Ceux qui me côtoient sur Internet ou dans la vraie vie savent que j’ai décidé de prendre ma retraite à la fin de cette année scolaire ; dans un mois dans les faits, au 31 août administrativement parlant.
J’ai pris cette décision à la sortie d’une délibération de juin 2014, estimant que décidément on jouait un trop avec nos pieds et que les réformes à venir ne correspondaient plus à l’idée que je me faisais de ma mission d’enseignante.
Je suis rentrée à la maison et j’ai illico commencé les démarches en ce sens.
J’ai pris contact avec un fonctionnaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles au fameux bureau d’Angleur et celui-ci m’a très aimablement expliqué la marche à suivre. Le premier document que j’ai envoyé au SdPSP à Bruxelles (service des pensions du secteur public) est daté du 25 juin 2014. Accusé de réception et dossier à remplir reçus le 8 juillet. Le 24 juillet, la Ville de Liège, mon pouvoir organisateur, m’envoie le récapitulatif de ma carrière, me fait savoir que celui-ci a été envoyé à Bruxelles. Nouvel échange de courrier le 17 septembre (j’envoie ma lettre de démission à l’échevin de l’instruction publique) puis le 19 septembre où le bureau d’Angleur me signale que tout est encodé. La lettre se termine par « L’administration des pensions, chargée de l’instruction et du calcul de la pension, prendra contact avec vous prochainement pour le suivi de votre dossier ».
Parfait!
Parfait? Sauf que depuis cette date, plus rien! Les mois passent, je suis un peu étonnée de la tournure des événements mais ma voisine, enseignante elle aussi partie à la retraite en juin 2014, me rassure. Elle a vécu la même situation… Le temps s’écoule et nous voici à la mi-mai, époque à laquelle l’école organise administrativement sa fin d’année : examens, délibérations, remise des bulletins et diplômes, fête des pensionnés. La sous-directrice, une amie, vient aux nouvelles (Feras-tu bien partie de la « charrette » ? parce que nous, on n’a rien te concernant…) et me conseille tout de même de m’assurer de la bonne suite de mes démarches.
Pour moi qui en étais au décompte de mes jours restants, c’est un peu comme si le sol se dérobait sous mes pieds ! Rempiler? Non, pitié… Je veux créer de l’emploi pour mes jeunes collègues !!!
Je reprends donc contact par mail avec mon aimable fonctionnaire d’Angleur, qui très gentiment me répond qu’il n’est pas à son bureau, qu’il ne peut donc pas me répondre précisément mais que, des 9 dossiers envoyés en septembre, un seul lui est revenu de Bruxelles… Il me recontactera dès qu’il aura vérifié. Angoisse.
Je téléphone ensuite à l’échevinat de l’instruction publique de la Ville de Liège, à la personne qui m’avait dit s’occuper de mon dossier et être à mon entière disposition pour toutes informations complémentaires. Sauf que, depuis, mon dossier est passé chez quelqu’un d’autre qui ne sera là que le mardi 26 mai. Douche froide !
Enfin, ce vendredi 22 mai, un nouveau mail de mon gentil fonctionnaire d’Angleur qui a tenu parole et qui me rassure à peu près totalement. Le seul dossier revenu de Bruxelles avec l’accord de la mise à la retraite, c’est le mien ! Il m’envoie une copie de la lettre d’accompagnement datée du 10 avril 2015. Mais la procédure n’est pas terminée pour autant, « le dossier peut suivre son cours »…
J’y lis que la décision a été prise après examen du flux « Capelo ». Très bien, mais ce fameux flux électronique a été encodé début septembre. Quel gain de temps que l’informatique ! 8 mois pour vérifier, presqu’une grossesse… D’autant que ma carrière est d’un simplicité déconcertante. Plus linéaire que ça, impossible : J’aurai 61 ans et demi au 31 août, j’ai 41 ans de bons et loyaux services, je suis entrée dans l’enseignement communal liégeois le 18 octobre 1974 et je le quitterai le 31 août 2015, sans aucune interruption de carrière, toujours le même employeur et 39 ans dans la même école ! Quel dossier compliqué à gérer, dites-moi…
Voilà où j’en suis donc ! J’ose espérer que mon interlocuteur de mardi à la Ville de Liège confirmera la bonne nouvelle. Mais le SdPSP ne m’a toujours pas contactée, le « prochainement » de leur dernier courrier date de plus de 9 mois. Quant au montant de ma retraite qu’on allait « rapidement » me calculer et me communiquer, toujours rien non plus.
Je frémis en pensant aux pauvres futurs retraités qui ont enchaîné des postes et des missions dans différents organismes publics et privés, quelle galère ils doivent vivre !
Je l’avoue, je fais mon mea culpa! J’avais catalogué George Tudorache, notre concertmeister de l’OPRL, comme un bad boy.
Plusieurs fois, j’avais déploré son attitude « un peu » relâchée lorsque l’orchestre devait illustrer les propos d’intervenants. Lors de présentations de saison ou de fêtes de la musique notamment, il avait adopté pendant les commentaires une attitude corporelle à mon avis inadéquate, avachi sur sa chaise, les jambes allongées, la mine boudeuse, apparemment en rien concerné par ce qui se passait autour de lui. Suffisant. Pour moi, franchement antipathique !
Quelle ne fut pas ma surprise de le voir apparaître parmi les demi-finalistes du Concours Musical International Reine Elisabeth de Belgique, un des plus prestigieux concours classiques. Le must pour nous, Belges, un moment musical suspendu, miraculeux réunissant dans un même élan toutes les communautés linguistiques, les aficionados de la musique classique et les autres ! Un curieux phénomène fédérateur à l’ancienne qui revient comme une bénédiction, une trêve tous les mois de mai.
Hier sur les réseaux sociaux, ses partenaires de l’OPRL le saluaient, l’encourageaient, lui envoyaient tous leurs bons voeux.
j’ai donc décidé de m’intéresser honnêtement à son cas. Être concertmeister d’un phalange réputée à 28 ans, ce n’est pas banal. Remettre son autorité musicale en jeu en participant à un concours vénéré en Belgique, faut en avoir comme on dit!
Hier soir donc, j’ai regardé et écouté. Il est arrivé sans artifice (certaines jeunes femmes peuvent en jouer avec des robes élégantes), chemise blanche, mine apparemment décontractée mais volontaire, prêt à en découdre comme un baroudeur. Et il a mis le feu en présentant un programme non pas de concours mais de concert. Avec toutes les audaces d’un musicien qui se présente face au public et qui a envie de communiquer avec lui, plus que d’impressionner un jury avec de la pure virtuosité.
J’ai été bluffée. Et je ne suis pas la seule car aujourd’hui encore, le lendemain donc, le présentateur de Musiq3 et Lorenzo Gatto (deuxième prix en 2009) en débattent encore ! Sera-ce payant? Nous le saurons samedi soir mais en tout cas, il aura frappé les esprits. Bravo à lui! Respect.
Rendez-vous le samedi 16 mai pour son interprétation du concerto de Mozart et pour la proclamation des 12 lauréats allant en finale… Croisons les doigts!
Pourquoi, chez nous, le 1er mai est-il la fête des travailleurs ? Étonnamment, cette coutume nous vient des États-Unis.
Le 1er mai 1886, aux États-Unis, 200.000 travailleurs obtiennent la journée de huit heures grâce à une forte pression des syndicats. Mais un affrontement avec la police cause la mort de plusieurs personnes. En souvenir de cette victoire amère, les syndicats européens instituent quelques années plus tard une « journée internationale des travailleurs » ou « Fête des travailleurs » destinée à se renouveler tous les 1er mai. Cette journée est aujourd’hui appelée « Fête du Travail » bien que l’expression prête à confusion (on ne fête pas le travail à proprement parler mais on honore les travailleurs)
Une revendication nationale!
Au IVe congrès de l’American Federation of Labor, en 1884, les principaux syndicats ouvriers des États-Unis s’étaient donné deux ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à huit heures. Ils avaient choisi de débuter leur action un 1er mai parce que beaucoup d’entreprises américaines entamaient ce jour-là leur année comptable.
Arrive le 1er mai 1886. Un grand nombre de travailleurs obtiennent immédiatement satisfaction. Mais d’autres, moins chanceux, au nombre d’environ 340.000, doivent faire grève pour forcer leur employeur à céder.
Le 3 mai, une manifestation fait trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester, à Chicago. Une marche de protestation a lieu le lendemain et dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse à Haymarket Square, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers. C’est alors qu’une bombe explose devant les forces de l’ordre. Elle fait une quinzaine de morts dans les rangs de la police.
Trois syndicalistes anarchistes sont jugés et condamnés à la prison à perpétuité. Cinq autres sont pendus le 11 novembre 1886 malgré des preuves incertaines (ils seront réhabilités plusieurs années après).
Autre chose étonnante : le 1er mai devient la « Fête du Travail et de la concorde sociale » et jour chômé en France sous l’occupation allemande et le régime du Maréchal Pétain en 1941 !
Voilà pour l’aspect social et politique. Mais pourquoi maintenant le muguet?
Il y a quelques années, j’avais posté le fruit de mes recherches à propos de cette coutume du muguet. Je vous repropose le texte inspiré d’un excellent article de Marc Fourny sur LePoint.fr.
Le mois de mai a toujours été un moment charnière, célébré par différentes civilisations. Pour les Celtes, il s’agit de la fête de Beltaine, le passage de la saison sombre à la saison claire, de l’hiver au printemps en quelque sorte, qui signifie la reprise des activités, le retour dans les champs et le début des expéditions guerrières. De grands bûchers sont allumés pendant que les druides récitent des incantations. Chez les Romains, la période est encore plus festive avec le déroulement des Jeux floraux fêtant l’efflorescence de la nature dans toute son exubérence. Pendant plusieurs jours d’affilée, orgies et danses obscènes rythment la vie des Romains en l’honneur de la déesse Flore, dont la statue est représentée chargée de fleurs. Désormais, l’arrivée du mois de mai gardera cet aspect exceptionnel et festif. Au Moyen Âge, c’est celui des accordailles ou des fiançailles entre jeunes gens : on dépose les premières fleurs de la saison devant la porte de la promise, en fonction de ses qualités. À Toulouse, un grand concours de poésie célébrant la langue d’oc : dès le XIVe siècle, troubadours et ménestrels rivalisent de rimes pour décrocher les premiers prix, des fleurs d’argent telles la violette, l’églantine, le souci ou encore l’oeillet.
Églantine rouge contre muguet blanc
Le muguet pointe le bout de ses cloches à la Renaissance, lorsque le tout jeune roi Charles IX le popularise à la cour de France. La légende veut que le chevalier Louis de Girard ait offert au monarque un bouquet de cette fleur embaumante et encore assez méconnue, de retour d’une mission. Charles IX apprécie tellement la fleur qu’il décide d’en offrir à toutes les dames de la cour la veille de son sacre, le 1er mai 1561, comme gage de bonheur. Le geste s’oublia quelque peu : il faut dire que le massacre de la Saint-Barthélemy ne fut pas la marque d’un règne fort heureux et que le muguet reste une plante potentiellement toxique…
La fin du XIXème siècle, en pleine révolution industrielle, les clochettes n’ont pas encore investi les rues. La fleur d’églantine règne en maître lors du 1er mai : sa couleur rouge reste le signe de reconnaissance des ouvriers qui défilent sur le pavé pour réclamer l’abaissement de la journée de travail à huit heures. Pas question pour les socialistes de choisir le muguet blanc, surtout connu des Parisiens et associé depuis trop longtemps au culte de la Vierge Marie fêtée au mois de mai – les clochettes symbolisant les larmes de la mère du Christ. Les fleurs d’églantine, cultivées au nord de la France, là où se déroulent les premiers rassemblements massifs d’ouvriers, deviennent naturellement le signe de reconnaissance des manifestants, et les policiers commencent à surveiller de près ces contestataires à la « boutonnière fleurie » en tête des cortèges.
Le muguet symbole de la réconciliation nationale
Mais le marketing va finir par gagner la partie. Dès 1900, les couturiers distribuent des brins de muguet à toutes leurs clientes à l’occasion du 1er mai. La fleur devient le symbole du printemps, de l’amour et des beaux jours…Elle orne peu à peu corsages et chapeaux des employés, la presse s’en mêle avec des articles pittoresques, les cartes postales se multiplient comme autant de porte-bonheur. Au même moment, la parfumerie parvient à recréer de manière artificielle sa fragrance si particulière dont les femmes raffolent. En 1910, les deux fleurs sont au coude à coude : on compare les « églantinards des boulevards », ferments de la Révolution, aux amoureux tranquilles avec leur brin de muguet. Et lorsque les jeunes filles des halles apportent leurs bouquets de clochettes au président de la République, la messe est dite : la France entière adopte rapidement les couleurs vertes et blanches d’une fleur délicate. L’églantine ne peut plus lutter contre la production quasi industrielle, notamment autour de Nantes, du nouveau symbole du 1er mai. En 1936, un compromis est trouvé : les manifestants mettront un petit ruban rouge autour de leur brin un peu trop blanc. Cette fois, le muguet a conquis toute la France, des catholiques aux socialistes.
Vous ayant livré toutes ces informations un peu étonnantes et, je l’espère intéressantes, je vous souhaite à toutes et à tous, chers amis lecteurs, tout le bonheur du monde pour les 365 jours qui arrivent! Musique, j’adore cette chanson!