On a tous connu ça, non?
Là-dessus, bonne nuit à tous et bon début de semaine!
On a tous connu ça, non?
Là-dessus, bonne nuit à tous et bon début de semaine!
Bonjour, les amis lecteurs de la prose de ma maîtresse !
Vous avez vu dans le post précédent qu’elle un peu du plomb dans l’aile. Alors moi son chien Bacchus, je prends le relais pour vous raconter mon extraordinaire dimanche dernier. Savoir combien j’ai été heureux avec elle lui rendra la pêche, j’en suis sûr!
Tout a commencé par le sempiternel mal de dos de mon maître qui le rendait incapable de s’occuper de moi en Provence alors que ma maîtresse rentrait en Belgique. Elle décida donc de me rapatrier avec elle : deux trajets en TGV et 7 heures de balade à Paris. Elle a bien préparé son coup car avec un chien comme moi, pas de bus, pas de métro. Il fallait relier la gare de Lyon à la gare de Nord à pattes. Alors, là, fortiche ma maîtresse, elle nous a concocté un parcours extra qui m’a rendu euphorique, bien dans mon collier et au bout de ma laisse!
Dimanche 2 septembre, lever aux aurores, longue balade hygiénique et départ en voiture pour la gare d’Avignon Courtine. Le soleil se lève à peine sur le Ventoux.
Premier partie du voyage en TGV, 1ère classe relookée par Christian Lacroix avec une somptueuse moquette sur laquelle, en me couchant, je me suis senti très vite prêt à exploser de chaud d’autant que j’avais la muselière. Regards désespérés vers ma maîtresse qui décide de quitter son confortable fauteuil pour émigrer vers la voiture bar climatisée genre glaçon et au sol en linoléum. De la fraîcheur, enfin! Je m’affale de tout mon long sur le flanc. On me contourne, on me marche entre les pattes, je m’en fous, je suis bien. Ma maîtresse, elle, va faire les 3/4 du trajet debout à mes côtés. Faut m’aimer tout de même pour faire cela alors qu’elle avait réservé un fauteuil 1ère classe solo…
Nous voilà enfin gare de Lyon à Paris. Paraît que chaque fois qu’elle y va, il fait beau. Patatras, pas de chance: on sort sous un immonde crachin digne de la Toussaint. Si c’est comme cela toute la journée, on va finir liquéfiés, elle et moi, et je vais très vite sentir le fauve.
On a six heures de marche devant nous, performance d’athlète, on commence donc tout doux. Lever de pattes sur tous les arbres de la rue de Lyon et même sur l’opéra Bastille… Ah oui, j’ai oublié de vous dire, son programme à ma maîtresse, c’est de rejoindre le Bassin de la Villette qu’elle a découvert lors d’une émission « Des racines et des ailes ».
On entame le boulevard Richard Lenoir avec un petit marché qui a des relents de La Batte liégeoise. Ensuite des tas de petits squares sympas où malheureusement nous ne pouvons pas entrer mais où des gros bras s’entraînent sur des genres de parcours Vita et ou des couples jouent avec passion au tennis de table… Et puis il y a ces jets d’eau où je peux étancher ma soif.
Et nous voilà enfin là où le canal Saint-Martin est à l’air libre. Je contemple avec ravissement le pont qui s’ouvre, les bateaux qui passent et le miroir d’eau. Je n’ai qu’une envie: plonger bien que je ne sache pas bien nager. Oui, je sais, encore une légende, tous les chiens ne sont pas des champions olympiques. Moi, j’adore l’eau mais là ou j’ai patte et à la limite de flottaison indiquée sur mon poil. Mais oui, on la voit!
On reprend la route et on arrive au pied de l’usine Exacompta-Clairefontaine, parfaitement d’actualité en cette veille de rentrée des classes! Nous marchons depuis une heure et demie et le temps s’est enfin mis au beau. Du soleil avec une petite brume qui rend tout très doux à l’oeil.
Passé Stalingrad, nous voilà enfin à la Rotonde! Ma maîtresse jubile, c’est ça qu’elle voulait découvrir.
En face, le désormais fameux bassin de la Villette.
Nous entamons la balade rive gauche, quai de la Seine, sur une promenade dont le nom ravit ma maîtresse…
Un banc accueillant où nous allons pouvoir plier la patte, boire et nous restaurer de notre casse-croûte tout en côtoyant des tas de copains. Ce grand épagneul fou de Dylan qui essaie de m’impressionner, pfûût ! Et ce pigeon qui ne cesse de vouloir me servir de couvre-chef… une petite heure de repos absolument divine!
On continue notre balade par la passerelle, tellement fine et élastique qu’il est impossible à ma maîtresse de faire une photo quand un joggeur l’emprunte également, ça tremble!
Vaguement le mal de mer mais la vue est superbe de part et d’autre… Vers la Rotonde:
et vers les anciens magasins généraux…
Nous voici maintenant rive gauche du bassin sur le quai de la Loire, à l’ombre enfin car le soleil a percé la brume et il commence à faire chaud. On va jusqu’aux magasins? me suggère-t-elle. Bon prince, j’accepte.
C’est le marché dominical brassant toutes les nationalités du monde. Des caddies gorgés de fruits et de légumes, des senteurs exotiques. Ma truffe frétille!
Nous sommes au bout du bout du bout. Après, c’est le Parc de la Villette. Je sens bien ma maîtresse très attirée par ce dernier challenge mais moi, j’ai les pattes échauffées et je lui fais bien comprendre: démarche lente et chaloupée, coup d’oeil tout mouillé d’imploration, le grand jeu mélo, quoi, auquel elle ne résiste jamais. Après une dernière photo, on revient en arrière. Oui, c’est plus prudent car la journée est loin d’être finie!
Encore une petite station à l’ombre cette fois. La foule est nombreuse en ce dimanche après-midi: des joggeurs, des familles avec poussettes, des jeunes qui se sont donné rendez-vous pour un pique-nique improvisé tout au bord du bassin. On déplie une nappe, on ouvre le panier, à l’anglaise!
Il y a aussi des maîtres et maîtresses avec des chihuahuas vindicatifs en diable qui viennent me toiser au pied de mon banc. Grand seigneur, je les ignore. Grand seigneur, oui, car tout qui passe m’admire et le dit à ma maîtresse. Elle aurait eu un euro à chaque compliment, elle se remboursait mon billet de train (75 € tout de même). Qu’on est bien ! Au calme et au frais. Je lis dans les pensées de ma maîtresse: elle savoure ces dernières heures paisibles car dès demain 8 heures, la furia scolaire va la reprendre. Cool, on est cool. « On a bon » comme on dit chez nous. Comment peut-on imaginer qu’il y a six mois (en février) le canal charriait des glaçons?
Le bassin de la Villette, un lieu enchanteur et tellement chargé d’histoire! Idéal pour un dimanche parisien au calme et au soleil. Allez-y ! Vue Google de l’ensemble : de gauche à droite, la Rotonde, la passerelle, les magasins généraux, le parc de la Villette.
Mais le temps passe, il faut envisager de rejoindre la gare du Nord. On emprunte le début du canal Saint-Martin et ses premières écluses dignes d’une échelle à poisson. Un bateau manoeuvre, attraction assurée!
On admirera un jardin aux colonnes antiques, un bâtiment aux curieuses balustrades, on découvrira une rue portant un nom illustre pour les montagnards que furent mes maîtres.
On redescend la rue Lafayette. Soudain, le temps devient lourd et nous n’avons plus d’eau. Ma maîtresse me dirige vers le marché Saint-Quentin croyant y trouver une fontaine. Rien, alors on enfile la rue des Petits hôtels et on arrive place Franz Lizst, elle m’attache à un arbre juste devant les caisses de son Monop’ préféré. Ce qu’elle craint? Qu’on me vole! Il y a là une faune de S.D.F. Elle fait vite: deux bouteilles d’Evian bien froides, elle paie et ressort illico. Moi, j’étouffe, je ne veux plus avancer. Elle me convainc et nous montons derrière l’église Saint Vincent de Paul. À l’ombre, elle sort mon écuelle, quel délice! Chien de luxe qui boit de l’Évian alors que le curé arrivé dans notre dos nous prend pour de pauvres hères ! Coup d’oeil, elle et moi, on se marre! Allez, gare du Nord et sa faune décidément trop interlope qui met, je le sens bien, ma maîtresse un peu mal à l’aise : Ces gens font des bonds olympiques de peur ou crient de façon assez hystérique simplement en me voyant alors que moi, je passe nonchalamment sans un regard hostile vers eux. Ce qui m’intéresse, c’est tout juste les odeurs du bas des murs de l’auguste station.
Puis il y aura le Thalys dont la clim défaillante obligera ma maîtresse à nous ramener vers la zone des strapontins. Encore une fois, elle ne pourra pas jouir de son siège de 1ère classe ni de la collation qui y est servie. Elle préfère voyager là où je peux un peu m’étendre et ne pas porter la muselière. Merci, maîtresse, pour les caresses, les encouragements et les compliments. Ce fut un vrai dimanche entre camas!
A happy dog in Paris, vous ai-je dit!