à gauche, à droite, rouge enfin!

Les gares TGV ont chacune leur style. À Liège, nous sommes gâtés avec l’oeuvre de Santiago Calatrava. En France, je constate que certaines sont souvent semi-souterraines, peu accueillantes lorsqu’on accède aux quais, l’ambiance virant parfois au glauque plus on descend comme à Lille Europe.

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Avignon_02.jpegCelle d’Avignon me fait toujours penser à un immense ballon Zeppelin flottant au gré du mistral. L’intérieur est convivial et aérien, comme une gigantesque nef.

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Mais quand on accède aux quais, on découvre à chaque fois un ballet très amusant. Que je vous explique!

DSCN0647.JPGLes voyageurs y perdent tous leurs repères. À gauche toutes les têtes  lorsqu’on annonce le TGV venant de Marseille Saint-Charles vers Paris Gare de Lyon. Concentrés, les papas et les mamans très doctement conseillent à leurs bambins de regarder « par là » le train qui est annoncé…

Et puis, patatras! c’est de l’autre côté qu’il déboule!

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Des « Ah! mince alors! », les chapeaux qui volent, les enfants qu’on traîne en catastrophe derrière la ligne jaune de crainte qu’ils ne soient happés par le souffle puissant du train qu’on n’a décidément pas vu venir, l’étonnement le plus absolu dans le regard…C’est bizarre tout de même, cette soudaine propension à chercher obstinément son avenir vers la gauche… (surtout ici!) 

Petit ajout après relecture… La preuve, cette photo prise lundi dernier. Le TGV est annoncé, je photographie sa venue au fond de l’image et tout le monde est positionné dans l’autre sens!

Pas d’inquiétude, les amis! Le train vous conduira de droite à gauche, comme tout dans ce pays depuis quelques semaines, en douceur, « normalement »… Et cela n’empêchera personne, une fois embarqué de jeter un dernier coup d’oeil nostalgique sur la Cité des Papes en passant sur le viaduc enjambant le Rhône!

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Surtout ici, ai-je dit.

J’adore le Vaucluse, le Nord particulièrement; on y trouve encore une Provence authentique avec des paysages magnifiques dignes de la Toscane, du bien boire et du bien manger, des gens accueillants.

Pourtant, j’avoue qu’il y a une chose  qui me désole profondément dans ce pays de coeur : c’est l’omniprésence du Front National et des partis d’extrême-droite genre de Villiers. À Orange et à Bollène avec les Bompard, à Carpentras où se présente la petite-fille Le Pen, à Aix-en-Provence où la maire UMP tient des propos effarants sur le Président Hollande et où les modalités pour les élections législatives ont été mises en ligne sur le site de la ville sous le logo FN… Expression démocratique d’une certaine population terrienne ou autre, ne faisons pas de sectarisme. Mon problème à moi, c’est qu’ici il est encore plus difficile qu’ailleurs de discuter politique posément, de façon citoyenne et humaniste, en se respectant. À l’image de leurs leaders, ils biaisent, plombent tout débat ; ils ont raison, point.

Oui, il faut mieux éviter car le ton monte vite avec le pastaga et la tchatche gouléante! Dommage.

p81a37hv.jpegIl y a un tel brassage de cultures millénaires dans cette Provence, ils en sont le fruit qu’ils le veuillent ou non,  le merveilleux fruit métissé, c’est leur richesse et la nôtre : notre richesse européenne et universelle. Ils le nient, campés sur leur Jeanne d’Arc et autres preux chevaliers. Tenez, à Orange, un des premiers gestes du maire, ce fut d’aller exhumer cette vieille statue de la colline Sainte-Eutrope et l’exposer en plein centre-ville… 

Mais la semaine dernière en nous promenant dans les environs de Mornas, nous avons eu un merveilleux baume au coeur. Des milliers de coquelicots avaient tout envahi : les bordures, les creux des chemins, des champs entiers. Mieux que le tapis rouge des marches à Cannes, notre Provence avait viré ce printemps au tout rouge!

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Comme un espoir de mieux vivre ensemble et cela vaut bien un hommage à Mouloudji.

Petit aparté! Pour les plus jeunes d’entre vous, Mouloudji, ce fut le premier porte-parole des objecteurs de conscience dans la période dramatique de la guerre d’Algérie avec « Le déserteur », où ceux-là risquaient le peloton d’exécution. Texte de Boris Vian, excusez du peu… Respect!