Au fil des mots (138): « défi »

  • J’ai été torturé par la Gestapo, me dit-il.
  • J’ai été blessé trois fois, lui dis-je.

Au fil des mots, la reprise !

Juif lituanien russophone, émigré en Pologne dont il apprend la langue pendant sa scolarité ; tout en étant éduqué à la maison en français par sa mère qui lui prédit de toutes ses forces, lui petit indigent, un avenir glorieux dans la patrie de Victor Hugo, son dieu. Le voilà effectivement Compagnon de la Libération du Général de Gaulle puis membre du corps diplomatique jusqu’au grade d’ambassadeur de France. Et une incroyable épopée littéraire jusqu’à mystifier le plus célèbre jury littéraire, deux fois le Goncourt! C’est lui, Roman Kacew.

À la grecque!

Trônant au sommet de l’Acropole à Athènes, le Parthénon. Symbole de la Grèce antique, modèle architectural de l’Occident, ce temple dorique a été construit au Vème siècle avant J-C. Alors que le danger perse était éliminé, des travaux sont entrepris à l’initiative de Périclès et de son ami Phidias, célèbre sculpteur pour la réalisation d’une immense statue en hommage à la déesse Athena. Il lui fallait une enveloppe : ce fut le Parthénon. Cnstruit en seulement quinze années, cet édifice tout en marbre était remarquable pour ses incroyables corrections optiques mais également pour ses décors polychromes qui mettaient en valeur les décors des frises. Devenu église puis mosquée au fil de l’histoire, sa destruction partielle date de la fin du XVIIème siècle et provient d’un boulet vénitien lancé sur la poudrière installée à l’intérieur par les Ottomans. De nos jours, miné par la pollution et le tourisme de masse, il jouit d’une énorme campagne de restauration en cours.

Ainsi donc jusqu’à nos jours et malgré les vicissitudes des guerres, incendies, séismes et vandalisme, le Parthénon reste un modèle architectural universel. Faire le catalogue des monuments s’en inspirant depuis la Renaissance jusqu’à nos jours, c’est parcourir tous les continents !

Mais deux réalisations m’ont personnellement étonnée. Du genre totalement improbable, vous allez voir ! Par laquelle commencer? Par la plus fidèle ?

Alors partons donc pour Nashville, Tennessee. Le temple de la musique country. Plus américain, impossible! Et pourtant…

Dès la fin du 19ème siècle, Nashville est connue comme l' »Athènes du Sud » (elle abrite aujourd’hui 3 universités réputées). Pour une exposition célébrant le centenaire du Tennessee, on y construit en 1897 une parfaite réplique du Parthénon en briques, en plâtre et en lattes de bois. Devenu très populaire, le pavillon n’est pas détruit après l’exposition internationale. Souffrant cependant de dégradations rapides, il est démoli et reconstruit. Cette copie conforme de celui d’Athènes à l’intérieur comme à l’extérieur ouvre ses portes en 1931 et est désormais inscrite comme monument national au Registre national des lieux historiques. En 1990, le plan intérieur va inclure l’énorme statue d’Athéna de Phidias, réalisée par le sculpteur américain Alan LeQuire avec un mélange de plâtre et de fibre de verre (recouvert de feuilles d’or), sur une armature d’acier et d’aluminium. Cette Athena Parthenos est la plus grande sculpture d’intérieur occidentale.

Revenons en Europe. Toujours à la fin du 19ème siècle. Je vous présente maintenant le Walhalla… Le Walhalla ? Mais oui, il existe !

Le Walhalla, c’est effectivement son nom, est un temple allemand néo-dorique en marbre achevé en 1842. Situé en Bavière, au bord du Danube, à Ratisbonne (Regensburg en allemand), c’est un mémorial consacré à des hommes et des femmes qui illustrèrent la civilisation allemande. Il s’enrichit toujours aujourd’hui de nombreux bustes, s’inscrivant ainsi dans la mythologie nordique comme étant le séjour des héros.

Alors, étonnant, non ? (cliquez sur les photos pour les agrandir…)

Essuyer les plâtres…

Où il est question de maisons saintes ou coquines, grand écart assuré !

C’est une de ces images iconiques du centre de Paris. Du boulevard Haussmann par la rue Laffitte, le Sacré-Coeur et Notre-Dame de Lorette en une seule perspective.

Attachons-nous tout d’abord aux choses religieuses et à cette Notre-Dame de Lorette. Une première chapelle est édifiée en 1646 dans un quartier hors murs et donc hors paiement de l’octroi qui se couvre alors de guinguettes mais aucun vrai lieu de culte dans le coin.

Donc dès 1821, première pierre d’une église digne de ce nom au pied de la rue des Martyrs et de la Butte Montmartre ; elle sera achevée en 1836 sous Louis-Philippe.

Notre-Dame de Lorette… Mais qui est donc cette Lorette?

Non, ce n’est pas un prénom mais le nom francisé de la commune italienne de Loreto dans les Marches. Les anges y auraient translaté la maison de Marie depuis Nazareth lors de la prise de la Palestine par les Infidèles en 1291 !

Cette « Santa Casa » devient lieu de pèlerinage du culte marial, symbole du côté humain et familial de Jésus. Napoléon, quant à lui, se contentera de la première étymologie du nom Loreto, un lieu planté de lauriers…

L’église Notre-Dame de Lorette parisienne est à la limite d’un lotissement créé à partir de 1819 où choisissent de vivre un grand nombre d’écrivains, d’acteurs, de musiciens et de peintres qui forment l’élite du courant romantique parisien. On y construit énormément d’hôtels particuliers à l’architecture pseudo-antique à la mode de cette époque. D’où son nom de « Nouvelle-Athènes » attribué par son style de bâtiments mais également par le foyer intellectuel qui s’y développe.

Au fil des constructions, le quartier abrite aussi des « lorettes ». Surnom (venant bien évidemment de l’église du quartier) qu’on donne à des jeunes filles entretenues dans des conditions frisant la prostitution mais pas que, comme le dit cette chanson : « Je suis coquette. Je suis lorette, reine du jour, reine sans feu ni lieu ! Eh bien ! J’espère quitter la Terre en mon hôtel… » « Mon hôtel » ?

Comme nous l’avons vu, entre Notre-Dame-de-Lorette, la gare Saint-Lazare et la butte Montmartre se construisent de tout nouveaux hôtels dont il faut « essuyer les plâtres » au sens propre : les faire sécher, éliminer l’humidité des murs nouvellement érigés, gérer les éventuels vices cachés. En échange de bas loyers, les propriétaires y logent alors ces fameuses lorettes en exigeant d’elles que les appartements soient chauffés afin de devenir salubres. Elles y habitent donc pendant plusieurs mois ou plusieurs années dans le luxe et une apparente richesse.

Le Grand Dictionnaire du XIXème siècle indique, en 1873 que « la lorette a succédé aux impures et aux filles d’opéra ; on l’appela ensuite camélia, femme du demi-monde, biche, cocotte. Sous toutes ces dénominations, c’est toujours la femme entretenue ».

La plus célèbre des lorettes est sans conteste la Païva qui, venue de Russie, s’installe dans ce quartier de demi-mondaines. Plus tard et après bien des aventures, elle épouse un riche

marquis portugais qui lui offre un hôtel place Saint-Georges (ci-dessus). Le lendemain du mariage, elle rompt toute relation avec lui puis devient la maîtresse d’un riche Prussien qui lui fera construire le fameux hôtel de la Païva au bas des Champs-Élysées !

Voilà donc un quartier du 9ème arrondissement bon chic bon genre, un peu austère aujourd’hui, mais qui cache à son origine bien d’autres histoires coquines !