Réveil avec l’Égyptien

Dimanche, dernier jour de vacances à savourer, la furia recommence demain.

Dernier réveil à mon rythme, avec mon petit luxe à moi : ouvrir le volet électrique sur un superbe ciel bleu et du soleil, pouvoir lire un peu sous la couette en duvet avant que le chien en mal de promenade ne me tire de là, allumer le radio-réveil calé sur Musiq3, et les chants de l’aube résonnent, il n’est pas 8h… 

Je savoure pleinement, d’autant que ce que j’entends me fait frétiller les oreilles. L’andante d’un concerto pour piano et orchestre aux sonorités d’abord opulentes (Liszt, Rachmaninov?) puis étonnantes, exotiques, arabisantes. Musique espagnole? Non,  trop « opératique », je fais un certain parallèle avec le superbe prélude de la scène du Nil d’Aida, une sorte de mélopée au-dessus d’un miroitement de sonorités comme un fleuve bruissant de végétation et d’animaux.

Le pianiste me plaît beaucoup : il accentue la modernité des accents et le côté chantant de certains thèmes dignes d’un opéra. L’enchantement dure une dizaine de minutes ; espérons qu’il y ait une désannonce, je suis intriguée!

La désannnonce arrive, en effet. Même si je n’ai pas découvert le compositeur, je suis assez fière de moi. Alors, le compositeur: Camille Saint-Saëns ; L’orchestre : Le Concertgebouw et Charles Dutoit. Le pianiste : Jean-Yves Thibaudet, spécialiste de Satie et de Ravel mais aussi fou d’opéra, il alla même jusqu’à interpréter le rôle du pianiste polonais dans Fedora de Giordano sur la scène du Met, et à enregistrer des airs d’opéra transcrits pour piano… Le concerto : le n°5, surnommé l’Égyptien… 

Zou, debout! En savourant mon café, je veux réentendre cette pièce. Vite, YouTube et Wikipedia pour en savoir plus… 

Voici le concerto complet avec J-Y. Thibaudet et le Concertgebouw toujours mais cette fois sous la direction d’Andris Nelson, un live de 2011.

Si vous voulez partager mon premier enchantement, calez le curseur sur 9m57, début du 2ème mouvement, ce fameux andante, plein écran car image et salle superbes, et laissez-vous bercer pendant dix minutes, vous ne le regretterez pas. Ensuite, réécoutez le tout, c’est vraiment très beau, spectaculaire et pas très courant à entendre.

  

L’explication de Wikipedia :

« LAndante, traditionnellement le mouvement lent et expressif de la forme concerto, débute littéralement sur une explosion : les timbales ponctuent un accord orchestral, suivi par une solide base rythmique des cordes, et par d’exotiques échelles ascendantes et descendantes du piano. Cette introduction débouche sur l’exposition d’un thème basé sur une chanson d’amour nubienne que Saint-Saëns aurait entendu dans la bouche du batelier qui le faisait naviguer sur le Nil dans son traditionnel dahabieh. Ce thème frais et exotique est la première manifestation des sonorités plus orientales et égyptiennes qui ont valu son surnom à ce concerto. Le mouvement, très rhapsodique, fait fusionner dans le même cadre des pensées d’amour, s’exprimant dans quelque phrase orientale, certain thème pentatonique et autres danses arabes. Le piano est d’abord un Nubien chantant son amour, puis nous conduit en Extrême-Orient, puis change de caractère, nous fait voir une image de l’Asie. Encore une fois, la pensée du piano se revire, et nous offre un double thème rebond très virtuose dans le caractéristique style oriental. Le mouvement s’estompe sur des touches impressionnistes de l’orchestre et du piano, évoquant le murmure des grenouilles et des grillons des rives du Nil. »

http://fr.wikipedia.org/wiki/Concerto_pour_piano_n%C2%BA_5_de_Saint-Sa%C3%ABns

Me permettrez-vous de lier encore Saint-Saëns et J-Y. Thibaudet à d’autres souvenirs?

Tous deux ont pour lieu le Théâtre antique d’Orange.

Pour Saint-Saëns, c’était la représentation en 1978 de Samson et Dalila avec l’Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Barenboim. Je me souviendrai toute ma vie de l’introduction des contrebasses sonnant comme une plainte devant le mur gigantesque que je découvrais pour la première fois.

Pour J-Y. Thibaudet, ce fut moins drôle. Il y a une dizaine d’années, nous avions pris des places pour un superbe concert et il fut noyé sous une pluie diluvienne…