Astérix and Co – 1

I. Irréductible Gaulois ?

Fasciné par Jules César, l’Empereur des Français Napoléon III (1808-1873) entreprit d’en écrire la biographie. Très vite, la période de la Guerre des Gaules devint le vrai sujet du 2ème tome paru en 1866. Sur le terrain, Napoléon III agit en novateur, finançant personnellement la recherche des traces archéologiques avec l’aide des meilleurs spécialistes. S’en suivirent bien des découvertes. Du coup, l’intérêt pour la Gaule se propagea : les Gaulois devinrent un thème culturel à la mode et Vercingétorix, un héros romantique. Lors de la guerre de 1870, tout se teinta de patriotisme exacerbé : les Romains = les Prussiens, César = Bismarck, Vercingétorix = Gambetta, le battu plein de panache et revanchard.

Naît ainsi l’irréductible Gaulois : le Français en général, mais surtout l’Alsacien, le Lorrain et les Poilus de la 1ère Guerre mondiale dont les cigarettes s’appelleront « les Gauloises ». À l’école de la Troisième République, c’est le fameux et parfois incongru « Nos ancêtres les Gaulois« !

1959, apparition d’Astérix, le petit guerrier moustachu qui va remettre le mythe au goût du jour. Avec humour, les auteurs présentent des Gaulois farouches qui ne se rendent pas et qui finissent par gagner. L’Armorique est leur base de résistance.

Qu’en fut-il vraiment ? Certes, il y eut de sanglantes révoltes et des déportations, mais le temps d’une génération aura suffi pour que la plupart des élites gauloises deviennent gallo-romaines, richesse économique oblige. Voyons voir !

Bretagne d’aujourd’hui : Corseul-la-Romaine. Lieu déjà mentionné par César, l’oppidum de la tribu des Coriosolites fut sous Auguste transformé pour des raisons économiques en « Fanum Martis », une ville gallo-romaine de plus de 6000 habitants au carrefour des routes vers Rennes (Condate) Tours (Caesarodunum), Le Mans (Vindinum) et les cités portuaires.

De nombreux vestiges et un archéoforum. Puisque « Fanum Martis », il y a un Temple de Mars ; le bâtiment le plus grand et le plus haut de la Bretagne romaine construit selon un plan de Vitruve de 5000m² pouvant contenir 2000 personnes lors des cérémonies religieuses. Le Champ Mulon avec sa villa romaine, sa domus et son centre thermal ; le jardin des Antiques, son quartier commercial et ses insulae le long de la via romana (la départementale d’aujourd’hui) donnant sur un forum aujourd’hui recouvert ; la stèle de la Carthaginoise Silicia Namgidde venue rejoindre son fils marchand et morte à l’âge de 65 ans ; une nécropole…

Cette importante cité gallo-romaine se développa donc comme toutes les autres villes alentour de la province La Lyonnaise comme l’indique la carte ci-dessus. Donc pas d’irréductibles gaulois ici!

(Lors des invasions germaniques, elle se dépeupla, devint le lieu-dit Coriosolis en souvenir de la tribu gauloise puis Corsolt avec un château médiéval d’où le « Corseul » d’aujourd’hui faisant partie de la communauté de Dinan.)

On remarque sur une carte actuelle qu’elle est proche du cap Fréhel et du cap d’Erquy, c’est là que nous attendra Astérix!