Sous les tilleuls beethovéniens

Juste un petit billet d’humeur inspiré par Berlin et par Ludwig van B.

Il y a 17 ans, je découvrais Berlin. Pour un très court séjour avec mes élèves. Ils concouraient au Mondial de la Coiffure qui se tenait cette année-là dans la capitale allemande.

Nous étions tous très excités. Les élèves, par la perspective du concours et nous, leurs professeurs par Berlin.

Berlin en l’an 2000, c’était encore un peu exotique. Les stigmates du Mur et de la partition étaient toujours très visibles. Nous avions, nous les profs quadras enfants de la Guerre Froide, encore dans les yeux les images incroyables de la réunification pacifique en visitant la Porte de Brandebourg et le Check-Point Charlie. Nous marchions au devant de ce que nous considérions encore comme un miracle. Lors de notre visite à la porte de Brandebourg, il y avait une kermesse bon enfant avec ballons et petit drink sympa pour fêter les 10 ans de la Réunification. Nous y avions ri et trinqué au bonheur retrouvé et à la fraternité des peuples. Un an plus tard, c’était le 11 septembre. Que ce temps euphorique me paraît lointain…

À vrai dire, j’y pense à chaque début d’octobre car ce fut un voyage très dense, inoubliable avec une amie si chère qui nous a tragiquement quittés depuis… Nous étions les meilleurs supporters de nos élèves et nous nous en occupions 24 heures sur 24 comme toujours lors d’un voyage scolaire de plusieurs jours  pendant lequel il faut gérer les nuits entre garçons et filles, les bobos plus ou moins importants, les vagues à l’âme de ceux qui n’ont pas souvent ou jamais quitté le cocon familial… Dans ce genre de voyage, mes collègues me savaient dévouée corps et âme à la cause mais ils savaient aussi que comme à Paris, j’aurais besoin d’un petit sas de décompression culturelle. Ils avaient donc fait en sorte que je puisse m’échapper quelques heures pour aller flâner sur Unter den Linden et revenir vers la Philharmonie. Sur Unter den Linden, après avoir admiré l’opéra, j’étais entrée chez un disquaire à perdre son âme et j’y avais acheté Fidelio dirigé par Barenboim, c’était comme une offrande à la paix qu’on croyait à jamais revenue. À la Philharmonie, j’avais été prise d’une euphorie à l’ombre de Karajan et de la découverte d’un bâtiment d’une modernité incroyable qui avait bercé mon enfance… J’étais revenue à pied par les canaux et les parcs vers l’auberge de jeunesse très monastique où nous logions. Pas d’alcool, nous avait-on précisé. L’une d’entre nous avait prévu de petites doses de Porto cachées dans les boîtes de films argentiques qu’on trimbalait encore à l’époque, et que cela nous réconfortait une fois que toutes nos ouailles étaient enfin consolées et couchées! 

Tous ces merveilleux souvenirs ont été ravivés cet après-midi par le concert retransmis en direct sur le site Internet d’ARTE pour la réouverture du Staatsoper Berlin Unter den Linden après une très longue rénovation.

Écouter la 9ème Symphonie de Beethoven en ces lieux, c’est sans doute plus qu’ailleurs comme une étrange émotion qui prend aux tripes.

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 Et sans doute ce que Beethoven aurait aimé plus que tout, le partage et la tendresse!

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Toutes ces photos prises à la volée et ce si beau concert sur ma tv grâce à un simple câble HDMI ! Merci, la technique!

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Cet après-midi, l’esprit de Beethoven flottait dans le parfum des tilleuls! Avec quel bonheur!

Les chanteurs: René Pape, Burkhard Fritz, Okka von der Damerau, Diana Damrau

Daniel Barenboim – Berliner Staatskapelle 

https://www.staatsoper-berlin.de/de/spielplan/praeludium