcher le plaisir esthétique, il existe aujourd’hui des merveilles de poésie, d’humour et de design !

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On peut faire dans le plus traditionnel et même se tricoter une jolie housse perso…

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Un deuxième miracle !

Celui qui me fait vous écrire ce post… Depuis presque deux ans, le sommeil me fuit. Moi la grande dormeuse devant l’éternel! Dormir était depuis toujours un des mes grands plaisirs et bien des fois, mon mari me disait que me voir dormir le rassérénait, lui l’insomniaque… Mais le veiller pendant quatre mois dans un fauteuil inconfortable à quelques centimètres de son lit, l’esprit toujours en éveil au moindre souffle, au moindre mouvement m’ont fait perdre le sommeil. Des pilules, je n’ai pas osé, il faut que tous les matins à 8 heures, je sois opérationnelle pour mes élèves. Alors, que faire ? J’en étais épuisée il y a une semaine encore. Et puis j’ai repensé à la bouillotte, à sa chaleur enveloppante et ça marche! La chaleur irradiante facilite la relaxation profonde et l’endormissement, j’apprécie pendant ces vacances sans réveil barbare. On verra à la rentrée scolaire mais en attendant, je savoure. Et je récupère.

Bouillotte.jpgAvis à vous tous les amis en délicatesse avec le sommeil, la bouillotte, la bonne vieille bouillotte peut vous permettre d’apprivoiser le doux dodo tant recherché. Sous la couette, un demi-litre d’eau chaude qui vous accompagne doucement jusqu’au réveil, quoi de plus simple? Et si vous êtes frileux, ça marche tip-top et c’est pas cher!  

Ô sainte Bouillotte, merci!

   

 

Collés !

Voici quelques semaines – et ci plus bas pas bien loin -, je vous avais proposé un petit jeu de reconnaissance d’une vue de Paris. J’avais misé sur l’omniscience de quelques ami(e)s à propos la capitale française.

Mais que nenni !

Dominique de Saint-Lazare a été la plus courageuse, me proposant Saint-Germain puis le jardin Anne Frank près de la rue Rambuteau, bel effort qui nous rapprochait du but… Micheline a tenté Montmartre. J’ai rectifié le tir en parlant de Picasso restauré… Plus rien d’autre. Les amis Bruno et José sont restés muets. Un peu déçue.

Alors entre les deux frénésies de fin d’année, je m’octroie une petite plage de calme pour vous donner la solution.

L’endroit, tellement secret, mérite vraiment découverte et explications !

DSCN0500.JPGIl s’agit du jardin Francs-Bourgeois-Rosiers situé sur le site de la Maison de l’Europe, au 35 de la rue des Francs-Bourgeois dans le Marais.

C’est en sortant d’une exposition au Musée Carnavalet en juin 2012 que, à la recherche d’un endroit calme afin d’échapper aux hordes de touristes arpentant le quartier, j’ai traversé une cour, passé une porte et découvert ce havre de paix. L’immense cheminée le surplombant avait également attiré mon attention, une telle cheminée en plein 4ème arrondissement, incongrue!

De retour a casa, j’ai creusé le sujet. Je vous livre le fruit de mes recherches.

 

Pour l’atteindre au départ de la rue des Francs-Bourgeois, il faut donc entrer dans l’Hôtel de Coulanges au n°35.

Ce bâtiment en soi est déjà chargé d’une histoire peu banale.

Construit au bord de l’enceinte de Philippe Auguste (dont on peut voir de nombreux vestiges dans cette rue), il appartint tout d’abord au Prieuré de Saint-Catherine du Val des Ecoliers. Puis en 1391, aux frères d’Estouteville qui aménagèrent le jardin. En 1639, Phlippe de Coulanges en devint propriétaire. Cet homme est l’oncle de Marie de Rabutin-Chantal, une jeune orpheline qu’il recueillit et qui y vécut jusqu’à son mariage qui lui conféra alors le nom de Madame de Sévigné. L’hôtel subit des travaux au XVIIIème siècle, connut de nombreux propriétaires pour être enfin inscrit en 1926 à l’inventaire des Monuments historiques. Il échappa à la démolition en 1961, fut rénové et devint la Maison de l’Europe en 1978.

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Le jardin maintenant. Plus de 1000 m2 ouverts au public depuis 2007 : une grande pelouse, des arbustes, des jeux pour enfants, des bancs, le calme, pas de touristes, quelques habitants âgés du quartier… Oui, un lieu improbable! Il porte également le nom de Rosiers car on peut depuis cet été 2014 y accéder par la rue des Rosiers. Une deuxième partie du jardin (elle aussi de plus de 1000 m2) s’étend à l’arrière de l’hôtel d’Albret et accueille une végétation plus exotique et odorante. Pas de nouvelles photos à vous proposer malheureusement car lors de notre passage dans la rue un dimanche d’août, tout était clos.

Et la grande cheminée, me direz-vous… Ah, là aussi, c’est une histoire « abracadabrantesque » comme disait le Grand Jacques ! Elle était la propriété de la Société des Cendres sise au 39…

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Usine qui recueillait les scories de métaux précieux auprès des orfèvres, bijoutiers et autres dentistes et qui les traitait en les brûlant dans un haut-fourneau, étonnante activité retracée dans cet article :

http://pietondeparis.canalblog.com/archives/2012/08/21/24934268.html

Le bâtiment restauré abrite aujourd’hui la marque de vêtements japonais UNIQLO. En se promenant sous la verrière, on peut voir la base de la fameuse cheminée spectaculaire à souhait !

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Si l’on compte dans une même rue des endroits aussi exceptionnels que le Musée Carnavalet, le Crédit Municipal et les Archives Nationales, celui que je vous ai permis de découvrir ne manque pas non plus d’intérêts historiques multiples, mélangeant les origines du quartier, son développement au 17ème siècle, un épisode de la vie de notre grande épistolière, un passé industriel étonnant, une présence européenne qui est devenue le point de chute des étudiants Erasmus, et un espace vert labellisé « Espace vert écologique ». Pas mal sur si peu de place…   

Le fond des fonts

Tout le monde à Liège (et au-delà, j’espère) connaît ce monument emblématique, ce chef-d’oeuvre du Moyen Âge : les Fonts baptismaux de Saint-Barthélemy.

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Ayant dû rassembler tant bien que mal mes souvenirs pour expliquer l’originalité de ce monument lors de deux visites impromptues, je me suis dit qu’il était peut-être temps de faire le point. Mes recherches m’ayant conduite sur une piste inattendue, je les partage ! Car, oui, cet extraordinaire objet représente le savoir-faire des orfèvres mosans sauf que… Vous allez voir!

Ces fonts baptismaux avaient à l’origine pris place dans l’église Notre-Dame-aux-Fonts, baptistère de la Cathédrale Saint-Lambert, la petite chapelle à l’avant-plan sur ce dessin à l’intersection des trois chemins.

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Ah, la cathédrale Saint-Lambert ! fantasme de tous les Liégeois qui la pleurent encore et toujours au point de l’avoir symbolisée sur la nouvelle Place Saint-Lambert. À droite du tunnel routier, la place des deux tours séparées par un dallage en croix. Plus loin, les colonnes traversant même la route et filant vers la place du Marché et le Perron, sur l’ancienne esplanade du Tivoli…

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Cet exceptionnel vaisseau de pierre pouvait contenir 4000 personnes ; avec sa flèche de 135 mètres de haut, elle était la  plus grande cathédrale du monde nord-occidental au Moyen Age. Sa destruction commença en 1794, lors de la Révolution liégeoise.

Les fonts baptismaux échappèrent au même sort (sauf deux boeufs du socle et le couvercle disparu – on chuchote qu’il se trouverait dans les combles du Victoria and Albert Museum de Londres) et furent transférés à la Collégiale Saint-Barthélemy toute proche en 1803, où on peut encore aujourd’hui les admirer.

 Pour tout le monde, ces fonts baptismaux sont l’oeuvre de Rénier, orfèvre de Huy entre 1107 et 1118. La pièce est en laiton, confectionnée d’un seul tenant à la cire perdue, avec un moule en argile dans lequel on a coulé le métal en fusion. Après le refroidissement, le moule fut brisé et la pièce parachevée (surfaces lissées, inscriptions gravées…). Pour réaliser cette pièce maîtresse de l’art mosan, l’artiste a dû faire la synthèse des techniques antiques, byzantines et mosanes.

Sauf que…

Sauf que des voix s’élèvent aujourd’hui pour contester tout cela!

Il y aurait notamment la composition de l’alliage qui semblerait être espagnole et sarde ; l’origine serait alors caroligienne et byzantine et non pas seulement mosane… ou alors romaine car les figurines sont réalisées comme celles de la colonne trajane. On parle même d’un butin de rapine lors d’un sac de Rome… 

 Voici ce que l’on trouve comme informations sur le site de la Ville de Liège :

L’origine de ces fonts suscite bien des questions. Les sources sont rares, et les informations sont soit incomplètes, soit suspectes. Deux noms d’auteurs possibles ont été cités : Lambert Patras, batteur dinantais, et Renier, orfèvre hutois. Mais ces attributions ne reposent pas sur des bases scientifiques satisfaisantes.

Depuis 1984, deux hypothèses s’opposent quant à l’origine même des fonts :

  • selon l’une, ils seraient le chef-d’œuvre de l’art mosan, fabriqués dans nos régions à l’époque où ils furent placés dans l’église (1107-1118).
  • selon l’autre, ils seraient l’œuvre d’artistes byzantins de la fin du Xe siècle, et auraient pu être fondus à Rome sur ordre de l’empereur Otton III, puis razziés en Italie par une armée liégeoise à l’époque de leur apparition en l’église baptistère.

Certains spécialistes n’excluent pas qu’ils aient pu être fondus en pays mosan avec la collaboration ou sous l’influence d’artistes byzantins, vu l’importance du rayonnement culturel de Constantinople au coeur même de l’empire germanique. Des analyses de laboratoire, effectuées en 1993, n’ont pas permis de confirmer l’une ou l’autre hypothèse : elles démontrent seulement que le plomb présent dans l’alliage provient d’Espagne ou de Sardaigne, alors que d’autres oeuvres du XIIe siècle, d’origine mosane incontestable, ne contiennent que du plomb local.

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Au gré de mes recherches, j’ai trouvé des représentations de nombreux fonts baptismaux romans du même style aux alentours de Liège mais tous ont une cuve en pierre…

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Voulez-vous vous faire votre propre opinion? Voici quelques liens qui vous y aideront. Vous y trouverez également la description précise de l’oeuvre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fonts_baptismaux_de_Saint-Barth%C3%A9lemy 

http://www.liege.be/culture/musees/les-musees-de-liege/fonts-baptismaux-de-saint-barthelemy

Vous voulez mon avis? Il y a là matière à un bien beau roman policier historique ! C’est la mode (et j’y ai succombé avec bonheur notamment avec le beau Nicolas le Floch!) avec des intrigues souvent situées en Italie ou à Paris. Pourquoi pas dans la capitale de notre Principauté épiscopale appelée à l’époque « la Rome du Nord », aux confins de la Germanie, dans le pays de Charlemagne, avec à sa tête un prince-évêque…Oh, les intrigues!!! J’aurais un talent de romancière que je démarrerais tout de go!

Le lieu d’hébergement des fonts, Saint-Barthélemy, a aussi subi de nombreuses restaurations ces dernières années. De son aspect connu de tous dans les années d’après-guerre

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Voici comment elle nous apparaît aujourd’hui en face du musée du Grand Curtius. Un enduit typique des églises rhénanes de la même époque a été posé, la protège et lui rend ainsi une nouvelle jeunesse.

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Et savez-vous, qu’en dehors du chef-d’oeuvre que je viens de vous présenter, il en existe un autre dans cette église? Un plus contemporain dû à la main d’un grand comédien!

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Cet agneau du sacrifice, oeuvre du sculpteur Jean Marais.

compostelle.jpegDécidément, oui, cette collégiale vaut le détour d’autant qu’elle était sur un des chemins de Compostelle. La conque symbolique à ses pieds. Et que ses orgues viennent d’être restaurées. Trop de trop…