Juste quelqu’un de bien

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Connaissez-vous le monsieur qui tient le coin inférieur droit du drapeau olympique ? Ce soir-là à Londres, il venait tout juste de finir de diriger la 9ème symphonie de Beethoven dans le cadre des fameuses BBC Proms.

Était-ce « simplement » cela qui lui donnait l’insigne honneur de faire partie de la cérémonie d’ouverture des Jeux? Of course not !

Vous comprendrez peut-être mieux quand vous saurez que l’orchestre qu’il dirige est « spécial »: un mélange de musiciens israéliens, palestiniens, libanais, égyptiens, libyens, syriens, jordaniens, iraniens, turcs et espagnols, « le West-Eastern Divan Orchestra ». Leur chef, c’est lui : Daniel Barenboim, citoyen israelo-argentin, porteur d’un passeport argentin, d’un passeport israélien, d’un passeport espagnol et d’un passeport palestinien…

L’idée de cet orchestre remonte à 1999, Weimar était alors capitale européenne de la culture. Edward Saïd, écrivain palestinien, et son ami Daniel Barenboim, chef d’orchestre et pianiste, cherchèrent le moyen de faire revivre cet esprit si particulier d’ouverture de l’ancienne République de Weimar. Ce fut l’idée folle de cet orchestre. Son nom rappellerait le fameux recueil de poèmes de Goethe: « le Divan occidental-oriental ». Le divan étant le lieu traditionnel de conversation et d’échanges d’idées.

0825646948062.jpegPlus de dix ans après, les musiciens et leur chef refusent d’être surnommés « l’orchestre de la paix ». Comme ils se plaisent à le dire, aucun des membres n’y renie ses idées et ses prises de position politiques. Il s’agit d’y converser, d’y échanger, de s’opposer, d’y comprendre l’autre par le vecteur universel de la musique.

Titulaires de passeports diplomatiques espagnols, les membres de l’orchestre peuvent se déplacer partout. Ce qui les fit connaître au monde, ce fut sans aucun doute leur concert à Ramallah en 2008. Un excellent documentaire en 2DVD retrace cette dangereuse odyssée sous haute surveillance de certaine ambassades européennes ainsi que le concert.   

  

L’orchestre a aujourd’hui un très important répertoire et a acquis une certaine maturité, ce qui lui a permis d’enregistrer l’intégrale des symphonies de Beethoven et d’entamer une tournée mondiale surnommée « Beethoven für alle ».

La vie de Daniel Barenboim est un roman : Superstar de la musique classique, pianiste prodige, chef d’orchestre, partenaire des plus grands solistes, directeur musical de grands orchestres (Chicago, Staatkapelle de Berlin) et de grandes maisons d’opéras (Berlin, La Scala de Milan). Certains rêvent de le voir revenir vers la France où il fut un mythique chef de l’Orchestre de Paris. Il est aussi le parrain de l’orchestre des jeunes de Palestine. Si vous voulez mieux le connaître, le Net regorge de vidéos géniales. 

Mais Dany (pour les intimes) a aussi connu beaucoup de drames personnels et beaucoup de rejets de la part des Israéliens (il fut plusieurs fois agressé physiquement et verbalement notamment à la Knesset) et des Palestiniens (le refus cet été d’un concert à Jérusalem sur le Mont des Oliviers).

Cependant sa foi reste inébranlable à 70 ans. il vient de les fêter ce 15 novembre. Salué comme il se doit par tous ses amis !  

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Ce post me permet à mon tour de lui souhaiter un bon anniversaire et de le remercier, non seulement pour les merveilleux moments musicaux qu’il m’a fait vivre pendant toutes ces années, mais également pour son courage et sa vision humaniste.

http://www.danielbarenboim.com/home.html

Si l’aventure humaine du West-Eastern vous intéresse, voici l’excellent reportage de France 2 (pardon pour les pubs !):  

http://www.west-eastern-divan.org/

Également ce prodigieux documentaire anglais sur la genèse du projet d’enregistrement des symphonies et de la tournée. Extrêmement instructif puisqu’il mêle la chronique des répétitions, l’histoire de l’orchestre, la conception de l’oeuvre de Beethoven par Barenboim et la vie de Beethoven lui-même. C’est en anglais mais sous-titré, très facilement compréhensible. Le fil conducteur de cette émission: l’interprétation de la 9ème symphonie en Corée du sud… rien de bien original, me direz-vous sauf que… Barenboim et son orchestre jouent dans la zone démilitarisée entre la Corée du nord et la Corée du sud…  Incorrigible!