Nicolas, Nicolas…

Je ne remercierai jamais assez mon amie Marga de m’avoir emmenée il y a bien longtemps au rayon « romans policiers » de la Fnac et de m’avoir conseillé la lecture des Enquêtes de Nicolas Le Floch par Jean-François Parot.

Les romans policiers, j’avais coincé le curseur aux Maigret, mes parents s’en délectaient et m’enjoignaient de partager leur passion. Vainement. 

Ainsi donc il existait des romans policiers historiques? Certes, le genre n’avait pas encore la vitalité et la diversité d’aujourd’hui (je suis fan depuis notamment des deux soeurs Claude Izner, de Michèle Barrière, d’Adrien Goetz et de Frédéric Lenormand).  

« Achète le premier, me dit Marga, tu aimeras et tu dévoreras la suite ». La prédiction se révèle exacte encore aujourd’hui pour elle comme pour moi, une véritable passion pour les professeurs de français et d’histoire que nous fûmes!

Qu’aimons-nous tellement au fil des treize enquêtes menées par Nicolas le Floch, commissaire de police du Châtelet, département des Enquêtes extraordinaires?

La découverte par le menu de la seconde partie du XVIIIème siècle (les dernières années du règne de Louis XV et celui de Louis XVI), le temps de l’Encyclopédie et la mutation des Idées, la lente et inexorable marche vers la Révolution, un Paris moyenâgeux fascinant et pourtant puant, fangeux…

Jean-François Parot, en parfait historien érudit, y dépeint une société en pleine déliquescence, un pouvoir tétanisé par la crainte des attentats, des mouvements de foule et de l’espionnage, les luttes d’influence à Versailles, les guerres contre les Anglais, les alliances européennes, la naissance des États-Unis, quelles visions de l’Ancien Régime! Tout cela au gré d’intrigues policières passionnantes. 

communiquepresse_3156_1.jpgLe succès littéraire fut tel que la chaîne France2 décida d’en faire une série télévisée.

Les personnages prenaient alors des visages. Le choix des acteurs fut tellement adéquat que pour tout lecteur aujourd’hui, ils l’accompagnent immanquablement. On les voit en lisant !

Nicolas, Sartine, Noblecourt, Semacgus, Bourdeau et Sanson, La Borde,  la macrelle Paulet…

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93f5de82207eb7839ca81516a5948b30.jpgVoilà les personnages récurrents dont la vie et la psychologie vont évoluer pendant ces plus de 25 ans d’histoire. Il y aura aussi des femmes : Antoinette et Aimée, les favorites de Louis XV et Marie-Antoinette, Marion et Catherine…

Même si on peut par certains aspects le rapprocher de d’Artagnan et de Fanfan La Tulipe, Nicolas n’est pas un héros sans peur et sans reproche. Enfant trouvé et recueilli en Bretagne, il a la hantise de ses origines. Il refuse un titre de noblesse mais se hérisse parfois face aux attaques républicaines de son cher Bourdeau. Il aime passionnément deux femmes mais est peu fidèle à l’une comme à l’autre. Avec l’âge, le panache fera place à l’introspection, même parfois à certains épisodes de franche dépression. 

Louis XV puis Louis XVI le mettront en exergue, veilleront sur lui, la raison en sera élucidée dans la treizième enquête, la dernière parue, et nous sommes alors en 1786. La Révolution est bientôt là, comment la vivra-t-il? Y survivra-t-il? Je ne vous dis pas, les fans dont je suis sont tendus…  

L’époque et le héros sont, vous le comprenez, terriblement attachants. 

Attention aux candidats lecteurs: il faut lire les livres dans l’ordre. Chacun est très daté historiquement par l’intrigue construite autour d’un événement historique réel, mais aussi psychologiquement pour les personnages.

Il est temps de faire le point avec l’écrivain… Jean-François Parot, ancien brillant diplomate. 

J’ai tout lu au fil des parutions et je profite de ces vacances immobiles et fades pour tout relire d’un bloc.  

Certes il y a l’intrigue mais très vite pour ma part, elle devient presqu’accessoire. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est le contexte historique : la langue, la cuisine, Paris… Ça va faire l’objet de différentes chroniques. Vous n’êtes pas sortis de l’auberge!

J’avoue que celle-ci était en gestation depuis longtemps mais la conférence-cours d’hier avec Monsieur Onkelinx sur le Platée de Rameau m’a donné l’envie de la concrétiser.

La question : la langue du 18ème siècle finissant.

Cette langue, de Beaumarchais et de Marivaux, elle est très présente dans l’oeuvre de Jean-François Parot. Il la reconstitue à merveille à petite dose, à bon escient, avec des formules imagées qui enchantent l’amoureu(se)x de la langue française. Un lexique organisé par chapitre vous attend à la fin de chaque volume si nécessaire.

Un petit extrait de L’homme au ventre de plomb (qui commence avec la représentation des Paladins de Rameau justement):

« Comment, vous ignorez que votre suicidé a un frère cadet? Je vous l’apprends donc. Le vidame de Ruissec a été de tout temps promis à la tonsure, sans que jamais son père n’ait consulté son goût ni sa vocation. Frais émoulu du collège, il essuya toute une litanie de persécutions et n’eut bientôt d’autre choix que de se jeter au séminaire pour échapper aux obsessions paternelles. Rien n’est définitif, ce n’est qu’un petit collet qui n’a reçu encore aucun ordre. Séduisant et séducteur il n’a, par ses paroles et par ses actes, jamais cessé de marquer son aversion pour l’état ecclésiastique qu’on lui veut faire embrasser. Eh! foutre, je le comprends. On le dit libertin à l’excès, il y met sans doute un peu de provocation. il aurait des inclinations vicieuses et cet étourdi sans principes aurait recours à des procédés violents et à des démarches aussi contraires à l’honneur de son nom qu’à une simple décence de l’habit qu’il porte. »

C’est très compréhensible mais avec ce qu’il faut de désuet, et parfois de sens dévoyé par rapport à notre français moderne. 

De cette langue, que nous en dit Jérôme Robart, Nicolas Le Floch à l’écran qui dut « se la mettre en bouche »?  

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Pas vraiment celle du XVIIIe, elle a le charme d’une langue musicale aux formules obsolètes. « Auriez-vous l’outrecuidance? », « Le bruit a couru qu’il se serait ensauvé du bagne de Brest », « La vérité est chose mobile et variable »… Autant de formules jubilatoires pour des dialogues épicés, dans une langue quasi morte et pourtant si vivante. a-t-on dit fort bien par ailleurs.

Une jouissance de plus pour la passionnée de linguistique que je fus pendant mes études…

Oh oui, Nicolas, on t’aime!

La cuisine du XVIIIème, ça vous dit? 

Des trucs insensés, nos cuisiniers les plus déjantés n’ont rien inventé! 

À la prochaine!

 

Rebecca

Rebecca, c’est Daphné du Maurier. 

Daphné du Maurier (1907-1989)… Cette écrivaine anglaise old-fashioned que j’avais cataloguée (sans l’avoir lue, embarassedoups…) dans le genre Barbara Cartland…

téléchargement (2).jpegJe me suis laissé séduire par sa biographie car j’aime la plume de Tatiana de Rosnay. Et puis la maison d’édition Héloïse d’Ormesson, c’est un gage de qualité!

Le personnage que j’ai découvert m’a passionnée, bouleversée ; mes insomnies chroniques en ont été charmées. Tudieu, Daphné, quelle femme et quel écrivain! 

Les précédents biographes s’étaient focalisés soit sur sa bisexualité, quelle débauchée!, soit sur sa volonté intangible de faire passer sa vocation d’écrivain avant tout, quelle épouse et quelle mère indignes ! Ce dernier argument explique l’énorme et éternelle distanciation entre l’avis des critiques littéraires contemporains (des hommes anglais misogynes) et ses lecteurs passionnés. 

Tatiana nous raconte la vie de Daphné au gré des maisons qu’elle a habitées : Cumberland Terrace à Regent’s park qui l’a vue naître, Cannon Hall où elle a grandi, Ferryside,où elle a pu laisser libre cours à son imagination pour ses premiers romans, Menabilly qui l’a totalement envoûtée et enfin Kilmarth, où elle a fini ses jours.

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Londres est détesté ; les Cornouailles, le paradis. Daphné y vit divinement en pantalon, vieux pull, bottes et parka. Elle est casanière même si elle accomplit de nombreux voyages en Italie, en Grèce, en France, terre de ses ancêtres. Ils alimentent son imaginaire.

Cadette d’une fratrie de trois sœurs, ses parents espéraient un garçon ; toute sa vie, elle conservera en elle un double, Éric Avon, qu’elle fera parler dans certains de ses romans et qu’elle fera vivre dans sa bisexualité. Un père comédien célèbre mais possessif, étouffant qui ne voit pas le tournant théâtre/cinéma et qui doit vendre son nom à un cigaretier pour conserver son standing financier ; un grand-père français caricaturiste célèbre, devenu romancier sur les conseils de Henry James. Daphné viendra étudier à Paris et restera toujours fière de ses racines françaises. Très vite, elle a envie d’écrire et de vendre ses romans, afin d’acquérir une certaine indépendance et d’échapper à son père.

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Elle tombera éperdument amoureuse d’un bel officier, Tommy Browning qu’elle surnommera plus tard Tristounet car il fut marqué dans sa jeunesse par la guerre des tranchées de 14/18 et ne se remit jamais de la perte de ses hommes pendant le débarquement et la marche forcée vers l’Allemagne pendant la seconde guerre mondiale. Ils furent anoblis par la Reine Elisabeth. Épouse modèle, elle le suivit au gré de ses casernements, en Égypte même. Ils eurent 3 enfants : Kits (le fils adoré), Flavia et Tessa (ici avec Tatiana). L’éloignement dû à la guerre, le détachement dû à la passion de l’écriture ruinèrent un temps leur couple mais reprenant la vie commune, Daphné se révéla un vrai soutien pendant des années contre la neurasthénie, l’alcoolisme et les penchants suicidaires de son mari.  

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Mais Daphné est avant toute chose écrivaine. Elle sacrifie tout à sa passion. Elle travaille tous les jours plus de dix heures devant sa machine à écrire et lorsque l’inspiration si prolixe en son temps, se trouvera tarie, ce sera une grande souffrance. Des romans, des nouvelles par dizaines. Cataloguée romancière romantique, gothique, « féminine », ultime injure! La biographie de Tatiana, elle-même écrivaine, fait la part belle à cette zone d’ombre, celle de l’étincelle de l’inspiration mais surtout celle du travail, du sang et des larmes, des doutes et du désespoir, le fil du rasoir… Pour tout amateur de littérature, c’est un pur bonheur, la cuisine d’un roman révélée !   

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article-2021986-0042CB0D000004B0-705_468x329.jpgTrois événements majeurs bouleversent à jamais la vie de la romancière:

La publication de Rebecca qui, en un mois, se vend à 40 000 exemplaires et est traduit en français chez Albin Michel. Comment se relever d’un tel succès?

Sa rencontre avec Menabilly, manoir qui a justement donné naissance à Manderley, le lieu de Rebecca. Daphné, malgré ses demandes, ne pourra en faire jamais l’acquisition, mais le transformera, l’habitera, le louera pendant plus de vingt ans et dira de celui-ci : « J’ai un peu honte de l’admettre, mais je crois que je préfère “Ména” aux gens ».

Hitchcock porte à l’écran certains de ses romans, dont les terribles Oiseaux.

Daphné vit au gré du temps des Cornouailles, une existence rude mais émerveillée par la nature et la solitude. Après Menabilly, il y aura  Kilmarth, une transhumance qu’elle aura orchestré au pire, au mieux, ne pouvant fléchir les héritiers de sa tanière chérie.

Le 19 avril 1989 âgée de 81 ans, la romancière décède. Les éloges funèbres sont unanimes et le Daily Télégraph écrit « Dame Daphné écrivit vingt-neuf livres, dont la plupart sont des romances historiques ».

Des romances historiques… Tatiana nous donne bien des clefs pour aborder les romans et nouvelles de Daphné de toute autre façon. Daphné est un auteur trouble, ambigu, noir, tragique, pas loin du masochisme.

9782226314772-j.jpgAh! Voilà qui m’a emmenée bien loin de mon jugement de départ. Je suis allée acheter la nouvelle traduction de Rebecca parue au Livre de Poche, je vais découvrir!

Car oui, Daphné ne fut jamais contente de ses traductrices. Elles ne faisaient qu’édulcorer le propos. Bienheureux soient ceux qui puissent la lire en anglais, dans toute sa noirceur, dans toute sa grandeur!

Elle ne fut jamais satisfaite des films d’Hitchcock, même Les Oiseaux (qui  me terrorisèrent  à jamais). Celui-ci prenait bien trop de libertés dans ses scénarios par rapport aux oeuvres initiales et sans jamais en faire part à Daphné qu’il snobait honteusement.

Rien de « féminin », vraiment!

De la vie!

Impression personnelle : Une vie de femme libre comme celle de notre chère Colette! Colette aimait les chats ; Daphné, les chiens

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«La nuit dernière, j’ai rêvé que je retournais à Manderley…» : la phrase qui ouvre le roman Rébecca a fait rêver des générations de lecteurs. Tout le monde connait L’Auberge de la Jamaïque, Rebecca ou Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock, mais l’auteur des oeuvres qui l’ont inspiré, Daphné du Maurier (vendue pourtant à des millions d’exemplaires et traduite en une quarantaine de langues), est aujourd’hui tombé dans l’oubli. Pourquoi Daphné du Maurier est-elle considérée comme un auteur de romans féminins, alors que ses histoires sont souvent noires et dérangeantes ? Que sait-on vraiment de son lien étroit avec la France, de ses liaisons longtemps tenues secrètes, des correspondances ténues que son oeuvre entretient avec sa vie, et dans laquelle elle parle beaucoup de son histoire familiale ? Portrait d’un écrivain par un autre écrivain, Manderley décrit minutieusement une vie aussi mystérieuse que l’oeuvre qu’elle sous-tend – toute de suspense psychologique –, et met en lumière l’amour fou de cette femme pour son manoir de Cornouailles. Un portrait tout en nuances de la plus énigmatique des romancières britanniques, mais davantage encore : un voyage littéraire sur les traces d’un des plus grands auteurs de best-sellers de son époque, méprisé par la critique mais adulé du public.

 

Une interview passionnante de Tatiana de Rosnay (vous pouvez mettre les pages plein écran,dernier carré à droite, et agrandir les caractères avec la loupe…)

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Bouleversifiant!

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Un univers « bouleversifiant », vous annonce-t-on : promesse tenue!

C’est décalé, surréaliste, onirique et ça embarque même les plus réticents, dont j’étais.

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De Dalí vivant, j’ai comme souvenirs des images d’un histrion qui voulait faire parler de lui au prix de provocations clownesques. C’était dans les années 70, et l’artiste avait été complètement occulté par ce personnage mondain invité des émissions de télévision qui pariaient sur ses outrances pour gonfler leur audimat. 

L’expo présentée aux Guillemins (et prolongée jusqu’aux congés de Toussaint) a l’immense mérite de donner quelques clés pour s’initier à cet univers et pour y cheminer avec plaisir et intérêt. 

Le comprendre, c’est autre chose!

Avant tout, Dalí ne peut être qu’Espagnol et un Catalan admiratif de l’oeuvre de Gaudí. 

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La première clé, tout d’abord le poids de l’enfance

Dalí naît exactement 9 mois après le décès de son frère, il porte le même prénom et lorsque ses parents vont se recueillir sur la tombe de l’enfant, le petit Salvador y voit son nom, y contemple en quelque sorte sa propre mort… Elle devient une de ses obsessions. C’est dans ce contexte qu’il faut remettre les montres molles, symbole du temps qui passe avec une précision mathématique inéluctable et pourtant pas avec la même perception de la vitesse selon notre état psychique du moment.

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Ou encore sa fascination pour l’Angélus de Millet, tableau interprété par certains comme le recueillement des parents sur la tombe de l’enfant qu’ils viennent d’enterrer.

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Alors qu’il est en pleine adolescence, sa mère disparaît d’un cancer de l’utérus et son père se remarie presque dans la foulée avec la soeur de celle-ci… (ne jamais oublier que nos sommes dans l’Espagne très catholique des années 20). Voici cette fois les deux autres thèmes de cette première clé : la femme idéalisée (le mystère – les tiroirs et le visage nu – est sa vraie beauté), et une certaine vision de la sexualité (la licorne symbole phallique). 

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La deuxième clé: l’empreinte du surréalisme.

Dès 1929, son moteur sera Gala, épouse et muse dont la rencontre fut l’expérience la plus passionnante de sa vie.

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Dalí découvre la psychanalyse et Freud, ce qui évidemment va influencer son inspiration.

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Dalí a toujours eu une fascination pour les hommes de pouvoir : Napoléon, Lénine, Hitler, Franco, Mao. Ce qui lui vaudra son exclusion du cénacle surréaliste. Ami de Garcia Lorca et de Bunuel, il quittera l’Espagne lors de la guerre civile, se réfugiera en France puis aux États-Unis. Son oeuvre sera longtemps censurée mais cela ne l’empêchera pas plus tard d’accepter une décoration franquiste et de faire le portrait de la petite-fille du Caudillo…

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Il connaîtra également une crise de mysticisme, nous léguant ainsi de véritables chefs-d’oeuvre.

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La Cène devient psychédélique et nous y prenons part…

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Ne figurant pas à l’expo, ce Christ de saint Jean de la Croix m’a toujours profondément émue, moi l’athée convaincue!

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Impressionniste, cubiste, surréaliste, Dali est tout d’abord un admirateur des grands classiques comme Raphaël et Vermeer. Fabuleux dessinateur, il devient un étonnant touche à tout : peinture, sculpture, cinéma, théâtre. 

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Il y aura même cet étonnant projet de dessin animé, Destino, avec Walt Disney (concrétisé en 2003)

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 La troisième clé, ce sera le tourbillon de la célébrité, l’extravagance de celui que l’on surnomme Avida Dollars : son rapport à l’argent, aux medias et à la production de masse.

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 Un très beau parcours qui permet à tous de saisir l’essentiel de l’art de Dalí. À voir sans aucun doute!

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Ub album photos tout au-dessus à gauche vous propose d’autres images. Quelques images car Dalí  est inspirant!

Musée-jardin

En ces périodes glauques et barbares, la beauté est une échappatoire vitale, une stimulation jubilatoire et un repos, tout à la fois.

C’est ce que nous offre le nouveau musée de la Boverie.

On y vient par la navette fluviale ou par les quais rénovés et la passerelle La belle Liégeoise, déjà on respire!

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« En plein air » était le titre de la première exposition temporaire organisée par le musée rénové. On ne pouvait rêver mieux. 

Car c’est l’impression prédominante quand on le parcourt pour la première fois : son ouverture vers l’extérieur, vers la nature environnante. Dès l’arrivée, c’est une évidence : côté entrée, il est niché dans un écrin de verdure. Les pelouses sont propices au pique-nique, à la sieste, aux jeux d’enfants.

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Au fil de l’expo, la nature gagne encore du terrain dans le temps : on croyait retrouver les Impressionnistes et tout démarre avec Alexandre-François Desportes (1661-1743)

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L’itinéraire nous conduit vers la toile de l’affiche : L’ascension d’une mongolfière à Aranjuez de Antonio Carnicero Mancio ( 1748-1814), très grande avec des centaines de personnages et chacun, même esquissé, est différent de son voisin, magique!  Comme la Reine Mathilde, on est sous le charme.

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On gagne ensuite l’avancée imaginée par Rudy Ricciotti et elle s’intègre parfaitement au parcours : comme une échappée belle, une respiration entourée de feuillages et d’eau.

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Dans la boîte Chambre avec vue, la nature entre par une fenêtre, vrai tableau parmi d’autres! Le bassin, la promenade, la roseraie, la Meuse au loin…

De grands peintres, des chefs-d’oeuvre, des découvertes : voilà le lot des expositions temporaires. Et la prochaine s’annonce passionnante!

Mais la Boverie ne néglige pas pour autant les collections permanentes et elles aussi, sont sublimées par un tel écrin. 

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La lumière naturelle est partout, un vrai luxe après le bunker aveugle qu’était le BAL sur la dalle Saint-Georges en Féronstrée. Un Signac baigné de lumière, des danseuses sur fond de roseraie…

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Un petit coup de mou? Halte zen devant une fenêtre…

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 Un jeu d’ombres nous attend avant le retour vers le quai sur Meuse…

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On se retrouve à l’air libre, en vrai plein air. On quitte le musée-jardin pour l’île et son parc, la passerelle et la Meuse. Endroit magique!!

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Une visite virtuelle à 360°? C’est par ici!

 http://www.laboverie.com/actualites/la-boverie-en-photos-360deg

 

Lantin, très fort!

Il y a 102 ans, le mois d’août fut chaud à Liège : la ville capitulait sous les assauts allemands. Et cela malgré la neutralité de la Belgique et une défense archarnée. Mais comme souvent, nos responsables étaient en retard d’une guerre.

Telle une petite ligne Maginot, une ceinture de douze forts devait protéger le site de la ville de Liège dans l’optique défensive d’un 19ème siècle finissant. Le jeune royaume de Belgique craignait deux ennemis : l’Allemagne évidemment et les Français qui rêvaient encore de l’épopée napoléonienne ayant annexé à l’époque le couloir industriel wallon vers le Luxembourg pour son bassin sidérurgique et les bassins miniers hennuyers jouxtant le Nord de la France.

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L’architecte de Brialmont, avait une conception de la guerre pas très lointaine de celle de Vauban : c’est l’infanterie qui mènerait l’assaut. On mettra donc dans ces forts le plus d’obstacles possibles: des murs d’enceinte, de profonds fossés, des ponts non pas levis mais escamotables, avec des fosses remplies de barbelés ; des canons fixes aux angles prêts à faire des soldats à pied de la chair du même nom…

Conçus entre 1888 et 1892, tous ces forts voulaient également mettre en pratique les nouvelles lois hygiéniques : des douches, de vraies toilettes avec chasse d’eau mais placées comme au fond du jardin, au-delà du fossé de défense ; et puis de l’air, un système de ventilation qui éliminait les gaz intérieurs du fort mais qui s’avéra aussi capter ceux de l’extérieur…

Juste après la guerre de 1870, personne ne pouvait imaginer que les Allemands, car ce sont eux qui envahiront, viendraient avec la grosse Bertha, les blindés et les premiers avions… Les forts de la rive droite étaient installés dans le bon sens, ceux de la rive gauche présentaient à cet ennemi leur face la plus faible, l’entrée.

Dès le milieu du mois d’août 1914, tous les forts vont capituler les uns après les autres : la plupart bombardés, celui de Loncin sera pulvérisé… Aucun fantassin allemand ne devra tenter l’assaut!

google-earth-fort-lantin.jpgDe ces  douze forts, on en rénovera certains pour attendre la guerre suivante, on en construira d’autres et les rescapés en bon état servent aujourd’hui de lieux d’expérimentation industrielle.

 Le seul à avoir gardé son identité authentique du 19ème siècle intacte, c’est le fort de Lantin. Un petit fort triangulaire en appui de celui de Loncin.

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P1080787.JPGSur ce plan, on remarque que les chambres sont voisines des poudrières… Les WC en face : pour y aller, il faut traverser le fossé de défense et s’exposer ainsi à l’ennemi. C’est une des raisons de la reddition du fort: au pire du bombardement, les 350 hommes furent confinés au centre du fort, réunis dans la salle de rassemblement (photo ci-contre) et y restèrent longtemps, faisant leurs besoins sous eux. Le système d’aération refoula également les gaz du bombardement, rendant la situation intenable.

La poudre devait être transportée du rez-de-chaussée du fort vers le premier étage et les différents canons cachés sous des coupoles et orientables à bras d’hommes.

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Unique à Lantin, le massif central avec les différentes coupoles cachant les canons et le phare restauré depuis peu, qui balayait quelques centaines de mètres.

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Autour du massif central, les positions de tir pour les fantassins, les banquettes…

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De part et d’autre, les fossés escarpe et contre-escarpe…

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Cet ensemble est remarquablement conservé et restauré. On peut le visiter à la belle saison et le premier week-end du mois d’août, c’est la fête. Cette année, honneur au personnel soignant. Défilé des infirmières, exposition des moyens médicaux et chirurgicaux. Tout semble héroïque et obsolète dans cette médecine de guerre…

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Dans le fort, il y avait une classe…

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Un vrai lieu de mémoire et d’histoire militaire, à découvrir!

Et voici un article et une chouette vidéo si le sujet vous intéresse!

http://www.matele.be/bienvenue-chez-vous-la-ceinture-fortifiee-de-liege

La téloche et mes étonnantes découvertes (2)

Après le Birobidjan, voici une autre découverte que la télévision m’a permis de faire…

Incas, Mayas, Aztèques, ce sont les peuples les plus connus de l’Amérique pré-colombienne. On sait aujourd’hui qu’il y avait une multitude d’autres cultures dont nous avons souvent perdu la trace car elles ne pratiquaient pas la tradition écrite. Comment imaginer leur splendeur, comprendre les causes de leur affaiblissement, de leur déclin et enfin leur disparition bien avant le génocide espagnol?

Au hasard d’un zapping sur la chaîne ARTE, j’ai découvert le peuple Moché, les Mochicas… 

Leur capitale, surmontée d’une pyramide gigantesque, aurait été abandonnée suite à une révolte du peuple contre une vague de sacrifices humains. On note une érosion notable du monument aux alentours de l’an 600 de notre ère, ce qui correspond à un terrible épisode del Niño (déjà lui!). Pour tenter d’enrayer le phénomène climatique, les prêtres organisèrent des milliers de sacrifices humains, sans résultat. Le peuple alors se souleva et chercha à reconstruire une société libérée du pouvoir religieux sanguinaire… Sans succès, la civilisation si brillante disparut.

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Un peu d’histoire sur la civilisation mochica

« La côte nord du Pérou est une région aride, périodiquement dévastée par le phénomène climatique El Niño. Quand ce courant marin chaud atteint le rivage, des pluies torrentielles s’abattent et provoquent des crues catastrophiques. C’est dans cet environnement hostile qu’a prospéré la civilisation Moche (ou Mochica) entre l’an 100 et l’an 700 de notre ère. L’origine de ce peuple contemporain des Mayas est assez mystérieuse, ce qui ajoute à sa magie et à sa légende. La tradition orale prétend qu’ils seraient descendus en radeau du nord, c’est-à-dire de Colombie ou d’Amérique centrale.
La vallée de Lambayeque, à environ 800 kilomètres au nord de Lima, fut un des centres de la culture Mochica. Les Moche étaient des grands bâtisseurs. Ils ont conçu des pyramides à degrés en adobe d’une taille stupéfiante pour l’époque. Ces constructions nécessitaient des millions et des millions de briquettes d’argile séchées au soleil.
Comme la plupart des sociétés précolombiennes, la société Moche était très hiérarchisée. Au sommet siégeait un seigneur, considéré comme un demi-dieu. Venaient ensuite les prêtres, les guerriers, les administrateurs. Puis les artisans, les commerçants, les bâtisseurs, les pêcheurs et les paysans. Les pyramides abritaient les salles de prière et les autels sacrificiels, les espaces de vie du seigneur et des prêtres, les salles de réception et de conseil. Plus on occupait un rang important, plus on habitait près de la pyramide. Pour apaiser les dieux constamment affamés de chair et de sang, il convenait de les nourrir. Les victimes avaient soit la gorge tranchée, soit le crâne défoncé à coups de masse. Les nobles s’offraient parfois en sacrifice en se tranchant les jugulaires, des filles vierges se jetaient aussi du haut des falaises. Pour les aider à franchir le pas, elles absorbaient un philtre obtenu à partir d’un cactus des Andes riche en mescaline, qui les plongeait dans une ivresse hallucinatoire. Etre sacrifié était un honneur. L’ingratitude du littoral nord péruvien semble avoir stimulé la créativité des Moche. Ils avaient mis au point un système de culture hydraulique élaboré, leur permettant de cultiver deux fois plus de terre qu’aujourd’hui dans ces mêmes régions. Outre le maïs, ils connaissaient la pomme de terre, les quinoas riches en protéines, quantité d’autres plantes nutritives, les lamas pour la viande, et leur alimentation était bien plus riche que celle des Mayas, à la même époque. Les Moche croyaient à la vie après la mort. Ils étaient enterrés avec toutes leurs possessions. Pour leur dernier voyage, les personnages importants étaient accompagnés de leurs épouses, de leurs concubines, de leurs serviteurs et de leurs gardes, sacrifiées contre leur volonté ou non. La présence de trésors à quelques mètres sous terre fait que le paysage, vu d’avion, ressemble parfois à une zone crevassée par les bombes. Chaque excavation correspond à une tombe profanée, de nuit, par les huaqueros, les pilleurs de sépultures. C’est l’un de ces voleurs qui a découvert le plus important complexe funéraire de la culture Mochica, non loin du village de Sipán, en 1987. Un de ses comparses se souvient de la terreur sacrée qu’ils éprouvèrent tous cette nuit-là, quand ils commencèrent à remonter des masques et des bijoux en or. Ces objets somptueux furent retrouvés par la police dans la maison du chef des huaqueros et, depuis, l’archéologue Walter Alva fouille cette nécropole, considérée comme la plus grande découverte depuis celle du Machu Picchu. Une des tombes les plus riches est celle d’un personnage qui régna probablement aux alentours du IIIe siècle, à qui les chercheurs ont donné le nom de Seigneur de Sipán. Douze autres tombes appartenant à de hauts dignitaires ont été exhumées, contenant des parures, des céramiques, des masques, des poteries à effigie d’une expressivité extraordinaire. Certaines nuits, les archéologues ont dû repousser les attaques des pillards pour sauvegarder ces trésors. Ils se trouvent aujourd’hui exposés dans le Musée des Tombes royales de Sipán ».

Voici ce documentaire étonnant!

C’est l’archéologue belge Peter Eeckhout qui y dévoile les plus grands chantiers de ces dernières années et leurs extraordinaires découvertes.