C’est le titre du livre du sociologue flamand Luc Huyse (consacré à l’Apartheid) qui accueille dorénavant le visiteur de l’Africamuseum de Tervuren.
Auparavant pavillon colonial lors de l’exposition universelle de Bruxelles en 1897, il se métamorphose en « Musée colonial » par la volonté du roi Léopold II ( inauguré en 1910 par Albert 1er). Il portera ensuite le nom de « Musée du Congo belge » et après 1960, « Musée Royal de l’Afrique Centrale ».
Le voici par un samedi gelé de janvier 2019, s’étant refait une virginité décolonisatrice, avec adjonction d’une aile d’accueil moderne à l’extrême gauche où je me trouve (avec l’excellent restaurant TEMBO que je vous recommande chaudement). On rejoint le palais-musée par un couloir souterrain plein de surprises.
Pour mieux savourer la métamorphose, jetons un coup d’œil sur son passé…
Si le buste du roi Léopold II a été aujourd’hui remplacé par la sculpture « Souffle nouveau » d’Aimé Mpané, c’est pourtant bien grâce ou à cause de ce souverain que la Belgique va devenir une nation colonisatrice et richissime jusqu’à l’après-deuxième guerre mondiale. Et ainsi que de fabuleuses collections uniques au monde vont être engrangées.
Léopold II fut le monarque qui fit entrer la Belgique dans l’ère de la modernité industrielle et architecturale qu’il avait découverte en Angleterre et dans le Paris du baron Haussmann. Rendons à César…
Mais comme ses voisins européens, il avait des ambitions colonisatrices.
Dès 1876, il organise une association internationale comme paravent pour son projet privé d´exploitation des richesses de l’Afrique centrale (caoutchouc et ivoire). Il est aidé par Stanley contre l’explorateur français de Brazza pour acquérir des droits sur la région du Congo. La région devient sa propriété personnelle, qu’il agrandit avec le Katanga. Ayant pris comme exemple les méthodes brutales des Hollandais face aux populations autochtones notamment « les mains coupées », il est mis en cause dès 1894 par les autorités internationales qui organisent une Conférence internationale sur le sujet. Il est jugé par ses pairs et se voit alors contraint en 1908 de céder ses biens à l’État belge ; biens qui deviendront le Congo belge jusqu’à l’indépendance en 1960.
Léopold II organise en 1897 à Bruxelles une Exposition internationale. Le pavillon africain est construit à Tervuren avec un village africain « zoo humain » selon la tradition de l’époque.
Le succès fulgurant amène Léopold II à envisager la construction d’un véritable musée colonial, le Musée du Congo. Il engage Charles Giraud, l’architecte du Petit Palais de Paris. Mais le roi meurt en 1909 et c’est son successeur Albert Ier qui l’inaugure.
Le musée changea de nom, certes, mais eut du mal à se moderniser…
La transformation fut envisagée dès 2007. Il s’agissait de mettre les collections au goût du jour muséal mais également de les « décoloniser », de faire découvrir et admirer le patrimoine culturel et naturel de l’Afrique centrale. Dans la foulée, des associations réclamèrent la restitution de certains objets aux états africains. La position actuelle du musée est de dire que ces centaines de milliers d’objets, témoins d’une civilisation essentielle à la compréhension de l’aventure humaine, ont été sauvés de la destruction par l’action muséale.
Et pour ma part, je suis de cet avis.
Je ne suis jamais allée en Afrique, je ne suis pas portée instinctivement vers cette civilisation mais que de merveilles ai-je découvertes lors de cette visite! Les yeux totalement écarquillés… Et je comprends la fascination des artistes européens du début du XXème siècle face à elles… Peut-être les odeurs de la savane et de la forêt tropicale vont-elle me titiller?
La découverte du désormais Africa-museum de Tervuren s’est faite en deux temps
La visite du matin fut plutôt consacrée à l’architecture primitive et à la rénovation.
En route pour le couloir souterrain. Tout commence par cette immense et lourde pirogue (plus de 22 mètres de long, pas loin de 4 tonnes confectionnée dans un tronc de Sipo) utilisée par Léopold III. Dernier objet à quitter le vieux musée, elle fut la première à entrer dans le nouveau. Placée dans le couloir souterrain, elle fut installée lors de la construction. Impossible de la sortir aujourd’hui…
On passe ensuite, toujours dans ce couloir, par le dépôt. Lieu dans lequel sont consignées les statues colonialistes…
Ensuite, promenade dans un bâtiment exceptionnel… L’architecture initiale est respectée avec une touche de modernité indéniable
L’après-midi, visite d' »objets »… Des masques, des statues, des objets par milliers d’une beauté insolente, émouvante. Quelques photos, moisson bien dérisoire…
Et les animaux, dont l’emblématique éléphant, dans la grande section de la biodiversité fréquentée par des centaines d’enfants!
On en ressort à la nuit tombée. Lune glaciale sur le parc engourdi et l’étang gelé mais que de merveilles au fond des yeux !
Une visite s’impose.
Une visite? ça ne suffira pas pour aller à la découverte de ce musée à nul autre pareil!
Ravi de te relire ! Je me réjouis de revisiter ce musée « new look » qui m’a déjà laissé de magnifiques souvenirs. Sûr qu’après avoir goûté un peu d’Afrique….je le verrai avec des yeux différents.
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Avec mes précédents problèmes d’ordinateur, j’avais perdu certains favoris dont l’accès à mon blog. Et puis, il ne faut se mentir, mettre en page un article, retravailler les photos et réfléchir à écrire quelque chose qui peut intéresser les autres, ça prend des heures… Et mes quatre derniers mois ont été « intenses »! Je ne doute pas que ta future visite à l’Africa museum te comblera et te rappellera de beaux et grands souvenirs! Merci pour ton commentaire, cher ami!
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– Mon amour profond ,ou plutôt ma passion , pour les éléphants a conduit mes pas au Kenya en 2006 .Là-bas , en parcourant les 3 parcs, je me suis immergée dans l’odeur de la savane , j’ai foulé des terres rouges , j’ai « vécu » la vie animale dans son milieu naturel et j’ai goûté à toutes ses saveurs sous d’inoubliables couchers de soleil .
L’Afrique « noire » me captive par ses chants et danses , m’attire par ses traditions , m’imprègne par son atmosphère .
– En me promenant dans ce Musée , j’ai frissonné d’effroi à l’écoute du passé colonial du Congo ,mais j’ai aussi admiré toutes ses beautés et richesses et je me suis replongée , quelques instants , dans son immensité sauvage si belle et si vivante .
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José et toi avez cet avantage sur moi… avoir vécu l’Afrique! Creuset de l’Humanité, quelle richesse culturelle niée des Blancs pendant trop longtemps, et encore aujourd’hui par certains racistes décérébrés… La mue de ce « musée sans pareil » comme le dit la brochure que nous avons achetée rend enfin justice à l’Afrique, continent d’avenir par la vitalité de sa jeunesse!
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José et toi avez cet avantage sur moi… avoir vécu l’Afrique! Creuset de l’Humanité, quelle richesse culturelle niée des Blancs pendant trop longtemps, et encore aujourd’hui par certains racistes décérébrés… La mue de ce « musée sans pareil » comme le dit la brochure que nous avons achetée rend enfin justice à l’Afrique, continent d’avenir par la vitalité de sa jeunesse!
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