De nombreux monuments historiques arborent sur leurs façades des damiers très esthétiques composés de pierres calcaire et de briques comme ici le château de Rumilly (à gauche) et le château Saint-Germain de Livet (à droite).
Le côté esthétique que nous apprécions aujourd’hui n’était pas au départ le but recherché. La technique fut inventée dans la grande zone sismique d’Orient autour du Liban. Entre les Xème et XIIIème siècles, on réutilisa les colonnes antiques en boutisse, imbriquées en sorte que leur plus grande dimension se trouve placée dans le sens de l’épaisseur des murs afin de mieux les stabiliser (comme ici, sur le site de Gibelet).
À un quart d’heure de Liège, un château hesbignon utilise le damier. C’est le merveilleux château de Jehay.
Ce bâtiment jouit d’une réputation mondiale car il est le seul exemple en Europe à être couvert d’un damier alliant la pierre calcaire et un appareillage de grès brun, et non de briques. De plus, le motif est irrégulier, créant ainsi un aspect fuyant et très original.
Quelle est l’histoire de ce château?
On trouve la trace de cette seigneurie proche de l’ancienne voie romaine vers Tongres après l’an mil. Elle était peut-être habitée par un certain Jehan, Jehaing ou Jahin qui devint Jehay. Elle passa aux Awans, aux de Lexhy, à Wathieu d’Athin ; au XVème siècle, aux de Falloise et aux de Sart. En 1492, une certaine Jehanne de Sart se maria avec Arnould de Mérode. Durant plus de deux siècles, le château fut la possession de la famille de Mérode et de grandes restaurations eurent lieu. Vers 1550, le château reçut sa forme actuelle, style gothico-Renaissance (les anciennes fondations et les caves ont été gardées). En 1680, Ferdinand-Maximilien de Mérode vendit le château à François de Gand-Vilain van den Steen. Près de 300 ans plus tard, le comte Guy van den Steen (1905-1999) le vendit à son tour en viager à la Province de Liège qui à son décès, en devint définitivement propriétaire.
Les douves dessinent trois îlots: le château, la chapelle et la ferme castrale.
Les douves furent vidées l’an dernier afin de constater l’état des fondations et la restauration complète du château a commencé, rendant sa visite impossible. Mais le temps pressait pour préserver l’impressionnante collection d’oeuvres d’art réunie par le dernier comte : mobilier (dont un piano de 1780), tapisseries, argenteries, cristaux, orfèvreries, dentelles, boîtes à musique… sans oublier une vaste bibliothèque de vieux livres aux magnifiques reliures. Dans les caves, est exposée la plus belle collection archéo-spéléologique privée d’Europe.
Se promener dans le jardin, lui aussi restauré il y a peu, est un véritable enchantement. On ira au jardin clos avec ses roses anciennes, ses simples, sa vigne, ses arbustes à petits fruits, ses fleurs chatoyantes, ses hôtels à insectes…
Il y a aussi la grande allée et ses cascades aux nymphes, sculptures plus que coquines du comte…
La glacière insondable, la forêt et ses mystères…
Les charmilles, les jardins à l’italienne…
Notre visite fut agrémentée du vernissage de l’exposition « Arts et Métaux » avec quelques installations parfois étonnantes !
Nous y retournerons, en automne par exemple. Même si le temps de ces derniers jours, hum…
Beaucoup d’autres photos de ce lieu exceptionnel dans l’album ci-contre (une fois l’album ouvert, cliquez sur la 1ère photo du pêle-mêle et vous les verrez en grand)! Regardez, vous n’aurez qu’une envie: y aller ou y retourner ! Bonne visite, les amis!