Quel automne béni pour les photographes et autres amateurs de couleurs chaudes ! Grâce à une météo clémente, c’est comme si l’été indien nous rendait visite et donnait l’occasion à ceux qui ne regardent jamais la nature d’admirer arbres et arbustes environnants, et aux enfants de confectionner des bouquets graphiques de feuilles diverses.
Quand j’allais travailler, j’avais un ami du matin et du soir, une sentinelle des saisons, de l’esthétisme et du miracle de l’éclosion de la vie sur terre : « mon » Ginko biloba au pied de la Passerelle.
C’est l’époque à laquelle il répand à ses pieds mille éventails
Premier automne de retraitée, alors j’ai troqué son amitié pour celle d’un de ses confrères, installé au coin de ma rue à Ans…
Chanceux, les Liégeois, car cet arbre précieux se rencontre à plusieurs exemplaires dans notre ville et sa proche banlieue. Il existe même une petite place lui dédiée…
Appelé aussi arbre aux quarante écus ou abricotier d’argent, le Ginko biloba est parmi les premiers arbres à avoir colonisé la Terre il y a environ 270 millions d’années (40 millions d’années avant l’apparition des dinosaures). Il y a des spécimens femelles et mâles, ceux-ci étant le plus souvent utilisés en ville car les fruits sont malodorants. De la fécondation ne naîtra qu’un seul arbre, dont l’espérance de vie est tout de même de 1000 ans ! Potentiellement immortel car il n’a pas de prédateur, de parasite, de maladie et ceux présents à Hiroshima et Nagasaki ont survécu aux bombardements nucléaires…
Originaire de Chine, il apparaît en Corée et au Japon au XIIème siècle. Le médecin et botaniste allemand Engelbert Kaempfer, séjournant au Japon à la fin du XVIIème siècle, fut le premier Européen à décrire cet arbre et à en rapporter dans les Provinces-Unies, le premier ginko européen fut planté à Utrecht en 1732.
En France, c’est en 1795 à Montpellier qu’on planta le premier (ci-dessus) puis au Jardin des Plantes de Paris.
Si beaucoup d’entre nous n’ont jamais vu cet arbre, on en connaît cependant les éventuelles vertus thérapeutiques mises en avant par les laboratoires de compléments alimentaires… Plante miraculeuse pour certains, hautement cancérigène pour d’autres.
Devenu un arbre de choix dans nos villes puisqu’insensible à la pollution, il joint l’utile à l’agréable par sa couleur et ses feuilles au dessin unique au monde. Il est devenu le symbole de la ville de Tokyo depuis 1969
De Weimar également, dans laquelle résida Goethe qui lui dédia ce poème :
La feuille de cet arbre, qui , de l’Orient,
Est confiée à mon jardin,
Offre un sens caché
Qui charme l’initié.
Est-ce un être vivant,
Qui s’est scindé en lui-même,
Sont-ils deux qui se choisissent,
Si bien qu’on les prend pour un seul?
Pour réponde à ces questions,
Je crois avoir la vraie manière :
Ne sens-tu pas, à mes chants,
Que je suis à la fois un et double?
Goethe, le Divan oriental-occidental, Ginko biloba (traduction de Henri Lichtenberger)
Plus proches de nous, les artistes de l’Art Nouveau, sous l’influence du japonisme, l’intégrèrent dans bon nombre d’oeuvres tant architecturales que picturales, des vitraux, des mosaïques, des bijoux… et cela partout en Europe.
Prague
Nancy
Bruxelles, Paris…
Des centaines de photos disponibles sur Internet pour prouver combien cette feuille les inspira. Aujourd’hui, on trouve également énormément de bijoux contemporains.
Merveilleux éventails venus de la préhistoire pour nous enchanter !