Voici une de mes plus belles découvertes littéraires de ces derniers mois. J’avais acheté ce livre non pas pour la renommée de l’auteur, mais en raison du sujet traité : le Paris d’avant Haussmann.
Rose, c’est une vieille dame viscéralement attachée à sa maison. Quand elle reçoit l’avis d’expulsion signé du fameux préfet, elle entre en résistance.
Elle décide alors d’écrire une longue lettre à son mari défunt. Elle y décrit leur vie, celles de leurs enfants, celle du quartier si paisible. Elle raconte aussi son existence de femme, de mère, d’épouse et de veuve. Elle nous fait partager de belles amitiés et son plaisir à la découverte tardive de la littérature. Un lourd secret balaye aussi ces pages. Et puis il y a la maison, celle qu’elle défend bec et ongles contre le projet du préfet exécré. Elle fait le pari fou de la sauver, de faire plier les autorités et l’empereur…
Tout cela fait un récit épistolaire extrêmement original, la narration « en je » étant de temps en temps entrecoupée par des lettres que Rose reçoit. Il s’en dégage un parfum un peu désuet, une certaine lenteur propre à la vitesse de la vie de cette époque. On est très loin de Zola, malgré la violence de la haine de Rose à l’égard du sort réservé à son environnement.
Voici un lien pour tout découvrir : http://www.tatianaderosnay-rose.com/
Tatiana de Rosnay a également fait oeuvre d’historienne. Sa reconstitution de Paris est précise et vivante. il faut dire qu’elle fut aidée par les photographies d’un homme: Charles Marville. Celui-ci avait été chargé par Haussmann de photographier tout ce qui allait disparaître. Il laisse donc un incroyable témoignage de plusieurs centaines de photos…
Patrice de Moncan, incorrigible amoureux de Paris, s’est pris de passion pour l’oeuvre de Marville. Dans une émission de Michel Field, il explique combien le Second Empire a eu mauvaise presse. Lui en avait la passion, une passion connue de ceux qui, ayant hérité de témoignages de cette époque et connaissant leur peu de valeur marchande, se sont tournés vers lui pour s’en débarrasser, dont L’Album du Vieux-Paris édité par Marville en 1865. Celui-ci était alors un des nombreux photographes de la Ville de Paris, sans gloire particulière de son vivant. Moncan lui a tout d’abord dédié deux expositions et ensuite a fait paraître un livre « Paris avant/après » dans lequel il met en parallèle les clichés de Marville et les siens, puisqu’il a cherché à retrouver les mêmes endroits et à les photographier en 2010 sous le même angle. C’est passionnant et cela réhabilite assez souvent l’oeuvre d’Haussmann.
Cet article de l’Express est complété par une vidéo extrêmement intéressante sur la méthode employée et les recherches, je vous la conseille!
Mais Moncan n’est pas le seul à faire cette démarche. Voyez, dans cette émission de la chaîne Histoire, ce photographe qui, lui, part de vieilles cartes postales ; et bien d’autres initiatives qui permettent de redécouvrir Paris et son infinie richesse. Encore et encore, sans jamais se lasser…
http://www.wat.tv/embedframe/907152chuPP3r8328791
Le récit de Tatiana de Rosnay fait à merveille parler ces vieux clichés. Alors, avec toutes ces images en tête, bonne lecture, les amis !