Roulez jeunesse!

Depuis un peu plus d’une semaine, nous faisons un ménage déclaré à trois, le crabe s’est invité chez nous ; ce qui explique mon silence depuis quinze jours. Bouleversement de la vie, du futur, des priorités. Course contre le temps entre la vie et la mort, course contre le temps plus prosaïque et quotidienne entre boulot et hôpital.

Je suis devenue une habituée du bus 48 qui monte au CHU de Liège-Sart Tilman. À l’aller, rien de bien spécial. En début d’après-midi, je suis souvent la dernière passagère après son grand périple dans le domaine universitaire.

Mais le soir… c’est autre chose! Rendez-vous avec la jeunesse de toute la planète, quel coup de fouet optimiste!

Ca commence dès l’embarquement : de jeunes stagiaires infirmières le plus souvent africaines et maghrébines, tout sourire et expansives dans le récit de leur journée ; des étudiants en médecine souvent très potaches dans leurs propos – le récit de l’une d’entre elles qui explique aux autres comment scanner les pages de cours sur le téléphone portable, glisser celui-ci dans la cassette du banc et faire un zoom sur les réponses demandées lors d’une évaluation… un grand moment !

Le bus avance dans la nuit, se remplit petit à petit, explose soudain à l’arrêt « amphis » : on entre par toutes les portes, on se compresse. Le plein humain fait, on entame la descente vers Liège. Et alors, pour qui sait tendre l’oreille, le merveilleux métissage commence. Autour de moi, il y a deux garçons qui parlent américain, un petit groupe sud américain qui s’exprime en portugais, deux filles qui s’exclament en flamand, mon voisin de derrière parle l’anglais si chantant des Indiens en roulant délicieusement les « r », en face deux yeux bridés très rieurs me fixent et me font sourire… Quelle belle jeunesse, libre et mélangée dans ce petit espace, un monde idéal de tolérance en miniature. Que ça fait du bien !

Et je ne vous ai pas encore confessé le meilleur : deux tiers de filles pour un tiers de garçons. Largement. Et beaucoup d’entre elles venant de civilisations où leur éducation et leur élévation intellectuelle ne sont pourtant pas des priorités. Bravo à elles ! 

Ces jeunes du bus 48, du peps pur jus qui donne de l’espoir !