Vous connaissez? Mais si ! Tout visiteur de la capitale française a, au moins une fois dans sa vie, soulagé ses petons endoloris dans cet endroit champêtre. Un lieu pourtant chargé d’une histoire tumultueuse dans les siècles passés!
On le doit à Richelieu, le cardinal. Devenu ministre, celui-ci veut un pied-à-terre près de son lieu de travail, le palais du Louvre. Il acquiert un hôtel particulier qu’il transforme en palais avec un très vaste jardin limité par les rues de Richelieu, des Petits-Champs, des Bons-Enfants et Saint-Honoré. Il y meurt en 1642 après l’avoir légué par anticipation à Louis XIII. C’est le palais Cardinal.
Plus tard, Anne d’Autriche s’y installe avec ses deux fils, Philippe d’Orléans et Louis XIV. Il prend alors le nom de Palais-Royal.
Richelieu, amateur de théâtre, y avait fait construire une salle de spectacle privée. Louis XIV l’ouvre au public et y installe la troupe de Molière. On y donne également les opéras de Lully. Ayant brûlé en 1781, cette salle fut remplacée par un nouveau théâtre qui deviendra le Théâtre-Français (siège de la Comédie-Française).
Dès 1701, le palais devient la possession des ducs d’Orléans qui commencent un certain nombre de travaux, dont l’installation de boutiques, des maisons de jeu et de joie, une galerie de tableaux, un jardin planté d’arbres, une pièce d’eau.
Le Régent Philippe II d’Orléans, ayant déserté Versailles, en fait le centre de la vie politique et artistique de 1715 à 1723 et y organise des soupers libertins.
Je vous conseille ce livre de Michèle Barrière, dans lequel elle fait revivre cette époque. La haine du peuple pour le Régent, la Quatripartite pour éviter les guerres, les rumeurs, les espions qui sont partout, la crainte des empoisonnements, le Théâtre des Italiens et Marivaux, la guerre entre le Champagne et les vins de Bourgogne, la gastronomie dans ces soupers libertins, la pâtisserie et la parfumerie avec des mélanges qui nous semblent étonnants, c’est savoureux!
En 1789, les Révolutionnaires s’y donnent aussi rendez-vous dès les premières heures.
C’est à la Restauration que Louis-Philippe donne au Palais-Royal sa physionomie actuelle.
Il faut y ajouter une dernière modification à la fin des années 80 avec l’installation des colonnes de Daniel Buren.
Les bâtiments, définitivement propriété de l’État en 1848, connaissent bien des utilisations: commerces, théâtres, musée, Bourse, Tribunal de Commerce, Comptoir d’escompte, état-major des gardes nationale et mobile…
Aujourd’hui, ils abritent notamment le Ministère de la Culture, le Conseil Constitutionnel et le Conseil d’État ; la Comédie-Française et le petit Théâtre du Palais-Royal. Lors de la réfection de la salle Richelieu de la Comédie-Française en 2011-2012, on construit le long des colonnes de Buren un théâtre éphémère.
Samedi dernier, dans ce jardin du Palais-Royal, nous avons fait un petit arrêt pique-nique bienvenu, dans notre long périple pédestre vers la Sainte-Chapelle.
Aujourd’hui oasis de calme au centre de Paris mais au passé extrêmement riche et foisonnant dans les siècles précédents, n’hésitez pas à lire son histoire complète, c’est passionnant! Le passage au XXème siècle y laissera les souvenirs de la grande Colette et du restaurant gastronomique Le Grand Véfour.
La place Colette (1966 – André Malraux) devant la Comédie-Française qui sert souvent de parvis à des concerts improvisés et dont la bouche de métro de Jean-Michel Othoniel, est une des plus originales de Paris…
L’histoire passionnante de ce restaurant gastronomique, qui se confond avec celle du lieu! (Vous pourrez également y consulter la carte alléchante et réserver… si les additions à 3 chiffres ne provoquent pas de reflux gastrique à votre portefeuille!)
http://www.grand-vefour.com/legrandvefour/lhistoire.html
« Quand je suis fatigué de lire mes dossiers et d’aligner les signatures sur les parapheurs, je sors sur la terrasse et je regarde les fenêtres de l’appartement de Colette à l’autre extrémité du Palais-Royal. je l’imagine quand elle remontait lentement les allées pendant la guerre, grosse et percluse d’arthrite, au bras de son mari Maurice Goudeket, dont elle assumait bravement l’étoile jaune et qu’elle avait réussi à sortir de Compiègne, l’antichambre de la mort… »
Frédéric MITTERRAND, La récréation, Le Livre de Poche, p.309 (Ministre de la Culture 2009-2012)
Je vous propose ce joli film dans lequel Colette, Raymond Oliver (celui qui fit renaître le Grand Véfour), Mireille, Cocteau et beaucoup d’autres repeuplent ce lieu mythique. (Les images ont été tournées alors que le théâtre éphémère coupait la perspective).
Très attendu, ce premier billet après ton retour dans la ville lumière… mais cela valait la peine d’être patient ! J’apprécie beaucoup ce jardin et je l’ai visité à toutes les saisons. Le printemps y est spécialement magique.
Vivement celui sur la Sainte Chapelle.
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Et que dire de nos très nombreuses visites à la Comédie Française. Via cette entrée de métro assez psychédélique…
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Notre périple fut traditionnel. Mais je vais faire un petit texte. La redécouverte de la Sainte-Chapelle, c’est tout de même quelque chose… Et je mettrai un album de photos, certains me le demandent. Rien de spectaculaire, juste des vues prises avec un petit appareil, mais quand on aime Paris, tout est bon à voir pour frissonner d’aise!
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