En 1913, pour créer cette œuvre maîtresse de la musique du XXème siècle qu’est le Sacre du Printemps, ils étaient quatre :




Le directeur des Ballets Russes Serge Diaghilev, le compositeur Igor Stravinski, le chorégraphe Vaslav Nijinski et le scénographe Nicholas Roerich.
Nicholas Roerich (1874-1947) est alors un célèbre peintre russe. Diplômé de l’Université de Saint-Pétersbourg en droit et de l’Académie des Arts, il fréquente les figures intellectuelles de l’époque: Stassov, Repine, Rimski-Korsakov et Diaghilev. Il a déjà collaboré avec ce dernier pour les fameuses Danses polovtsiennes du Prince Igor.

Il se lie d’amitié avec Stravinski et le seconde dans l’élaboration de l’argument du Sacre du Printemps, par sa passion pour l’archéologie, les rites anciens et la philosophie. Il avait notamment visité avec Héléna, son épouse et muse, plus de 40 villes, en quête de monuments antiques et des racines de la culture russe.
Nous sommes en 1913. De nombreuses photos et dessins témoignent de la création du Sacre. Ce qui a permis de reconstituer la chorégraphie et la scénographie originales.










C’est à ce titre que le nom de Nicholas Roerich est à la postérité connu des mélomanes. Et cela aurait suffi à sa gloire.
Mais pendant les 35 ans du reste de sa vie, il va révéler bien d’autres facettes de sa personnalité!
Terminons-en avec l’époque des Ballets et Saisons russes.
Nommé directeur de l’École de la Société impériale de l’Encouragement des Arts, il participe à de nombreuses expositions partout en Europe. Les plus grands musées (dont le Louvre) acquièrent ses tableaux. Des livres et des magazines d’art lui sont dédiés. En 1916, il s’exile en Finlande pour des raisons de santé. L’y rejoignent des artistes fuyant la Révolution de 1917. Les frontières étant dorénavant fermées, il est condamné à rester en Scandinavie, s’intéresse à son folklore et continue sa collaboration avec Diaghilev notamment pour le ballet Peer Gynt.



En 1920, Roerich tente l’aventure américaine, devient le directeur de l’Institut d’art de Chicago et organise une tournée de grandes expositions dans 30 villes américaines. Un peu plus tard, il rencontre Louis L. Horch qui devient son mécène et fait construire « The Master », un building de 29 étages dont les deux premiers sont dédiés à son art.




Et c’est ici que le destin de Roerich bascule et devient original et universel!
Épris depuis toujours de philosophie orientale, Nicholas et son épouse Héléna créent l’Agni Yoga Society d’inspiration théosophique, dans la recherche de valeurs universelles. Ils entreprennent un immense voyage en Asie pendant lequel ils découvrent le Tibet. Le peintre nous lègue alors des centaines de tableaux et des écrits, témoignages de ces paysages lointains et de sa spiritualité personnelle.





Quiconque a visité l’Himalaya ne peut y rester insensible… Pour ma part, ils me rappellent mon propre éblouissement devant ces sommets qui vous toisent de leur splendeur glacée hypnotique mais plus encore, ces jeux de lumières, ces immenses ombres violettes qui balayent les oasis du désert minéral que sont le Ladakh et le Zanskar. Souvenirs personnels très forts!















Me permettrez-vous devant ces beautés de vous livrer deux souvenirs de cette région du petit Tibet que nous avons explorée en 1986?
Dans l’avion tombeau volant qui nous conduisait de Delhi à Srinagar, un ami membre de l’expédition m’appelle, il était près du hublot: « Des nuages à ton avis? » Devant nous barrant l’horizon de part en part une mer blanche… « Oui… non! la barrière himalayenne… » Tous les 8000 de la Terre sous nos yeux dont l’Everest!
À pied cette fois en gagnant le camp 1 sur le grand plateau du Nun-Kun que nous devions escalader. Une immense crevasse à passer à chaque ravitaillement mais l’effort et les risques encourus valaient la peine car on se retournait et on avait la gifle du massif du Nanga-Parbat, 3ème 8000 après l’Everest et le K2. En majesté. Rien que pour nous…
Revenons à Roerich! Il se métamorphose et il rencontre Nehru et Indira Gandhi…



Avouez qu’on est loin du dandy de Saint-Pétersbourg, de Paris et de New York! Mais ce n’est pas tout!
En 1929, il crée « la Croix Rouge de l’art et de la culture », devenu le Pacte Roerich en 1935 qui servit à l’établissement de la Convention de La Haye sur la propriété culturelle et artistique. Il est pour cela nominé pour le Prix Nobel de la Paix. L’UNESCO s’en inspire pour sa « Convention sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé », d’actualité devant les exactions de DAESH notamment…
Sa bannière de la paix qu’on retrouve dans nombre de ses tableaux:



Vous n’êtes pas au bout de vos surprises, une dernière car cet homme a des ressources insoupçonnées! Roerich est à l’origine de l’inclusion sur le dollar américain de la Grande Pyramide surmontée de l’œil de la Providence…


Nous voilà à la fin d’un voyage des plus étonnants, n’est-il pas, avec ce sacré Nicholas!



Quel intéressant récit et quelle belle découverte. Je ne pense pas avoir croisé une de ces peintures…et c’est bien dommage. J’en accrocherais bien une dans mon salon 🤔
Pour la « grande » histoire, as-tu quelques photos de ces lieux mythiques à partager avec nous (si tu n’en a pas déjà glissées « incognito » dans ton récit)
Merci encore pour tes contribuons dans ce super blog !
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De nos années de montagne, je n’ai malheureusement que des diapositives, mon homme ne voulait que cela. Des dizaines de valisettes gisent dans le grenier, j’ai l’intention d’aller y faire un tour et de voir ce qu’il en reste car les films dias vieillissent paraît-il très mal. Si je trouve encore quelque chose de valable, j’achèterai un appareil pour les numériser… Pour l’expé au Cachemire Indien, j’ai fait énormément de dias et je dois avoir quelques photos noir et blanc, et également quelques-unes en couleurs réalisées par un membre de l’expé avec un Rolleiflex. Mon homme avait aussi réalisé un petit film mais malheureusement certaines bobines avaient été griffées lors du développement par le labo photo. Jamais monté, je pense… Je vais faire des fouilles!!!
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Waouu , quelle vie fabuleuse pour cet homme « bien-né » ! Monsieur Onkelinx nous en avait esquissé » le portrait » en présentant la musique russe . Ce blog complète la vie de ce grand personnage aux multiples talents dédiés à l’Art , la Culture , la Beauté et la Paix .Peintre il est , et toute son œuvre est d’une beauté incomparable avec ses couleurs chatoyantes et son symbolisme .De par ses nombreux voyages et de rencontres avec des célébrités , il nous a livré des souvenirs empreints d’une grande humanité .Le Pacte de Roerich résume bien sa pensée philosophique ( reflétée dans certaines peintures) et si aujourd’hui son nom semble inconnu pour la plupart d’entre nous , il nous lègue une œuvre colossale présente dans bien des domaines , et même monétaire aux USA.
Ses deux fils ont hérité du » savoir paternel » ,l’un est devenu artiste peintre et l’autre ,un grand chercheur orientaliste au Tibet .La descendance s’arrête là ,le nom s’oublie peu à peu mais l’œuvre continue à vivre pour … l’éternité .
Cet homme au destin fascinant m’a fait voyager et j’aime ça !
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